Télécharger la version PDF

FORGES DE QUINGEY, PUIS USINE DE PETITE MÉTALLURGIE

25 - Quingey

rue des Forges

  • Dossier IA25001663 réalisé en 2016 revu en 2017
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Vue du barrage depuis le pont. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Les "molins" de Quingey sont mentionnés dans un acte de 1477, tiré du registre des chartes de la chambre des comptes de Dole. L’usine métallurgique aurait été autorisée d’après un acte de 1704. En 1744, elle se compose d’un haut fourneau et d’une forge à deux feux, et la fonte est convertie en barres de fer (160 milliers, soit un peu moins de 80 tonnes par an). En 1772, le haut fourneau produit annuellement 250 tonnes de fonte converties en 150 tonnes de fer. A la veille de la Révolution française, l’usine est exploitée par M. Fenouillot de Falbaire et comprend une forge à cinq feux, un haut fourneau, un martinet et une platinerie. A cette époque, un tiers de la production mensuelle de fonte (40 tonnes) est convertie en produits de fonte moulée. L’usine est vendue comme Bien national en 1795 à Jean-Baptiste Nicolas Louvot pour la somme de 166 500 francs. Ce dernier déclare acquérir l’établissement "tant pour lui que pour Edouard Mouret et André et Léonard Caron frères, demeurant à Fraisans". Depuis 1782, la famille de maître de forges Caron exploite l'usine métallurgique de Fraisans (IA00125887).
Les frères Caron sont déclarés seuls propriétaires en 1809. Suite au décès de Léonard Caron, les forges échoient en 1824 à son petit-fils, Henri Léonard Gabriel Lepin. Le régime hydraulique de l’usine est réglementé par les ordonnances royales des 24 mars 1824 et 6 septembre 1826. En 1825, l'usine comprend un cylindre à barreaux et un cylindre à verges, une tréfilerie (18 mouvements ou bobines), un martinet, plusieurs fours pour recuire le fil de fer. Elle occupe 25 à 30 ouvriers et produit annuellement 25 à 30 000 kg "de fils de fer de tous numéros". Reconstruite peu après, la tréfilerie emploie 48 personnes en 1828 et transforme 45 000 quintaux métriques de fonte en 25 tonnes de fil de fer. L’usine est acquise en 1843 par Jean Célestin Regad et son épouse. A cette date, elle ne comprend qu’un "moulin à blé, une ancienne forge, une halle à charbon et le bâtiment de la tirerie". Un nouvel atelier de tréfilerie-clouterie, renfermant 35 bobines et 65 machines à fabriquer les pointes, est bâti en 1845. L’usine est cédée en 1850 par le couple Regad à leur fils Jean Justin. Elle est alors en reconstruction, la matrice cadastrale portant la mention "Usine construite et démolition partielle en 1851". Outre les bâtiments de production, diverses "maisons et magasins" sont construits au nord-est, sur la rive droite de la Loue. L’usine métallurgique est intégrée en 1854 dans la Société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté. A cette date, la production annuelle de l’usine atteint 600 tonnes en fils de fer et clous. L’appareil de production compte une tréfilerie (60 bobines), une pointerie (87 machines à fabriquer des pointes, becquets et chevilles), un atelier d’ajustage, maréchaleries, martinets, fours à recuire et à décaper le fil de fer, appareils à fabriquer du sulfate de fer, deux battoirs, le tout mis en jeu par cinq turbines (135 chevaux) et trois roues hydrauliques (45 chevaux). L’atelier de "tréfilerie-pointerie" est agrandi en 1860, et un bâtiment abritant des magasins et des bureaux est construit en 1863. Un atelier de décapage ("décaperie") est construit en 1873, puis une "blanchisserie" l’année suivante.
Au moment de sa fermeture en 1930, la tréfilerie de la Société anonyme des Forges de Franche-Comté n’embauche plus que 30 personnes. Les locaux sont occupés pendant quelques années par une fabrique de sparterie (nattes et tapis-brosse en fibres végétales). En 1936-1937, la société d'horlogerie Simon, implantée à Morteau depuis 1911 (IA25001728), s’installe sur le site sous la raison sociale Usines Métallurgiques de Quingey. Elle s'oriente vers la fabrication d’ustensiles ménagers (couverts et de plats en inox), mais elle produit aussi des boîtes de montre après le rachat de la société bisontine Sodem (IA25001868). En 1942, la société Vermot-Gaud, implantée à Montlebon (IA25001685), rachète l'usine et l'exploite jusqu'en 1944 ("articles de ménage et de quincaillerie, couverts de table, coutellerie, jeux et jouets, boîtes et étuis en métal, boîtes et cages pour montres et pendules, briquets, pièces de fonderie en coquille et au sable"). L'activité se poursuit après la Seconde Guerre, l’effectif atteignant 200 personnes en 1960. En avril 1966, l’atelier est détruit par un incendie et reconstruit l’année suivante. Il semble que la plupart des bâtiments liés à l'usine métallurgique disparaissent à ce moment. Dénommée SA J. Simon - Usines Métallurgiques de Quingey, la société n’exploite plus de fonderie mais effectue des travaux d’emboutissage, de découpage, de matriçage, de tournage et de polissage des métaux. Dans les années 1970, la fabrication se recentre sur les articles de tables (couverts et plats en acier inoxydable). En 1978, l'outil de production comprend deux rectifieuses de profil, trois fraiseuses, trois tours, une machine électro-érosion, une fraiseuse à reproduire, huit presses à découper et quatre à frapper, deux presses hydrauliques, un balancier à friction, quatre machines transfert automatiques à polir, quatre tonneaux vibrateurs, deux machines à laver les pièces et seize tourets de polissage. L'effectif passe de 160 à 100 personnes au cours de l'année 1978. L’affaire a été reprise vers 1980 par la société Guy Degrenne, laquelle a transféré l’activité en 1989 dans la zone artisanale. Les bâtiments sont aujourd’hui occupés par une société d’emballages.
Période(s)
Secondaire :
  • 3e quart 20e siècle
Date(s)

