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LES HÔTELS, LES MAISONS ET LES IMMEUBLES DE BESANÇON CENTRE VILLE

25 - Besançon

  • Dossier IA25000819 réalisé en 1996 revu en 2010
  • Auteur(s) : Christiane Roussel
Maison : vue d'ensemble de l'escalier à cage ouverte. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du Patrimoine

Historique


Sur des sous-sols datant en partie du Moyen Age, la ville semble être sortie de terre au 16e siècle tant les traces apparentes antérieures paraissent absentes. Les ordonnances municipales des 15e et 16e siècles ont en effet lentement transformé l'aspect des maisons en interdisant le pan de bois pour le remplacer, en façade, par de la pierre de taille. Ce modelage du bâti s'est poursuivi au 18e siècle dans le cadre des requêtes en voirie obligeant chaque propriétaire désireux de transformer ou reconstruire sa façade d'en fournir une élévation, critiquée et corrigée par l'architecte voyer. Après le 16e siècle, cette période constitue la deuxième grande phase de transformation de la ville à cause de la rénovation ou la reconstruction des façades, des surélévations du bâti, des regroupements parcellaires, du lotissement des fonds et de la création d'un nouveau quartier autour de l'intendance bâtie à partir de 1770. Après la Révolution, la libération de grands terrains dépendant auparavant de couvents, surtout installés à l'est de la "Boucle", est à l'origine de la création dans le courant du 19e siècle de nouvelles zones d'habitat où apparaissent de grands immeubles de type haussmannien et où s'installe une partie de l'activité horlogère, l'horlogerie étant alors l'une des nouvelles composantes économiques de la ville. Au cours de ces différentes phases, les demeures de la ville n'ont cessé de pousser en hauteur : d'un étage aux 16e et 17e siècles, elles en ont acquis deux au 18e siècle, puis trois voire plus au 19e siècle.
Période(s)
Principale :
  • Moyen Age
  • 14e siècle
  • 16e siècle
  • 17e siècle
  • 18e siècle
  • 19e siècle
  • 20e siècle

Description


La sélection des demeures à étudier s'est opérée à l'intérieur de groupes d'édifices présentant différentes organisations. Pour les hôtels, ont été retenus cinq types : l'hôtel sur rue (le plus fréquent), l'hôtel en fond de cour antérieure, l'hôtel perpendiculaire à la rue, l'hôtel à cour centrale, l'hôtel enclavé. Pour les maisons six groupes ont été déterminés : la maison sans cour, la maison avec escalier à cage ouverte et couloir (la plus fréquente), la maison avec entrée cochère, la maison avec logis perpendiculaires à la rue, la maison avec escalier principal dans oeuvre et couloir, la maison en fond de cour antérieure (caractérisant certaines maisons canoniales du quartier capitulaire). Pour les immeubles, trois types ont été retenus : l'immeuble de standing, l'immeuble populaire (ou ordinaire) et l'immeuble horloger (comprenant à la fois des appartements et des ateliers d'horlogers).
Les demeures, presque toutes construites sur rue, présentent des façades uniformes en pierre de taille de couleur bleue et blanche et des toits très pentus couverts en tuile plate. Le parcellaire est assez étroit sur rue (environ 40% des maisons présentent une largeur sur rue entre 3 et 8,5 mètres), mais est souvent profond. Ce qui explique que seulement 10% des demeures n'ont pas d'espace libre et que près de la moitié ont un accès par un couloir (le plus souvent latéral) associé sur cour(s) à un ou plusieurs escaliers à cage ouverte permettant de distribuer au moins deux logis.

Informations complémentaires


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La composition d’ensemble et le système distributif au sens large [accès, cour(s), escalier(s)] ont été déterminants dans la hiérarchie des paramètres pour fonder la typologie des demeures.

