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COUVENT DE MINIMES

70 - Rupt-sur-Saône

Les Minimes

  • Dossier IA70000888 réalisé en 2015 revu en 2016
  • Auteur(s) : Alexandre Hutinet, Liliane Hamelin
Vue générale du site de l'ancien couvent de minimes,  depuis la terrasse du château. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le 4 mars 1610, le nonce apostolique du pape en Flandres et Franche-Comté autorise le seigneur de Rupt à créer une « Maison dudit Ordre du Bienheureux François de Paule, avec église, campanile, cloches, cloître, dortoir, réfectoire et autres Offices nécessaires à l’usage et l’habitation d’un Responsable et de douze Frères, au moins du dit Ordre ». Aucun bâtiment n'a vu le jour en septembre 1631 : les minimes vivent alors dans des maisons qu’ils louent au sein du village et occupent une construction en ruine (au nord de l’actuelle église paroissiale) appelée le « Vieux Couvent ».
En 1699, Louis de Clermont s’engage à offrir le terrain et fournir les meubles, ustensiles, ornements d’église et vases sacrés. En janvier 1700, Claude-Antoine Aillet, architecte à Besançon, et Antoine Barret, maître charpentier, lui soumettent plans et devis. La première pierre est posée quelques mois plus tard (juillet 1700) en présence de Marie-Johanne de Saumery, épouse de Louis de Clermont. Les bâtiments commencent à s’élever au « premier coing du couvent regardant du costel des prels, de la prairie haulte » (angle des ailes est et sud). Parallèlement, les deux entrepreneurs construisent l’église, dont la première pierre est posée en avril 1701 et qui est consacrée en mai 1708 par François Gaspard de Grammont, suffragant de l’archevêque de Besançon. Vers 1710, des bâtiments secondaires sont construits : grangeage, pigeonnier et murs de clôture. D’après les archives conservées, les minimes se consacrent après cette date à l’embellissement et à l’amélioration du site (voir en annexe sa description par Alexandre Hutinet) : ils relèvent certains murs déjà ébréchés et font construire une citerne dans la cour du cloître.
A la Révolution, le couvent est vendu comme bien national. L’acquéreur fait démolir la majeure partie des bâtiments, dont l'église, pour en vendre les matériaux. Le mobilier est vendu aux enchères : l’un des autels latéraux est conservé dans l’église paroissiale de la Nativité de la Vierge tandis que le maître-autel et les deux autres autels-retables sont achetés par la commune voisine Ovanches. A noter que plusieurs plaques de cheminées en fonte, avec la devise des minimes (« CHARITAS ») sont présentes dans quelques maisons du village ou des villages environnants.
Au 20e siècle, le site est acheté par la belle-mère du propriétaire actuel, qui y entreprend quelques travaux afin de rendre habitable une maison bâtie sur la cave de l’ancienne aile ouest du couvent. A partir de 1970, le propriétaire actuel restaure l’ancien enclos monastique. Au cours de ces travaux, un cadran solaire et une niche portant le millésime 1710 sont découverts et replacés au-dessus de la porte conduisant à la cave.
Période(s)
Principale :
  • 1er quart 18e siècle
Date(s)
1701 : daté par travaux historiques

Description


Il ne reste plus du couvent de minimes que le mur d’enclos, construit en moellon calcaire et en grande partie conservé, et quelques éléments épars : la porte piétonne avec battant en chêne (dans l'angle sud-ouest de la propriété), qui permettait de descendre par un ensemble de marches à flanc de coteau à un vivier (remplacé par le captage d’une source alimentant l’actuelle fontaine-lavoir de la rue des Fontenottes) ; une niche en réemploi au-dessus de l'entrée de la cave (souvenir de l'aile est du cloître), cave constituée de deux travées séparées par un doubleau et voûtées en berceau.
Murs :
  • calcaire
  • moellon
Couvrement :
  • voûte en berceau

Source(s) documentaire(s)

