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ABBAYE DE BÉNÉDICTINES ET DE BÉNÉDICTINS, PUIS SÉMINAIRE

70 - Faverney

place de la République

  • Dossier IA70000489 réalisé en 2012 revu en 2013
  • Auteur(s) : Carole Josso, Patrick Boisnard
Vue générale du cloître depuis le grand clocher sud-ouest. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


L'abbaye date pour l'essentiel du premier tiers du 18e siècle. Elle est la lointaine descendante d'un couvent de religieuses fondé au 8e siècle par Gude, soeur de Widrade, riche propriétaire bourguignon. Les religieuses observent la règle de saint Benoît. A sa mort survenue en 780, Gude est inhumée dans l'église abbatiale placée sous le vocable de Notre-Dame. Au 12e siècle, l'établissement en pleine décadence est donné par l'archevêque de Besançon, Anséric, à l’abbaye bénédictine de La Chaise-Dieu, dont il dépendra jusqu’en 1515. Dans les années 1620, des travaux importants sont réalisés dans l’église et les bâtiments claustraux sont reconstruits. En témoignent une dalle portant une inscription latine avec la date 1623 et le décor architectural des portes sous le porche de l’église.
A la suite des dégâts provoqués par le tremblement de terre de 1682, le quartier abbatial est reconstruit et agrandi au sud de l’église. Ces travaux ont été réalisés principalement sous l’abbatiat de Théodore Gourret du Clos, entre 1683 et 1733. Les plans des nouveaux bâtiments sont attribués à dom Vincent Duchesne. L'agrandissement du terrain disponible, par achats et par échanges, entraine l’intégration d’anciennes rues, comme celle des Moines au sud, et l’extension au-delà de l’enceinte urbaine, qu’il a fallu déplacer. Ces opérations immobilières sont réalisées entre 1672 et 1713, et un nouveau mur de clôture est alors construit, qui ne sera agrandi qu’à la veille de la Révolution, vers l’ouest de la cour d’entrée et l’ancienne rue Vannoise. Antoine Malbert est un des acteurs connus du chantier. De 1713 à 1733 sont édifiés trois corps de bâtiments rectangulaires au sud de l'église médiévale. En 1713, les travaux commencent par la grande aile sud, qui mesure plus de cent mètres de long (en trois endroits se lisent des sentences latines avec le millésime 1714). Puis ils se poursuivent avec l’aile est, dont la première pierre est bénie en septembre 1723, et l’aile ouest dix ans plus tard environ. En 1734, à la mort de l’abbé Gourret du Clos, l’ensemble du gros œuvre est achevé. Par la suite, les comptes de l’abbaye conservés montrent que des travaux sont réalisés régulièrement, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, jusqu’à la veille de la Révolution. Dans les premiers mois de 1789 sont encore enregistrées des dépenses importantes pour de nouveaux bâtiments, sans doute ceux qui flanquent la cour d’entrée à l’ouest. La bibliothèque a été aménagée à partir de 1782 et plusieurs dizaines de milliers de livres ont été dépensées pour acquérir des ouvrages de diverses provenances.
A la Révolution, vingt-deux moines bénédictins vivent à l'abbaye. Déclaré bien national, le couvent est vidé de son mobilier, de l’essentiel de ses décors et de ses livres. Après expertise, une partie de ces éléments est vendue en mai 1791. Les bâtiments du quartier abbatial sont alors achetés par la commune de Faverney. Les bâtiments conventuels et le parc sont tout d'abord utilisés comme succursale de la prison de Vesoul, en novembre 1793, puis sont transformés en hôpital militaire. L’ensemble est ensuite divisé en lots et vendu à des particuliers en l’an VI (1797-1798). Le cadastre ancien, établi en 1836, présente un parcellaire qui témoigne de destructions importantes. L’escalier ouest et l’emplacement de la galerie sud du cloitre détruite sont devenus des passages communs aux copropriétaires, par exemple. Un ensemble de dessins réalisés vers 1898 par Albert Petignat, élève de Gérome, et des photographies permettent de mesurer l’ampleur des dégradations : une partie de l’étage du grand corps de bâtiment sud a disparu et la galerie est du cloitre, qui subsiste, est murée.
Entre 1896 et 1908, l’ensemble du couvent (bâtiments et parc) est progressivement racheté par Marie Garret, qui en entreprend la restauration. Dans un premier temps, les bâtiments sont mis à la disposition des dominicaines de Châtillon-sous-Bagneux (Hauts-de-Seine) pour y créer un orphelinat. Par la suite, après la tenue en 1908 du congrès eucharistique célébrant le bicentenaire du "miracle des Saintes Hosties", Marie Garret offre l’ancienne abbaye au diocèse, qui y installe en 1911 le nouveau séminaire de philosophie. Cette affectation, qui a duré jusqu’en 1967, a entraîné quelques transformations et modernisations. Fermés en 1967, les bâtiments sont restés déserts jusqu'à leur rachat par plusieurs propriétaires privés.
Période(s)
Principale :
  • 1er quart 17e siècle
  • 1er quart 18e siècle
  • 2e quart 18e siècle
Date(s)
1623 : porte la date
1714 : porte la date
Auteur(s) & personnalité(s)