Maisons (XVIe – XVIIIe siècles)


La maison est à l’origine construite pour une seule famille, même s’il n’est pas exclu qu’elle comporte des parties locatives, notamment au niveau des logis secondaires (d’où la notion de maison partagée utilisée par certains historiens de l’architecture).
  • 1. Maisons sans cour (du XVIe au XVIIIe siècle)Elles constituent environ 10 % du corpus des demeures.Situées sur un petit parcellaire de forme plus ou moins carrée, bordant une place ou dans un angle de rue, ces maisons, « sans aises », ont obligatoirement un escalier dans œuvre. Ex. : maison, 2 rue Renan
  • 2. Maisons avec escalier(s) à cage ouverte et couloir (XVIIe et XVIIIe siècles)
  • Elles forment la plus grosse part de l’habitat urbain (environ 50 % du corpus des demeures).L’association couloir et escalier à cage ouverte constitue la marque de l’habitat des couches populaires d’Ancien Régime ; il s’agit dans la plupart des cas de maisons de marchands ou d’artisans avec boutique au rez-de-chaussée du logis sur rue.
  • Les maisons sont toujours doubles en profondeur. Sur le petit parcellaire laniéré (entre 3 et 8 m sur rue), le couloir est en position latérale. Le couloir en position centrale ou décentré est la marque d’un regroupement parcellaire intervenu au moment de la reconstruction de la maison, parce qu’on conserve certains murs de refend appartenant aux structures antérieures.
  • La composition d’ensemble la plus commune est à logis parallèles, mais l’édifice peut être aussi constitué, si la parcelle est suffisamment large, de logis secondaires perpendiculaires au logis principal ou perpendiculaires et parallèles.
  • Le nombre d’escalier à cage ouverte varie selon le nombre de logis secondaires, le principe étant d’un escalier à cage ouverte pour deux logis. Ex. : maison, 77 Grande Rue

  • Il existe néanmoins des exceptions à la règle :
    a) cas des maisons à un seul logis sur rue avec escalier entre trois murs de cage, alors qu’un simple escalier extérieur aurait suffi. Ex. : maison, 21 rue des Martelots
    b) cas de logis secondaires utilisant seuls un escalier à cage ouverte. Ex. : maison, 22 rue Renan, 1er logis secondaire
    Elément de confort, puisque l’escalier est protégé par trois murs de cage et une toiture, cette appropriation de l’escalier à cage ouverte pour un seul logis montre aussi la forte empreinte de ce modèle dans l’esprit des bisontins.
  • Couloirs en enfilade ou décalés et escaliers à cage ouverte témoignent d’un processus de densification des cœurs d’îlots (fin XVIIe – XVIIIe siècles) par adjonctions successives ou simultanées de logis secondaires. On constate une tendance à l’abandon de la cage ouverte au profit de l’escalier dans œuvre ou d’un simple escalier extérieur pour les logis construits en fond de parcelle au XIXe siècle.
  • 3. Maisons avec entrée cochère (XVIe – XVIIIe siècles)
  • Caractéristique de l’habitat des classes moyennes, la maison à entrée cochère représente un saut qualitatif par rapport à l’habitat distribué par un couloir piétonnier.
  • Une entrée cochère nécessite une largeur sur rue qui ne soit pas inférieure à 7/8 m.Elle permet l’accès aux voitures dans l’édifice et induit la présence d’une ou plusieurs cours suffisamment spacieuses, pour y installer des remises et des écuries
  • L’entrée cochère n’est pas associée à une composition d’ensemble spécifique différente de la maison à couloir. Ici, ce sont toujours les solutions d’occupation du petit parcellaire qui prévalent, notamment celle à logis parallèles distribués par l’escalier à cage ouverte.

