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CHÂTEAU DE CHEMILLY

70 - Chemilly

La Côte

  • Dossier IA70000782 réalisé en 2016
  • Auteur(s) : Julie Gandini
Le château et son jardin, depuis la cour haute © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le château de Chemilly faisait partie du système défensif longeant la vallée supérieure de la Saône dès le haut Moyen-Age. Il est situé sur un terrain appelé la Côte, à proximité du pont, au confluent de la Saône et du Durgeon. L’ensemble se compose de deux parties bien visibles sur le cadastre napoléonien. Une cour basse, fortifiée, située le long de la rivière, caractérisée par un ensemble de bâtiments, les anciennes écuries notamment, munies d’une échauguette (XIVe ou XVe siècle). Dans une deuxième zone, en partie haute, se trouve une grosse tour carré (XIIe ?), l'élément le plus ancien de l'ensemble. Cette tour a été remaniée au XIXe et transformée en habitation. L'ensemble du bâti médiéval a été remanié à partir du XVIe siècle, au XVIIIe et XIXe siècles et en partie détruit à la Révolution.
Le château a été construit à une date inconnue mais son existence est avérée au XVe siècle. Au XIVe siècle la famille d'Ulric de Scye possède la seigneurie de Chemilly. Vient ensuite la lignée des comtes de Neuchâtel, fidèles à la maison de Bourgogne. Jean de Neuchâtel Montaigu, vassal de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, puis de Jean sans Peur, est le seigneur du château de Chemilly. Ses successeurs sont Thiébault et Charles de Neuchâtel. De 1437 à 1440, malgré le traité de paix d’Arras sous Philippe le Bon, des bandes de mercenaires, appelés Ecorcheurs ou Retondeurs, attaquent la région dans les environs de Vesoul. Dès la fin du XVe le château des Neuchâtel excite les convoitises. Charles d’Amboise s’en empare en 1480. Durant cette période troublée, les habitants de Chemilly bénéficient du droit de retraite et se réfugient dans le château en cas de danger. Avec Henri de Neuchâtel, puis Ferdinand, s’éteint la lignée des Neuchâtel en 1521.
A la famille d'Andelot revient la seigneurie de Chemilly au XVIe siècle. Gaspard d’Andelot, baron de Chemilly, occupe de hautes fonctions militaires au service du roi des Pays-Bas, pays où il réside le plus souvent. A sa mort en 1579, Louise d’Andelot et Alexandre, baron de Vilts, deviennent seigneurs de Chemilly. Ils sont les fondateurs de l'ermitage consacré à Chemilly en 1618. L'église et le cloître sont achevés en 1619. Une inscription gravée encore visible dans la chapelle du couvent témoigne de cette fondation le 2 juin 1619. Les ermites suivent la Règle de Saint-Antoine. Le 2 décembre 1627, l'ermitage fut cédé avec ses dotations aux frères du Tiers-Ordre de Saint-François de l'Etroite Observance, appelés les Tiercelins. Les relations entre les religieux et la seigneurie de Chemilly furent généralement houleuses. Après la mort de Louise d’Andelot, Alexandre se remarie avec Barbe-Françoise d’Andelot. Son fils Claude-Ferdinand de Vilts devient seigneur de Chemilly en 1641.
Son successeur est Théodore de Custine, seigneur de Chemilly, à la fin du XVIIe siècle. En 1734 le château mis en vente. Le Comte Charles de Rosen est l'acheteur. Il a trois roses pour armoiries et entre en conflit ouvert avec le couvent. Vers 1750, le château est acquis par une autre famille : Les Damédor. C’est à François-Madeleine Damédor, comte de Mollans, que l’on doit la construction du pont en pierre sur le Durgeon, dont l'une des margelles est ornée d’une statue en pierre datée de 1752.
La zone de la basse cour est bien délimitée par ses murs, visibles sur le cadastre napoléonien. Les deux tours carrées médiévales et une petite échauguette cylindrique, en encorbellement à l'angle Nord de l'ancienne écurie du château, toutes trois munies de meurtrières, sont bien représentées sur le même cadastre daté de 1837. Les écuries, aujourd'hui transformées en habitation, ont été largement remaniées au XVIIIe siècle, ce dont témoignent des éléments rapportés tels que des linteaux datés de 1760 et de 1779. Des ouvertures en plein cintre desservaient un espace de stockage et de grangage. Les fenêtres ont elles-aussi été refaites au XVIIIe siècle. Du colza destiné à l'huilerie du village était stocké dans la grange au XXe siècle. A l’intérieur de la maison, le pavement, les larges dalles des escaliers et une cheminée proviennent du logis conventuel détruit et démembré vers 1975.
Le 4 août 1789, l'Assemblée Nationale décide de l'abolition des privilèges du clergé et de la noblesse. Le comte de Mollans fait partie des émigrés. Le château est fortement endommagé dans les années 1790.
Le toit-terrasse du donjon date de 1971-1972, au XIXe siècle existait un dôme métallique à sa place. Le reste du château a été largement remanié depuis le XVIe siècle. Deux tours ont été ajoutées au XVIIIe siècle à la partie Sud du château. Des caves traversent tout le bâtiment, du nord au sud.