Antoine Malbert "maître appareilleur" est un des acteurs connus de la reconstruction des bâtiments conventuels de l'abbaye de Faverney à partir de 1713. Originaire de la Val Sesia dans le Milanais, il est présent en Franche-Comté au moins depuis 1719. On le rencontre sur d'autres chantiers d'abbayes dans l'est de la France, comme à La Charité et Montigny-les-Dames en Haute-Saône, les abbayes de Mureau dans les Vosges, de la Crète en Haute-Marne, de Haute-Seille en Meurthe-et-Moselle ou encore de Saint-Benoît-en-Woëvre dans la Meuse. A Faverney, Antoine Malbert, parfois qualifié d' "architecte de l'abbaye", semble occuper, au moins partiellement, les fonctions d'architecte d'exécution. A la tête d'un atelier, il est accompagné de ses deux frères, Pierre et Jean, dit le Jeune.

Date de naissance : 1650 - date de décès : 08/10/1724

Dom Vincent Duchesne, architecte, né à Besançon (Doubs) vers 1650, mort le 8 octobre 1724. Bénédiction de Saint-Vannes, il fit profession à Faverney.

- date de décès : 1733

Théodore Gourret du Clos : abbé de Faverney entre 1683 et 1733.

Description


L'abbaye se compose principalement de quatre corps de bâtiments délimitant la cour du cloître : l'église au nord et une aile longue de plus de 100 m au sud sont reliées par deux ailes en retour d'équerre, encadrées par la cour d’entrée à l’ouest et par une autre cour (appelée cour du Sapin à la fin du 18e siècle) à l’est. Construit en maçonnerie ordinaire de moellons enduits, l’édifice réserve la pierre de taille aux angles à refends, aux chambranles des baies, aux bandeaux et corniches. Tous les bâtiments comprennent un soubassement (rachetant la déclivité du terrain descendant vers la Lanterne) et un rez-de-chaussée surélevé, tous deux voûtés principalement d’arêtes sur piliers intérieurs ou élégantes colonnes d’ordre toscan, et enfin un premier étage surmonté de combles. Les élévations sont régulièrement percées de baies organisées en travées. La longue façade sud est seule animée de deux pavillons d’angles saillants et d’un avant-corps central. Les toits sont à longs pans, croupes et couverture de tuiles plates. A l'intérieur, à la jonction des trois corps de bâtiments s’élèvent deux amples escaliers, à trois volées droites tournantes portées par des colonnes autour d’un jour central. L’organisation intérieure sous l’ancien régime est connue : on sait par exemple que l’aile sud accueillait les réfectoires au rez-de-chaussée et les chambres des moines à l’étage, l’aile est la salle capitulaire et l’aile ouest la bibliothèque. Par ses dimensions imposantes, que traduisent notamment le développement des dortoirs (composés de chambres individuelles et de leurs annexes), et par l’ampleur des escaliers à caractère monumental, l’abbaye de Faverney, sans témoigner d’une recherche architecturale très raffinée, s’inscrit parmi les nombreuses constructions ou reconstructions monastiques, en France, de la première moitié du 18e siècle.
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • tuile plate
Etages :
  • étage de soubassement
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • étage de comble
Couvrement :
  • voûte d'arêtes
Elévation :
  • élévation ordonnancée
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie

