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MÉCANISME ET CADRAN DE L'HORLOGE DE L'ÉGLISE D'ORGELET

39 - Orgelet

place de l' Eglise

  • Dossier IM39002442 réalisé en 2019
  • Auteur(s) : Laurent Poupard, Tiphaine Guillou
Face antérieure : détail de l'inscription. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


D'après l'inscription gravée sur son bâti, le mécanisme d'horloge a été fabriqué en 1685 à Morbier par les frères Mayet : Jean-Claude, Pierre, Claude et Petit Pierre. Il remplace une horloge réalisée par Claude Rémond dit la Lime, de Cousance, suivant un marché d'un montant de 400 F passé le 9 novembre 1655 et totalement honoré en 1658 ou 1659 (la peinture du cadran extérieur faisant l'objet du marché du 7 juillet 1659). Cette horloge ayant été volée par les Français en 1674, une quête est organisée fin 1683 pour réunir l'argent nécessaire à son remplacement. Le marché est passé le 10 avril 1684, moyennant 633 livres, entre Jean-Claude Mayet d'une part, la commune représentée par Donneux (maire), Joseph Tardy et Denys Chapuis d'autre part. Le 22 ou 23 juillet 1685, les Mayet livrent le mécanisme, qui est ensuite installé par Claude Duez (d'Orgelet), Pierre Michaud (de Largillay) et Claude Perrin (des Bouchoux). Ces derniers semblent aussi remettre en place la cloche naguère fournie par Rémond. L'heure est indiquée sur un cadran en bois (celui de 1655 ?) à l'aide d'une aiguille unique.
Le 29 brumaire an 2 (19 novembre 1793), François Gay (de Gigny) est missionné pour descendre deux des cloches destinées à être fondues et transformées en canons. Il doit aussi remplacer la girouette "qui est au dessus de la tourelle" par "un bonnet de la Liberté ou une girouette aux trois couleurs", et faire disparaître la fleur de lys fixée sur l'aiguille des heures (cette dernière est actuellement ornée d'un soleil, d'un nuage et d'une lune à profil humain).
Le bâti porte également les initiales I.H.I. et la date 1809, correspondant au remplacement de l'échappement à roue de rencontre par celui en place : un échappement à chevilles.
Désaffecté en 1983 (1981 ?), le mouvement a été remplacé par un mécanisme électrique de la société Bodet (de Trémentines, Maine-et-Loire), fondée en 1868. Présenté de 1983 à 1996 au musée du Temps (à Besançon), il a ensuite été ramené à Orgelet pour être exposé dans la mairie puis, depuis 2014, à l'entrée de l'église.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 17e siècle
Secondaire :
  • 1er quart 19e siècle
Date(s)
1685 : porte la date
1809 : porte la date
Auteur(s) & personnalité(s)

Date de naissance : 1646 - date de décès : 1718

Horloger à Morbier. Fils de Claude à la Jeanne Mayet (1619-?), forgeron et horloger à Morbier, et frère d'horlogers : Claude, Pierre et Petit Pierre. Père de l'horloger Pierre Claude Mayet (à Morbier).

Date de naissance : 1652 - date de décès : avant 1718 (?)

Horloger à Morbier puis à Fort-du-Plasne après 1685. Fils de Claude à la Jeanne Mayet (1619-?), forgeron et horloger à Morbier, et frère d'horlogers : Jean Claude, Claude et Petit Pierre. Père de l'horloger Pierre Alexis Mayet (à Morbier puis à Bellefontaine après 1734) et beau-père de l'horloger Jean-Baptiste Cattin.

Date de naissance : 1648 - date de décès : 1720

Horloger à Morbier. Fils de Claude à la Jeanne Mayet (1619-?), forgeron et horloger à Morbier, et frère d'horlogers : Jean Claude, Pierre et Petit Pierre. Père de l'horloger Pierre François Mayet (à Morbier).

