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USINE DE PETITE MÉTALLURGIE DUBIED, ACTUELLEMENT SCHRADER

25 - Pontarlier

48 rue de Salins

  • Dossier IA25001576 réalisé en 2016
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Entrée de l'usine Ed. Dubied et Cie, aquarelle, s.d. [début 20e siècle]. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Henri-Edouard Dubied, ingénieur centralien originaire de Suisse, fonde une fabrique de machines-outils à Couvet (Suisse) en 1867, et se spécialise dans la production de machines à tricoter. Son fils Paul-Edouard, diplômé de l’Ecole Polytechnique de Zurich, lui succède en 1878. En mai 1898, la société Edouard Dubied et Cie implante à Pontarlier un atelier de décolletage au lieu-dit Petit-Cours (actuellement 3 quai du Doubs). Spécialisé dans la fabrication des rivets, valves, boulons et pièces décolletées nécessaires aux machines à tricoter, l’atelier est équipé de six machines, mues par un moteur à gaz de 5 chevaux et conduites par trois ouvriers, sous la direction d’un contremaître. En 1905, l’atelier renferme 35 machines et emploie une cinquantaine de personnes. A partir de 1906, il produit des valves pour automobiles, puis pour bicyclettes.
En 1908, la société Dubied fait construire à l’ouest de la ville, rue de Salins, une nouvelle usine desservie par un embranchement ferroviaire particulier. Le projet est signé de l’architecte suisse Max F. Roulet, et les travaux exécutés par l’entrepreneur Laporte. Construit en rez-de-chaussée, l’atelier de fabrication se compose de six travées, chacune éclairée par une ouverture zénithale. Il est précédé au sud d’un long bâtiment à étage abritant au rez-de-chaussée la loge du concierge, les vestiaires, deux bureaux, la menuiserie, l’atelier de conditionnement et le magasin d’expédition. L’étage accueille, les bureaux (direction, dessin, paie…), le réfectoire, la "vérification", le logement du concierge et quelques chambres. Les machines sont alimentées par un moteur diesel de marque Sulzer 3D85 (Winthertur, Suisse) de 250 chevaux. Mise en service au début de l’année 1909, l’usine fabrique des articles décolletés et emploie 90 personnes. A la mort de son père en 1911, Pierre-Edouard Dubied prend la direction de la nouvelle société, constituée en 1912, qu’il nomme toujours Edouard Dubied et Cie. En 1912, l’atelier de fabrication est prolongé de six travées vers le nord, toujours sur un projet de Max F. Roulet ("agrandissement de la halle aux machines"). En 1913, un atelier de trempe est bâti dans la continuité des bâtiments techniques, à l’ouest (chaufferie, magasin, salle des machines). En 1914, la société acquiert 13 000 m2 supplémentaires, en prévision de futures extensions.