  • La Haute-Saône : nouveau dictionnaire des communes. Tome V, [Le Pont-de-Planches - Le Val Saint-Eloi], 1972
    La Haute-Saône : nouveau dictionnaire des communes. Tome V, [Le Pont-de-Planches - Le Val Saint-Eloi].-Vesoul (70) : Société d'agriculture, lettres, sciences du arts de la Haute-Saône, 1972
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R. US 158
  • Hutinet, Alexandre. Le patrimoine religieux de la commune de Rupt-sur-Saône au XVIIIe siècle : le couvent des minimes et l'église de la Nativité de la Vierge, 2007
    Hutinet, Alexandre. Le patrimoine religieux de la commune de Rupt-sur-Saône au XVIIIe siècle : le couvent des minimes et l'église de la Nativité de la Vierge. - Besançon : [s.n.], 2007. 3 vol. (non paginé ca 400 p.) : ill. ; 30 cm. Mém. de master II : Hist. Art : Besançon : 2007.
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : RTO/Rupt/5800/1
  • Hutinet, Alexandre. Historique et description du couvent des minimes, 2016
    Hutinet, Alexandre. Historique et description du couvent des minimes. - 2016. Résumé rédigé en 2016 par A. Hutinet à partir de son master II (Histoire de l’Art moderne : Besançon : 2007).
  • Suchaux, Louis. Dictionnaire historique, topographique et statistique des communes de la Haute-Saône, 1866
    Suchaux, Louis. Dictionnaire historique, topographique et statistique des communes de la Haute-Saône. - Vesoul : Imprimerie et lithographie de A. Suchaux, 1866.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : IN8° 1038/1
  • Trévillers, Jules de. Sequania Monastica : dictionnaire des abbayes, prieurés, couvents, collèges, hôpitaux conventuels, ermitages de Franche-Comté et du diocèse de Besançon antérieurs à 1790, 1950 ?
    Trévillers, Jules de. Sequania Monastica : dictionnaire des abbayes, prieurés, couvents, collèges, hôpitaux conventuels, ermitages de Franche-Comté et du diocèse de Besançon antérieurs à 1790. - Vesoul : J. de Trévillers, [1950 ?]. 244 p. ; 26 cm.
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US 37

Informations complémentaires


Historique
Le 4 mars 1610, l’arrivée officielle des minimes à Rupt-sur-Saône se précise. Dans une bulle promulguée par le nonce apostolique du pape en Flandres et Franche-Comté, le prélat accorde au seigneur de Rupt l’aménagement d’une « Maison dudit Ordre du Bienheureux François de Paule, avec église, campanile, cloches, cloître, dortoir, réfectoire et autres Offices nécessaires à l’usage et l’habitation d’un Responsable et de douze Frères, au moins du dit Ordre ». En octobre 1610, le couple seigneurial réitère ses engagements pour bâtir à neuf un couvent « à leur ayse et commodité et quand bon leur semblera, au lieu, place qui par eux, sera cy-après advisé, lorsqu’ils voudront faire commencer le dit Couvent ».
Les années passent et en septembre 1631 aucun projet bâti n’a vu le jour. Les minimes vivent alors dans des maisons qu’ils louent au sein du village et occupent un bâtiment en ruine au Nord de l’actuelle église paroissiale jusqu’à ce que Louis de Clermont en 1699, décide les premières transactions pour établir les minimes dans un lieu approprié. Il s’engage à offrir le terrain, à fournir les meubles, ustensiles, ornements d’église, vases sacrés… A partir de février 1700, différents toisés sont effectués sur les parcelles qui forment aujourd’hui l’enclos du couvent. En 1701, c’est à sa femme Marie-Johanne de Saumery que revient la charge de présider le chantier. Elle se rend régulièrement à Rupt tel qu’en avril 1701 pour la cérémonie de pose de la première pierre de l’église conventuelle.
Claude-Antoine Aillet architecte à Besançon et son associé Antoine Barret, maître charpentier, élaborent plans et devis des bâtiments en janvier 1700. La première pierre est posée en juillet 1700 et les bâtiments commencent à s’élever au « premier coing du couvent regardant du costel des prels, de la prairie haulte » ce qui correspond à l’angle des ailes Est et Sud. En même temps que le logis commence à être édifié, les entrepreneurs s’attachent à construire l’église dont la première pierre est posée en avril 1701. Lorsque la partie résidentielle et le lieu de culte des minimes prennent simultanément forme, les religieux agrandissent encore leur enclos. Ils achètent, vers 1701, de nouvelles terres.
Vers 1710 plusieurs évènements laissent présager que le couvent est en phase d’achèvement et qu’il devient opérationnel. Le gros œuvre étant à priori réalisé, il est possible d’initier la décoration intérieure ou ériger des bâtiments secondaires, tels que le grangeage, le pigeonnier et d’autres murs de clôture. En mai 1708, François Gaspard de Grammont, suffragant de l’archevêque de Besançon, vient consacrer l’église conventuelle.
Après 1710 et selon les archives conservées, les minimes n’entreprennent plus de travaux d’envergure. Ils ne se consacrent qu’à embellir ou améliorer les bâtiments. En effet, vers le milieu du XVIIIe siècle, ils relèvent certains murs déjà ébréchés ou optent pour la construction d’une citerne dans la cour du cloître.
C’est à ce moment que les religieux prévoient aussi de démolir le mur en vis-à-vis du puits et de créer un escalier à la jonction de la cour des communs et de la terrasse Sud.
Avec les décisions prises durant le Régime Révolutionnaire, la configuration de la propriété est gravement modifiée. Sa destruction sera ensuite inexorable. Après dispersion du mobilier liturgique, les bâtiments sont arasés pour en récupérer les matériaux de construction. Seuls subsistent aujourd’hui une cave et les murs de l’enclos conventuel dont l’implantation au sol respecte l’espace défini à l’aube du Siècle des Lumières. Le mobilier et certains éléments décoratifs seront vendus aux enchères. L’un des autels latéraux de l’église conventuel trouvera alors place dans l’une des travées de l’église de Rupt où il est toujours conservé. Le maître-autel et les deux autres retables seront quant à eux, rachetés par la municipalité d’Ovanches (70) pour garnir l’église paroissiale. Plusieurs plaques de cheminées en fonte avec la devise des Minimes « CHARITAS » ont été remployées dans l’âtre des cheminées de quelques maisons du village ou des villages environnant.