  • A noter cependant que plus la parcelle est large, moins les logis secondaires sont nombreux, la préservation d’un cadre de vie agréable prenant toujours le pas sur la rentabilité des espaces par densification du bâti.
  • 4. Maison à logis perpendiculaire(s) sur rue (XVIe – XIXe siècle)
  • Ce type d’organisation peu fréquente, habitat des classes moyennes, associe généralement deux logis perpendiculaires à la rue séparés par une cour bordée, sur rue, par un portail dans clôture.Dans le cas d’une maison d’angle à un seul logis sur rue, on accède à la cour bordée d’une clôture par la rue secondaire. Ex. : maison à deux logis : 33 rue Mégevand et maison d’angle à un logis : 25 rue Claude Pouillet (repérée)
  • Pour les maisons à deux logis perpendiculaires à la rue, la forme architecturale est liée à la forme du parcellaire de type barlong (long sur rue, étroit en profondeur).
  • Cette composition d’ensemble n’induit pas un type d’escalier spécifique qui peut être dans œuvre ou de distribution extérieure.
  • 5. Maison avec escalier principal dans œuvre et couloir (XVIe – XVIIIe siècle)

  • Cette organisation peu fréquente se rencontre surtout dans des logis sur rue datant des XVIe ou XVIIe siècle.
  • L’escalier donne souvent dans le couloir d’accès ou est situé plus rarement dans une aile au fond du couloir.
  • A l’escalier principal dans œuvre peut être associés des escaliers à cage ouverte sur cour, pour distribuer aussi le logis sur rue et un ou plusieurs logis secondaires sur cour(s). Ex. : maison, 119 Grande Rue et maison, 82 rue des Granges
  • 6. Maison en fond de cour antérieure

  • Ce type d’organisation est lié aux maisons canoniales du quartier capitulaire qui peuvent aussi se présenter sur rue.

    Hôtels

  • 1. Hôtels sur rue (XVIe – XIXe siècle)

  • L’hôtel sur rue représente l’organisation la plus fréquente de l’habitat patricien de la ville (environ 74 % des hôtels).

    Caractères d’ensemble :
    L’accès s’effectue généralement par une entrée cochère. Il se distingue des maisons à entrée cochère par le nombre des dépendances et notamment par la présence de communs. La cour, au revers de l’édifice, est prolongée, lorsque la place le permet, par un jardin d’agrément.
  • Hôtels sur rue du XVIe siècleTous les hôtels du XVIe siècle sont construits sur rue, à l’exception de l’hôtel de Montmartin de la fin du XVIe siècle qui est entre cour et jardin.L’hôtel du XVIe siècle se signale par l’emploi unique à partir des années 1530/1540 de l’escalier dans œuvre à retour sans jour en maçonnerie avec un épais mur d’échiffre.Ces escaliers ne comportent pas de signes distinctifs significatifs visibles de l’extérieur du bâtiment.Il remplace l’escalier en vis, utilisé auparavant, situé dans une tour hors œuvre sur rue ou sur cour, dont le rôle symbolique était d’exprimer le caractère noble de la maison et le rang du propriétaire. A partir du deuxième tiers du XVIe siècle, ce sera la façade sur rue, particulièrement soignée et décorée, qui jouera ce rôle dans les hôtels bisontins. Ex. : Hôtel Bonvalot, 4-6 rue du Palais
  • Hôtels sur rue du XVIIIe siècle. L’organisation la plus fréquente est constituée d’un logis sur rue et d’un ou deux communs perpendiculaires sur cour. Ex. : Hôtel Buson d’Auxon, 5 rue des Granges. Le cas avec corps de logis dissociés, l’un sur rue, l’autre en parallèle sur cour est moins fréquent. Ex. : Hôtel Chifflet, 23 rue des Granges▪ Dans la première moitié du XVIIIe siècle, l’escalier à cage ouverte est souvent utilisé, pour ces deux compositions d’ensemble, mais est abandonné dans la deuxième moitié du siècle. L’escalier peut aussi donner dans le passage cocher (ex. : Hôtel Belin, 47 rue Mégevand) ou être situé dans une aile en retour d’équerre sur cour (ex. : Hôtel Wey, 49 Grande Rue). La composition d’ensemble à corps de logis parallèles et escalier à cage ouverte constitue un emprunt à l’architecture populaire de la ville.
  • 2. L’hôtel en fond de cour antérieure (XVIIIe siècle)
  • L’hôtel entre cour et jardin, dit aussi « hôtel à la parisienne » apparaît dans les années 1730 (environ 20 % du corpus des hôtels). Ex. : Hôtel Petit de Marivat, 2 place Jean Cornet
  • L’escalier en pierre et rampe en ferronnerie est toujours dans œuvre, soit dans le corps de logis en relation avec un vestibule, soit dans une aile en retour d'équerre sur la cour antérieure. L’hôtel en fond de cour antérieure n’est jamais associé à l’escalier à cage ouverte.
  • 3. L’hôtel perpendiculaire à la rue (XVIIIe – XIXe siècle)