Source(s) documentaire(s)

  • [Vues de l'] Ancienne abbaye de Faverney, 1898
    [Vues de l'] Ancienne abbaye de Faverney, dessins, par Albert Petignat, 1898
    - Ancienne abbaye de Faverney. Grande Porte de sortie de l'Abbaye, [1898]
    - Ancien couvent des Révérends Pères de Faverney. Entrée du grand escalier (côté ouest). Croquis, [1898]
    - En souvenir de Faverney. L'Ancien Couvent de Faverney (Aile du Nord). Croquis, [1898]
    - En souvenir de Faverney. L'Ancien couvent de Faverney. Aile du Levant dite Cour du Sapin, 1898
    - Ancien Couvent des Bénédictins de Faverney [angle de l'église et de l'aile est, depuis le cloître], [1898]
    - Ancien couvent des Bénédictins de Faverney, [1898]
    - Ancienne abbaye de Faverney. Croquis d'une porte située au midi avant l'angle des pilastres du grand Pavillon qui fait face à l'Est, [1898]
    - Ancienne abbaye de Faverney. Le Grand Escalier, [1898]
    - Ancienne abbaye de Faverney [...] Partie à découvert que l'on appelait communément à Faverney l'Asphalte et [qui] conduisait du Préau du Petit escalier qui conduit à la cour dite de l'hôpital, [1898]
    - En souvenir de Faverney. L'Ancien couvent de Faverney. Grande Aile du Midi, 1898
    - La Piscine. Couvent des Révérends Pères de Faverney, 1898
    - Le Préau [aile est, vestibule dit le préau, au sud], [1898]
    - Ancien couvent des Révérends Pères Bénédictins de Faverney, 1898
    - Ancienne abbaye de Faverney. C'est dans ce bâtiment que se trouvait autrefois la bibliothèque des Bénédictins, [1898]
    - Ancien Couvent des Bénédictins [...] Bâtiment historique XIIe et XIIIe, réparé au XIV et XVe siècle. En souvenir de Faverney, [1898]
    - Ancienne abbaye de Faverney [...] Porte du petit escalier, [1898]
    - En souvenir de Faverney. Entrée principale de l'Ancien Couvent de Faverney (1714), [1898]
    - DIVINO / EVCHARISTIAE SACREMENTO [inscription gravée sur le linteau d'une porte de la façade sud], [1898]
    Lieu de conservation : Archives diocésaines, Besançon - Cote du document : non coté
  • Sancta de l'abbaye de Faverney, 1920
    Sancta de l'abbaye de Faverney. Liqueur Merveilleuse de l'Abbaye de Faverney, affiche publicitaire, Noël 1920.
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Hamelin, Liliane ; Josso, Carole ; Boisnard, Patrick ; Déforet, Thomas. Faverney : petite cité comtoise de caractère, 2013
    Hamelin, Liliane ; Josso, Carole ; Boisnard, Patrick ; Déforet, Thomas. Faverney : petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2013. 88 p. : ill. (Parcours du patrimoine ; 384).
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US. 5118

Informations complémentaires

Thématiques :
  • petites cités comtoises de caractère
Aire d’étude et canton : Port-sur-Saône
Dénomination : abbaye, séminaire
Parties constituantes non étudiées :
  • jardin
Carte interactive
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