Description
De l’ancien site du couvent des Minimes construit à partir de 1701, il ne reste plus que les murs d’enceinte à 95 % conservés sur le tracé exact de l’enclos primitif ainsi que quelques éléments encore en élévation telle qu’une ouverture et sa porte piétonne en chêne (angle Sud-Ouest de la propriété) permettant de descendre par un ensemble de marches à flanc de coteau à un vivier autrefois matérialisé à l’emplacement du captage d’une source qui alimente l’actuelle fontaine-lavoir de la rue des Fontenottes.
Le couronnement en pierre de taille du mur de la plateforme Sud existe toujours ainsi que des matériaux de l’ancien bâtiment (doucine de cheminée, cadran solaire, pierre millésimée). Les fondations et la cave de l’aile Est du cloître demeurent toujours. La cave voûtée en berceau se compose de deux travées séparées par un arc doubleau en pierre de taille. Ses fondations reposent en partie sur la roche calcaire excavée taillée à même dans la colline. Cette cave est accessible par une entrée en plein-cintre et un escalier aux contre-marches de faible hauteur permettant la descente en douceur des tonneaux de vin. Une ouverture en larmier et une seconde défendue par des barreaux assurent la ventilation de ce local.
Si le grand portail donnant accès à la cour des communs (bûcher, écurie-remise, cave) n’existe plus, la porte piétonne alignée sur sa maçonnerie est conservée.
Il est possible de restituer l’aspect général du domaine au XVIIIe siècle. Délimitée par plusieurs bornes toujours fichées dans le sol (parcelles cadastrales limitrophes), cette configuration présentait l’avantage de rapprocher la zone agricole du logis des religieux. En effet, l’exploitation se positionnait à l’Est et était divisée en vignes, verger, potager et jardin d’agrément. Le cloître et ses dépendances étaient situés en contrebas à l’extrémité Sud-Ouest. L’accès principal au couvent était raccordé depuis le chemin reliant Rupt à Scey-sur-Saône au grand portail par une « avenüe » qui longe le mur Ouest de l’enclos « bordée d’une grande charmille » sur toute sa longueur. Ce chemin aboutissait directement au parvis de l’église ainsi qu’au grand portail ouvrant sur la cour des communs, en contrebas du cloître. L’aménagement des bâtiments conventuels est réalisé en tirant parti de la légère dépression du terrain. Le carré claustral, composé de trois ailes reliées au Nord-Est par l’église dominait ainsi la cour des communs. L’église a été édifiée sur un plan à nef unique et à chevet plat. Enfin, un pigeonnier se dressait à l’angle Nord-Est du chevet de l’église conventuelle. Le cloître était constitué de trois galeries voûtées d’arêtes au rez-de-chaussée et à l’étage d’un couloir desservant les chambres, la bibliothèque et les latrines.
Thématiques :
  • val de Saône
Aire d’étude et canton : Val de Saône
Dénomination : couvent
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