SYNTHÈSE SUR LES SITES D'ÉCLUSE DU CANAL DE BOURGOGNE (CANAL DE BOURGOGNE)

  • Dossier IA21004059 réalisé en 2011
  • Auteur(s) : Cécile Lestienne, Virginie Malherbe, Aurélie Lallement
Panorama du site de l'écluse 113 du versant Yonne, dite de Cheny à Migennes, pris d'aval, du pont sur écluse. De gauche à droite : site d'écluse, silos. Le bief est vide : on voit la maçonnerie des bajoyers. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Un site d'écluse se définit comme un ensemble constitué de l'écluse et des constructions qui lui sont liées comme la maison d'éclusier, une remise, un ouvrage de franchissement, etc. Le canal de Bourgogne est composé de 189 sites d'écluse. Une vingtaine de sites présente des écluses mécanisées : on les trouve surtout dans les premiers biefs du versant Yonne. Deux sites (Migennes et Germigny) présentaient une écluse double qui fut transformée en écluse simple au 20e siècle. Un seul site ne possède plus de maison éclusière (Ouges). Toutes les écluses du canal de Bourgogne sont au gabarit Freycinet : leur sas mesure 39 mètres de long pour 5,20 mètres de large. On retrouve les différents types de maison : 120 maisons éclusières de type Foucherot réparties sur la partie centrale du canal, 41 maisons éclusières de type Forey réparties sur la deuxième moitié du versant Saône, 13 maisons éclusières de type Poirée, 9 maisons éclusières de type Robillard, 2 maisons éclusières de type Montfeu, 6 maisons atypiques réparties essentiellement sur les ports. Les maisons de type Poirée, Robillard et Montfeu se répartissent dans la deuxième moitié du versant Yonne. 8 sites d'écluse comprennent une maison de garde, dont 5 de type Foucherot, 2 de Poirée et 1 de Robillard. 79 sites présentent un pont routier sur écluse. Plusieurs sites enfin présentent un aqueduc laissant passer un cours d'eau sous le canal en tête amont de l'écluse. Il n'est pas forcément toujours visible. Les différents éléments de vie sur un site d'écluse ont aussi été repérés. Ainsi, 25 sites possèdent encore un jardin bien délimité, 96 un puits, 65 un lavoir et 58 des latrines. A cela, on peut ajouter que toutes les maisons éclusières possèdent des annexes latérales ou postérieures, construites en moellon, en briques ou en parpaing de béton.

Historique


Il faut noter que tous les ouvrages techniques mis en œoeuvre sur le canal de Bourgogne ont été élaborés longtemps avant sa réalisation. On en trouve l’'exemple dans les planches de Bélidor (Architecture hydraulique, 1739) : écluse à sas (planche XLIV, T II) ; écluse à vanne et déchargeoir pour l’'alimentation et le réglage du débit d’'un canal de navigation (planche L, T II). Pour le versant Yonne, financé par l’'Etat, Perronet a donné un ensemble de dessins pour une "description des projets […] du canal de Bourgogne" (Perronet et Chézy, 1783) dont aucun n’'a été réalisé. Cependant, un plan et élévation d’'une écluse (Planche XLVI) en brique et pierre montre une inspiration savante réutilisée pour les deux maisons les plus anciennes du canal à Brienon-sur-Armançon, pour le pont sur la dernière écluse avant l'’Yonne à Migennes et pour quelques sas, entièrement en brique, entre Migennes et Brienon. Les dessins de Gauthey (1784) pour le versant Saône (Dijon-Saint-Jean-de-Losne) montrent un sas en pierre avec un aqueduc de sortie. Ces deux projets contemporains montrent deux écoles de pensée : Perronet relève encore d'’une conception très architecturale de la première moitié du XVIIIe siècle, tandis que Gauthey est davantage un technicien, pur produit de l’'Ecole des Ponts-et-Chaussées. La construction des sites d'’écluse s’'échelonne sur plusieurs étapes : elle suit l’'ouverture progressive des différents tronçons du canal. En 1808, la partie Dijon / Saint-Jean-de-Losne est ouverte à la navigation. En 1813, ouverture du tronçon Dijon / Pont-de-Pany. En 1822, ouverture du tronçon Migennes/Tonnerre. En 1832, ouverture du tronçon Pont-de-Pany/Tonnerre. 58 écluses auraient ainsi été réalisées avant 1822. Les 131 autres par la suite. Un certain nombre de prescriptions sont avancées par les ingénieurs à l’'occasion de la reprise du chantier en 1822 : ainsi, l’'ingénieur Bonnetat, dans un Devis général pour les travaux du canal de Bourgogne de 1826, préconise l'’utilisation du chêne pour les portes d’'écluse et les coussinets des buscs des écluses. Entre 1878 et 1882, suite à la loi dite Freycinet, tous les sas d’'écluse sont allongés pour faire passer des péniches à plus grande capacité. D’'après Henri Bazin, Notice sur l'’allongement des écluses, les travaux sont « entrepris en vertu de la loi du 13 juillet 1878, [et] terminés en 1882 ». Ils consistent en l’'allongement du sas, l’'exhaussement et la restauration des bajoyers de la partie conservée ou l’'abaissement du radier pour augmenter le tirant d’'eau. Enfin, des travaux de remplacement, de modification et de restauration des portes d'’écluse sont aussi mis en œoeuvre. L’'allongement peut se faire en parement de moellons ou de briques. Quand le pont sur écluse se trouve en aval, l’'allongement se fait par l'’amont, et vice-versa. Un aqueduc latéral au sas est par ailleurs installé sur tous les sites d’'écluse. Les ingénieurs responsables des travaux entre 1878 et 1882 sont Macquery, Mauris et Laurent. Ils sont secondés par des conducteurs qui dirigeaient les travaux sur 4 écluses. En 1882, d’'après le rapport de l’'inspecteur général, 134 écluses sur 189 sont allongées (Archives nationales, F14, 13037).

Source(s) documentaire(s)

  • BAZIN, Henri. Notice sur l'allongement des écluses du canal de Bourgogne. Annales des Ponts et Chaussées, T. 1. 1885.
    BAZIN, Henri. Notice sur l'allongement des écluses du canal de Bourgogne. Annales des Ponts et Chaussées, T. 1. 1885.

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Thématiques :
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