Date de naissance : 1657 - date de décès : 1737

Horloger à Morbier puis à Bellefontaine après 1689. Fils de Claude à la Jeanne Mayet (1619-?), forgeron et horloger à Morbier, et frère d'horlogers : Jean Claude, Claude et Pierre. Père de l'horloger Jean Baptiste Mayet (à Bellefontaine puis à Foncine après 1715).

Description


Le mécanisme est formé d'une cage en fer forgé, dont les montants sont assemblés par des clavettes. Cette cage accueille quatre corps de rouages, chacun actionné par un poids en fonte (disparu) dont la corde, longue d'au moins 25 m (la hauteur de chute des poids), s'enroulait sur un tambour en bois de résineux, partiellement creusé d'une spire servant à faciliter son guidage. Le corps avant droit (l'avant étant défini comme la face portant les inscriptions) sert au partage du temps à l'aide d'un échappement à chevilles, dont la roue est en laiton. Les trois autres corps commandent les sonneries, déterminées par un système de cames. Chacune des trois cames ou roues de compte est constituée par une roue en fer forgée dont la circonférence est munie d'encoches ; l'espacement entre ces encoches détermine le nombre de coups qui seront frappés. Les deux corps de gauche sont dédiés à la sonnerie des heures (indiquées sur chaque roue de compte par 12 plaques en laiton) et à sa répétition sur une cloche différente. Le dernier corps (arrière droit) sert à celle des quarts d'heure (4 plaques en laiton). L'heure est indiquée par une aiguille unique sur le cadran placé à mi-hauteur du clocher, au nord. Ce cadran carré, en bois peint (apparemment formé de sept planches verticales), porte dans un cercle les nombres de I à XII (séparés par des motifs tréflés) ; il est orné d'un motif végétal dans chaque écoinçon.
Catégories :
  • horlogerie
  • ferronnerie
Iconographie :

  • L'aiguille est décorée de trois motifs en tôle : un soleil près de la pointe, une lune à profil humain à l'autre extrémité et un nuage (masquant l'axe) au centre.
  • soleil
  • lune
  • nuage
État de conservation :
  • oeuvre démontée, oeuvre incomplète, oeuvre restaurée

Source(s) documentaire(s)

  • Bailly-Basin, Paul ; Mayet, Pierre. Les Mayet et l'horlogerie, 2003
    Bailly-Basin, Paul ; Mayet, Pierre. Les Mayet et l'horlogerie. Horlogerie ancienne, n° 54, novembre 2003, p. 8-18 : ill.
  • Buffard, François. L'horloge comtoise et ses horlogers, 2019
    Buffard, François. L'horloge comtoise et ses horlogers. - Morez : Association Horlogerie comtoise, 2019. 160 p. : ill. ; 30 cm.
  • Laurent, Louis. L'horloge du clocher [de l'église d'Orgelet] (d'après les registres des délibérations), 2002
    Laurent, Louis. L'horloge du clocher [de l'église d'Orgelet] (d'après les registres des délibérations). - S.d. [2002]. 3 p. manuscrites ; 30 cm.
  • Bonneville François (témoignage oral)
    Bonneville François, membre du conseil municipal. Orgelet

Informations complémentaires


9 novembre 1655 : marché passé avec Rémond
"A été faict rapport par le sieur mayeur qu'à la participation de plusieurs du conseil il avoit été faict marché pour un horrologe et pour la fonte d'une cloche pour iceluy... avec maistre Claude Rémond, dict La Lime, de Cousance, pour prix et somme de 400 francs, à iceluy de fournir la fonte, aux conditions pourtées par les lettres dudict marché faictes et passées par devant notaire."

1er mai 1656 : baptême de la cloche de l'horloge
"L'on a choisy pour parrain de la cloche pour l'horrologe le sieur Michaille, mayeur, et pour marraine mademoyselle la lieutenante." (l'épouse de Claude Jacquard, lieutenant général au bailliage.)

2 octobre 1656
"De mesme sera interpellé Claude Rémond de parachever l'horrologe incontinent avec mesme protestation, au cas qu'il n'y satisfasse sera contraint de sa personne."