Description


Les ateliers de fabrication, bâtis au 20e siècle, sont pourvus d'ossatures et de bardages métalliques, et de toits à longs pans en tôle. Le logement ouvrier est construit en moellon de calcaire enduit, à trois étages carrés, couvert d'un toit à croupe en tuile mécanique. Il s'agit peut-être d'un élément de fortification modifié, puisque contre son pignon nord est adossée une tour circulaire en moellon, couverte d'un toit conique en tuile plate.
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
Etages :
  • 3 étages carrés
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique produite sur place

Source(s) documentaire(s)

  • F 14/4344 Usines métallurgiques. Maintenue en activité de l'usine à fer du baron Lepin. Dossier 15 (an III-1826).
    Archives nationales, Paris : F 14/4344 Usines métallurgiques. Maintenue en activité de l'usine à fer du baron Lepin. Dossier 15 (an III-1826).
    Lieu de conservation : Archives nationales, Paris - Cote du document : F 14/4344
  • 3 P 476/1 Registre des états de section (1828)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 476/1 Registre des états de section (1828)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 476/1
  • 3 P 476/2 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (19e siècle)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 476/2 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (19e siècle)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 476/2
  • 3 P 476/3 Matrice des propriétés foncières (1882-1910)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 476/3 Matrice des propriétés foncières (1882-1910)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 476/3
  • 3 P 476/6 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (1911-1961)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 476/6 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (1911-1961)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 476/6
  • 61 J Fonds de la Société des Hauts Fourneaux, Forges et Fonderies de Franche-Comté (1750-1972)
    61 J Fonds de la Société des Hauts Fourneaux, Forges et Fonderies de Franche-Comté (1750-1972)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 61 J
  • 7 S 85 Cours d’eau et usines. Dossier communal (1829-1911)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 7 S 85 Cours d’eau et usines. Dossier communal (1829-1911)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 7 S 85
  • 428 S 6 Usines métallurgiques (1822-1844)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 428 S 6 Usines métallurgiques (1822-1844)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 428 S 6
  • Sp 1269 Police des eaux - Usines (1855-1888)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, Sp 1269 Police des eaux - Usines (1855-1888)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 1269
  • 312 W 46 Établissements classés (1967-1968)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 312 W 46 Établissements classés (1967-1968)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 312 W 46
  • 2093 W 21 Aide aux entreprises
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 2093 W 21 Aide aux entreprises
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 2093 W 21
  • Annuaire du Doubs, 1826.
    Annuaire statistique et historique du département du Doubs pour l'année bissextile 1826. - Besançon : Impr. Veuve Daclin, 1827.
  • Bourgin, H.et G. L’industrie sidérurgique en France au début de la Révolution, 1920.
    Bourgin, H.et G. L’industrie sidérurgique en France au début de la Révolution (1788). - Paris : Imprimerie nationale, 1920.
  • Chevalier, Michel. Tableau industriel de la Franche-Comté (1960-1961), 1961
    Chevalier, Michel. Tableau industriel de la Franche-Comté (1960-1961). - Paris : les Belles lettres, 1961. 101 p. : cartes ; 24 cm. (Annales littéraires de l’Université de Besançon. Cahiers de géographie de Besançon ; 9)
  • Claerr-Roussel (C.), Belhoste (J.F.), Philippe (M.). La métallurgie comtoise XV-XIXe siècles. Etude du val de Saône, 1994.
    Claerr-Roussel (C.), Belhoste (J.F.), Philippe (M.). La métallurgie comtoise XV-XIXe siècles. Etude du val de Saône. - Besançon : Asprodic, 1994, 416 p.
  • Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
    Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
  • Désignation sommaire des immeubles apportées dans la Société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté, 1854.
    Désignation sommaire des immeubles apportées dans la Société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté. - Besançon : typogr. Outhenin-Chalandre Fils, 1854, 16 p.
  • Genestier Michel. La Société des Forges de Franche-Comté, 1962
    Genestier Michel. La Société des Forges de Franche-Comté. - Besançon : Faculté des Lettres, 1962, 120 p.
  • Gille, Bertrand. Les forges françaises en 1772, 1960.
    Gille, Bertrand. Les forges françaises en 1772. - Paris: SEVPEN, 1960.
  • Les établissements métallurgiques en Franche-Comté aux XVIIe et XIXe siècles, 1968
    Lassus, François. Les établissements métallurgiques en Franche-Comté aux XVIIe et XIXe siècles. - Besançon : Faculté des Lettres de Besançon, 1968. Mémoire de maîtrise d’Histoire.
  • Recensement des usines comtoises en 1744, 1961
    Recensement des usines comtoises en 1744. In : Revue d’histoire de la sidérurgie, t.2, 1961, p. 275

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Vallées, plateaux et montagnes du Doubs
Hydrographie : dérivation de la Loue
Dénomination : usine de transformation des métaux, usine de petite métallurgie
Parties constituantes non étudiées :
  • logement d'ouvriers
  • barrage
  • atelier de fabrication
  • tour
Carte interactive
Haut de page