L’usine travaille pour l’industrie de la Défense pendant la Première Guerre (fabrication de fusées d’obus). De 350 personnes en 1913, l’effectif monte à 400 ouvriers en 1915. Il aurait atteint l’année suivante le chiffre de 1300 personnes employées dans l’usine pontissalienne. En septembre 1916, la société dépose une demande de permis de construire pour un atelier de montage et un atelier de décolletage. Cette même année, Ubaldo Grassi, architecte installé à Neufchâtel (Suisse), dresse les plans d’un pavillon d’entrée dédié "aux services généraux". Vraisemblablement construit à la fin de la Première Guerre, il est complété peu après d’un bâtiment à usage de vestiaires (600 places), dont les plans, toujours signés Ubaldo Grassi, sont datés d’avril 1919. Construit sur deux niveaux, ce bâtiment abrite aussi l’infirmerie. En 1928 (ou 1929 ?), il sera aménagé pour recevoir une garderie d’enfant, une salle d’allaitement et une salle de jeux.
En 1920, un nouveau moteur diesel de 250 chevaux est installé. Il permet d'actionner les 500 machines que compte l’usine en 1926. Celle-ci continue de fabriquer deux types de produits : des valves pour chambres à air (cycles, automobiles, avions) et des pièces décolletées pour diverses industries (vis, écrous, boulons, clavettes, etc.). Afin d’améliorer l’étanchéité des valves sur les pneumatiques d’automobile, un atelier de vulcanisation est créé en 1927 (mise au point de valves enrobées de caoutchouc). Agrandi à plusieurs reprises, cet atelier traite 50 kg de caoutchouc vulcanisé en 1927, contre 12 000 kg en 1952. L’effectif de l’usine passe de 957 personnes en 1929, à 463 en 1931, puis 752 en 1939. De 1936 à 1939, l’usine reprend la fabrication de pièces décolletées pour fusées d’obus.
A partir de 1953, la société entreprend un programme de modernisation (renouvellement partiel du parc machines en 1955) et d’agrandissement (ateliers d’emballage, d’expédition et de menuiserie). Vers 1958 sont construits un magasin des matières premières, un atelier d’outillage et des locaux pour les services de métrologie et de méthode. A cette date, l’usine emploie près de 800 personnes. En 1959, la société Edouard Dubied et Cie s’allie au groupe américain Scovill-Schrader, également spécialisé dans les valves pour pneumatiques, pour donner naissance l’année suivante à la société anonyme «"Valves et produits industriels". Dès le mois de décembre 1960, les ateliers sont équipés de machines spéciales et l’usine lance de nouvelles fabrications (produits d’automation pneumatiques). L’effectif atteint 600 employés en 1964. Au début des années 1970, l’usine se lance dans la fabrication de valves pour pneus tubeless. En 1972, la production atteint 45 millions de valves pour automobiles et 300 millions d’écrous de bicyclettes. L’atelier de fabrication est prolongé au nord dans les années 1970. L’effectif passe de 577 personnes en 1985 à 360 en 2000.
En 2016, l’usine fabrique, avec un parc machines de 480 unités, 150 millions de pièces et emploie 420 personnes.
Période(s)
Principale :
  • 1er quart 20e siècle
Secondaire :
  • 3e quart 20e siècle
Date(s)