Période(s)
Principale :
  • 15e siècle
  • 16e siècle
  • 17e siècle
  • 18e siècle
  • 19e siècle

Description


Du château médiéval il subsiste une bonne partie des murs d'enceinte, un donjon, deux tours carrées et une échauguette. La zone de la cour basse, séparée de la partie haute par une haute muraille, est ceinturée par des murs qui relient les différents bâtiments constituant les communs du château: les anciennes écuries, granges ou autres dépendances. Sur la muraille mitoyenne aux cours hautes et basses, se trouve une tour carrée percée d'ouvertures régulières. Elle servait de pigeonnier en partie supérieure, donnant sur la terrasse de la cour haute. Un escalier en vis dessert la tour, certaines marches en pierre sont percées chacune d'un trou central, circulaire et régulier dont la fonction précise demeure inconnue. Des meurtrières sont visibles dans la maçonnerie, ce qui confirme la vocation défensive initiale de la tour. Enfin, du côté du mur Nord, existe une vaste glacière voutée, creusée dans le sol et qui permettait de conserver la glace prélevée dans la rivière gelée. La glacière est desservie par des galeries souterraines qui reliaient la partie basse et la partie noble, en cour haute.
Les bâtiments de la cour haute sont entourés de végétation, situés au cœur d'un jardin. On pénètre dans le domaine par une grille encadrée de deux tourelles crénelées néo-gothiques. On jouit d'une vue dégagée sur la Saône et le Durgeon depuis la terrasse du château, donnant sur la cour basse. Du château médiéval ne subsiste que le donjon carré, crénelé et massif. Les murs du donjon font 3,10 mètres d'épaisseur. Les mâchicoulis ont une fonction décorative et évoquent le caractère autrefois défensif de la tour.
Murs :
  • calcaire
  • calcaire
  • moellon
  • pierre de taille
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre, escalier en vis, cage ouverte
  • escalier dans-oeuvre, escalier en vis, en maçonnerie

Source(s) documentaire(s)

  • Cadastre napoléonien, Chemilly, 1837
    Cadastre napoléonien, Chemilly, 1837. section A.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul
  • Chemilly, le château, vue d'ensemble prise de la Saône, rive droite
    Chemilly, le château, vue d'ensemble prise de la Saône, rive droite. Carte postale.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 11Fi148/3
  • Essai historique sur le château et sur le couvent de Chemilly
    Ployer, J, Vannier, F, Essai historique sur le château et sur le couvent de Chemilly, Vesoul, Imprimerie administrative de l'Est, 1891, 138 p.
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • La Haute-Saône, Nouveau Dictionnaire des Communes
    La Haute-Saône, Nouveau Dictionnaire des Communes, Tome II, Société d'Agriculture, Lettres, Science et Arts de la Haute-Saône, Vesoul, 1970
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US 148
  • Suchaux, Louis. Département de la Haute-Saône. Dictionnaire historique, topographique du statistique (de A à Lo) : vol. 1, 1991
    Suchaux, Louis. Département de la Haute-Saône. Dictionnaire historique, topographique du statistique (de A à Lo) : vol. 1 . - Paris : Res Universis, 1991
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US.4298
  • Jacques Mourant. Quelques seigneuries des environs de Port-sur-Saône, 2016
    Quelques seigneuries des environs de Port-sur-Saône / Jacques Mourant. - Haute-Saône Salsa, 99, mai-août 2016, p. 2-30
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon

Informations complémentaires

Thématiques :
  • val de Saône
Aire d’étude et canton : Val de Saône
Dénomination : château, demeure
Parties constituantes non étudiées :
  • communs
  • grange
  • écurie
  • glacière
  • basse-cour
  • tour
Carte interactive
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