5 janvier 1658
"Sera mandé maistre Claude Rémond de Cousance, dict La Lime, pour parachever l'horrologe."

7 juillet 1659 : peinture du cadran
"A esté faict rapport à ce conseil par les sieurs mayeur et échevins... qu'ils ont faict marché pour faire peindre la montre de l'horrologe en la meilleure sorte qu'il se peut pour le prix de 40 francs à un peintre estranger estant venu en ceste ville, ce qui a esté approuvé par le conseil."

Au mécanisme de l'horloge sont donc associés une cloche qui sonne les heures et un cadran avec aiguille qui les marque. La mise en place a été laborieuse mais dès 1659 tout paraît bien au point.
En 1674, les Orgelétains ayant accueilli des partisans comtois, les Français en quittant la ville emportent l'horloge en représailles (le cas n'est pas unique).

27 septembre 1683 : quête pour une nouvelle horloge
"A esté proposé à ce conseil que comme dès longtemps l'on avait parlé de trouver quelques moyens pour faire une horloge entièrement nécessaire à la ville sans que l'on aist résolu aucune chose sur ce faict et comme plusieurs particuliers se sont offert de donner gratuitement quelques sommes il estoit bon de résoudre de faire une queste par la ville par les commis qui seroient choisys... il a esté délibéré que la queste seroit faicte par les sieurs Tardy et Petitjean et pour aller avec eux sera prié monsieur le vicaire de les ayder."

10 avril 1684 : marché avec Mayet
"Au conseil est vu acte reçu par le sieur Perraud, notaire, marché de l'horloge faict par le sieur Donneux, mayeur, les sieurs Joseph Tardy et Denys Chapuis avec Jean Claude Mayet de Mourbié, maistre horloger, pour le prix et somme de 633 livres."

25 juillet 1685 : mise en place
"En ceste assemblée il a esté déclaré que l'horrologe qu'on avoit marchandée l'année passée aux maistres de Morbier estoit arrivée il y avoit deux ou trois jours, pour ce qu'il convenoit non seulement le poser mais aussy regarder si l'on devoit monter dans l'impériale du clocher la cloche sur laquelle battait autrefois et avant les dernières guerres l'horloge que les ennemis avoient pris et enlevé pendant les mesmes guerres et d'ailleurs adviser s'il y avoit quelques risques dans ceste entreprise."
Visite est faite par Claude Duez d'Orgelet, Pierre Michaud de Largillay et Claude Perrin des Bouchoux. Ils feront le travail pour 100 francs comtois.

13 septembre 1685 : difficultés de paiement
Le maître horloger fait "de grandes instances pour avoir payement de la somme de 233 livres qui reste du prix de l'horrologe." Le sieur Rebour, receveur des revenus, a déclaré "qu'il n'y avoit pas de deniers pour y satisfaire et que si l'on en doutoit, il estoit prest de faire voire sa recepte et sa despense par devant commis qu'il plairoit lui bailler à cest effect."
"Il a été délibéré que l'on prendroit dans la fabrique les offrandes qui y sont et que l'on les bailleroit audict maistre horrologier sur et à bon compte de ladicte somme et que pour le payement du surplus l'on luy feroit un mandement sur le fermier de l'encavage et paneterie."

29 brumaire an II (19 novembre 1793) : enlèvement de la fleur de lis
François Gay, de Gigny, a été choisi pour descendre deux cloches à livrer au district pour les besoins de la République.
"L'adjudicataire sera en outre tenu d'enlever l'aiguille de l'horloge et de la replacer convenablement après en avoir fait disparaître la fleur de lys qui marque les heures, d'enlever de même la girouette qui est au dessus de la tourelle et de mettre à la place un bonnet de la Liberté ou une girouette aux trois couleurs au gré des vents en tôle peinte à l'huile."
Aire d’étude et canton : Moirans-en-Montagne
Dénomination : mécanisme d'horloge
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