Description


Construit en moellon de calcaire enduit, en rez-de-chaussée, l’atelier de fabrication est pourvu d’une charpente en béton armé et poutrelles métalliques, supportée par des poteaux en acier (section en U, jumelés). L’éclairage est assuré par des ouvertures zénithales, originellement couvertes de vitreries disposées en bâtière, aujourd’hui en matière plastique bombées. L’atelier est flanqué sur son flanc ouest de bâtiments (anciens magasins de stockage ?) dont une centrale thermique, qui abritait des générateurs (diesel ?) et des alternateurs. Elle est couverte d’une charpente métallique surmontée d’un toit en pavillon en tôle galvanisée, couronné d’une courte flèche. Le bâtiment abritant le quai, au sud-ouest, est pourvu d’une ossature métallique hourdée en brique creuse, et d’une charpente métallique. Le côté sud de l’atelier est occupé par un vaste bâtiment administratif, donnant sur la rue de Salins. Bâti en moellon de calcaire enduit, il est pourvu d’un sous-sol, d'un rez-de-chaussée ajouré de baies rectangulaires, et d’un étage carré percé de baies cintrées. Les chaînes d’angle et les divisions de travées de la façade antérieure sont à bossage rustique. Le toit plat a été remplacé par un toit à croupes en tuile mécanique. Il est dominé par une construction de plan centrée, couverte d’un toit en pavillon en tuile plate, qui abritait une citerne d’eau. Le bâtiment d’accueil construit au sud-est, comprenait également des logements à l’étage carré et l’étage de comble. Il est couvert d’un toit à croupes en tuile plate, dont la partie centrale est surmontée d’une tour en moellon de calcaire enduite et pierre de taille, couverte d’un toit en pavillon. Les ateliers bâtis après la Seconde Guerre, au nord-ouest (actuel magasin d’expédition) et au nord-est du site, sont couvert d’un toit bombé en béton armé.
Murs :
  • calcaire
  • fer
  • béton
  • brique creuse
  • calcaire
  • moellon
  • pan de fer
  • béton armé
  • pierre de taille
  • enduit
  • essentage de tôle
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • fer en couverture
  • béton en couverture
  • tuile plate
  • tôle galvanisée
Etages :
  • en rez-de-chaussée
  • 1 étage carré
  • étage de comble
  • sous-sol
Couvrement :
  • charpente métallique apparente
  • charpente en béton armé apparente
Energie utilisée :
  • énergie électrique produite sur place
  • énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 463/4-5 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (1882-1910)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 463/4-5 Matrice des propriétés foncières bâties et non bâties (1882-1910)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 463/4-5
  • 3 P 463/15-22 Matrice des propriétés bâties (1911-1966)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 463/15-22 Matrice des propriétés bâties (1911-1966)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 463/15-22
  • M 3044 Travail et main d’œuvre (1926)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, M 3044 Travail et main d’œuvre (1926)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044
  • 170 W 21 Établissements classés (1957)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 170 W 21 Établissements classés (1957)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 170 W 21
  • 2 F 43 Règlement intérieur Ed. Dubied et Cie, 1946.
    Archives communales, Pontarlier, 2 F 43 Règlement intérieur Ed. Dubied et Cie, 1946.
    Lieu de conservation : Archives communales, Pontarlier - Cote du document : 2 F 43
  • O 64 Permis de construire
    Archives communales, Pontarlier , O 64 Permis de construire
    Lieu de conservation : Archives communales, Pontarlier - Cote du document : O 64
  • O 71 Permis de construire
    Archives communales, Pontarlier, O 71 Permis de construire
    Lieu de conservation : Archives communales, Pontarlier - Cote du document : O 71
  • 4 Z 184 Fonds Sermoud (1956)
    Archives communales, Pontarlier, 4 Z 184 Fonds Sermoud (1956)
    Lieu de conservation : Archives communales, Pontarlier - Cote du document : 4 Z 184
  • Fonds de plans (20e siècle)
    Fonds de plans (20e siècle), usine Schrader, archives de l’entreprise, Pontarlier
    Lieu de conservation : Archives de l'entreprise Schrader, Pontarlier
  • Benoît, Maurice ; Gauthier, Jean [et al.]. La vie économique de Franche-Comté et du Territoire de Belfort, 1958.
    Benoît, Maurice ; Gauthier, Jean [et al.]. La vie économique de Franche-Comté et du Territoire de Belfort. - Besançon : Impr. de l'Est, 1958.
  • Blondeau Marcel. Pontarlier et ses problèmes actuels, 1964.
    Blondeau Marcel. Pontarlier et ses problèmes actuels. - Besançon : Faculté des Lettres, 1964, 185 f., DES.
  • Del Fiol, Philippe. Schrader. Une histoire. Phot. Thierry Petit. Editions du Belvédère : Pontarlier, 2016. 176 p. : ill.
    Del Fiol, Philippe. Schrader. Une histoire. Phot. Thierry Petit. - Editions du Belvédère : Pontarlier, 2016. 176 p. : ill.
  • L'Opinion économique et financière : Franche-Comté, 1949.
    L'Opinion économique et financière : Franche-Comté, juillet 1949, n° 2.
  • Le département du Doubs, 1923
    Le département du Doubs. - [S.l.] : [s.n.], 1923 : ill. N° spécial de « L’Illustration économique et financière », supplément du 4 août 1923
  • Malfroy M. Pontarlier d’hier et d’aujourd’hui, 1990.
    Malfroy M. Pontarlier d’hier et d’aujourd’hui. - Ornans : Ed. de la Vallée, 1990, 165 p.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Vallées, plateaux et montagnes du Doubs
Dénomination : usine de petite métallurgie
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • logement
  • magasin industriel
  • entrepôt industriel
  • bâtiment administratif d'entreprise
  • salle des machines
  • réservoir industriel
  • vestiaire d'usine
  • bureau
Carte interactive
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