  • Représentant un très petit corpus (4 % du corpus des hôtels), il s’organise comme les maisons à deux logis perpendiculaires à la rue.Il se distingue de la maison du même type par le soin apporté au corps de logis principal (fronton, balcon par exemple) et par l’origine du propriétaire de classe noble. Ex. : Hôtel Mallarmey de Roussillon, 8 rue des Martelots
  • 4. L’hôtel à cour centrale (XVIe et XVIIIe siècles)
  • Représentant un très petit corpus (environ 2 % du corpus des hôtels), il comprend des corps de bâtiments, de même hauteur, organisés autour d’une cour. La façade postérieure du corps de logis en fond de cour s’ouvre sur un jardin. Ex. : Hôtel Terrier de Santans, 68 Grande Rue
  • L’accès s’effectue par une entrée cochère.
  • L’unique représentant de ce type au XVIe siècle est le Palais Granvelle.
  • 5. L’hôtel enclavé (XVIIIe siècle)

  • Ces hôtels peu nombreux (environ 1 % du corpus des hôtels), entre cour et jardin, sont situés sur une parcelle enclavée n’ayant pas d’accès direct sur la rue.L’entrée s’effectue par l’entrée cochère d’une maison sur rue, dont il partage la même cour. Ex. : Hôtel de Ligniville, 104 Grande Rue

    Immeubles (XVIIIe / XIXe siècles)


    L’immeuble construit sur des parcelles larges sur rue et plus ou moins profondes apparaît dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Il est divisé dès l’origine en plusieurs appartements (un à deux par étage) possédant chacun des dispositions intérieures semblables. L’immeuble, au contraire de la maison qui appartient à une seule famille même si elle possède des parties locatives, est conçu d’emblée comme une superposition de propriétaires ou de locataires.L’immeuble de standing (XVIIIe / XIXe siècles). L’immeuble de standing se caractérise par de nombreux emprunts à l’habitat aristocratique : entrée cochère, monumentalité de l’escalier principal, donnant sous passage cocher, maintien de l’étage noble matérialisé en façade par un décor de baies, un balcon, et à l’intérieur par une ornementation plus soignée que celle des appartements des étages supérieurs, grande cour et dépendances telles que écuries et remises (mais rarement de communs), ex. : immeuble, 23 rue de la PréfectureL’immeuble populaire (XIXe siècle). L’immeuble populaire se rencontre le long des rues percées au XIXe siècle ou dans le tissu ancien en remplacement d’un bâti antérieur, par regroupement parcellaire.L’immeuble populaire tire certains de ses traits de la maison d’Ancien Régime : accès par couloir, cour exiguë, pas ou peu de dépendances, pas de hiérarchie au niveau des étages ni dans les escaliers s’il y en a plusieurs. Dans la première moitié du siècle, l’escalier à cage ouverte peut d’ailleurs encore être utilisé. Ex. : immeuble, 2 rue MorandL’immeuble horloger (XIXe siècle). Immeuble populaire ou de standing possédant des parties constituantes dévolues à une activité horlogère.Ces immeubles sont situés autour et aux environs du square Saint-Amour, quartier bâti dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Ex. : immeuble, 8 rue du Clos-Saint-Amour
    Thématiques :
    • demeures bisontines
    Dénomination : hôtel, maison, immeuble
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