Télécharger la version PDF

CHAPELLE DU PARC

58 - Saint-Honoré-les-Bains

7 allée de la Chapelle

  • Dossier IA58001212 réalisé en 2019
  • Auteur(s) : Fabien Dufoulon
chapelle © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Les archives du château de La Montagne conservent un projet (dressé le 20 août 1871) et une lettre (datée du 7 novembre 1872) de l'architecte Émile Tarlier, inspecteur des édifices diocésains à Bourges. Dans la lettre adressée à Marie-Louis-Antonin de Viel de Lunas, marquis d'Espeuilles, on apprend que l'absence de chapelle dissuade les "ecclésiastiques auxquels les eaux seraient salutaires" de venir à Saint-Honoré-les-Bains. La présence de l'église paroissiale Saint-Loup semble complètement occultée, sans doute en raison de l'éloignement du bourg. Créer un lieu de culte propre au quartier thermal témoigne peut-être de la volonté de ne pas mêler les curistes et les habitants lors des offices. L'architecte met aussi en avant la nécessité de disposer d'un espace pour les veillées funèbres si un curiste venait à mourir dans l'un des hôtels. Cette chapelle funéraire, tendue de noir, occupe le bras droit du transept de l'édifice projeté. La construction de ce dernier est estimée entre 12 000 et 14 000 francs.
Pour une raison que l'on ignore, le projet de l'architecte n'est pas suivi. C'est une chapelle beaucoup plus modeste qui est en effet construite sur un terrain appartenant à Marie-Louis-Antonin de Viel de Lunas, marquis d'Espeuilles. Elle est bâtie par Rillot, constructeur à Autun, en 1874. Elle figure sur le Plan des bains et des environs (1875) dressé par l'architecte Pommeret. Le Guide à Saint-Honoré-les-Bains (1888) d'Eugène Collin rend compte de l'état de cette première chapelle, érigée à l'orée du bois des Garennes et composée d'un seul vaisseau et d'une petite sacristie greffée sur son flanc droit. L'édifice semble être en bois, et s'intègre de manière pittoresque dans le parc thermal. Marie-Louis-Antonin fait ajouter à ce premier édifice un chœur et un transept en 1893. Des cartes postales du début du 20e siècle montre l'état de l'édifice, composé du modeste vaisseau en bois et du transept saillant en maçonnerie. En 1899, la chapelle devient la propriété de la Société des Eaux thermales de Saint-Honoré. D'autres travaux sont attestés en 1913, et c'est donc vraisemblablement à cette date que la nef est reconstruite. La différence de traitement des élévations aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur révèle encore aujourd'hui le décalage chronologique entre les deux campagnes de construction. Les travaux à l'intérieur ont dû se poursuivre jusque dans les années 1920. Une carte postale ancienne de cette époque montre en effet que la charpente est encore apparente dans la nef, et que seul le couvrement du transept est lambrissé. La nouvelle sacristie, greffée au sud-est du chœur, a été remaniée plus tardivement encore.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
Date(s)
1893 : daté par source
1913 : daté par source
Auteur(s) & personnalité(s)

Date de naissance : 06/06/1825 - date de décès : 02/03/1902

Né à Montpellier. Élève de l'École des Beaux-Arts (1855), de Constant-Dufeux et de Vaudremer. Inspecteur des édifices diocésains de Bourges à partir du 31 décembre 1852. Membre de la Société centrale des Architectes à partir de 1879.

Description


La chapelle se situe sur le flanc nord de la colline des Garennes ; on y accède depuis l'allée de la Chapelle par un escalier extérieur. Elle est approximativement orientée. L'entrée est située en façade occidentale. Le plan en croix latine associe une nef à vaisseau unique de quatre travées, un transept saillant et un chœur composé d'une travée droite, de même largeur et de même hauteur que le vaisseau de la nef, terminée par un arc-triomphal et une abside. Le chœur est séparé du transept par une clôture basse ; l'ancien maître-autel se situe dans l'abside. Deux autels secondaires prennent place contre les murs orientaux des bras du transept. La sacristie est une construction hors-œuvre de plan circulaire à laquelle on accède par une porte depuis la travée droite du chœur.
L'édifice est principalement construit en granite (murs) et en calcaire pour le soubassement, les contreforts, les chaînes, les bordures de pignons, les appuis de baies et la croix du pignon de l’extrémité du bras gauche du transept. La brique est utilisée ponctuellement dans l'arc des baies de ce dernier. L'architecte a utilisé un décor à pans de bois dans la partie supérieure des murs du chœur et du transept ; ce décor consiste en une frise de croix de Saint-André en forme de sièges curules séparées par des aisseliers. Cette frise est absente dans les murs gouttereaux de la nef, ce qui trahit une recherche de simplicité lors de la dernière campagne de travaux. La nef et la travée droite du chœur sont couvertes d'un toit à longs pans, avec pignon couvert (côté façade) et demi-croupe (côté chevet) en ardoise. Ce toit est surmonté d'un petit campanile en charpente doté d'une cloche. Les bras du transept sont également couverts de toits à longs pans et pignons couverts en ardoise. L'abside est couverte d'une croupe ronde.
L'édifice s'élève à l'intérieur sur un seul niveau. L'espace est éclairé par douze grandes baies auxquelles s'ajoutent les trois petites baies de l'abside, couvertes d'arcs en plein cintre, et d'un oculus percé en façade. Sept baies, précisément celles des parties les plus anciennes de la chapelle, sont dotées de verrières ornementales. Les autres, plus récentes, sont fermées par un simple vitrage. Dans le chœur et le transept, les murs à l'intérieur sont couverts d'un placage en relief imitant un appareil de pierre. Dans la nef, ce décor est repris seulement sous forme d'enduit. L'ensemble est couvert par deux voûtes lambrissées brisées aplaties donnant l'impression de carènes renversées, à l'exception de l'abside couverte d'une voûte en cul-de-four peinte en bleu.
Les partis adoptés par l'auteur du chœur et du transept révèlent une recherche d'une architecture pittoresque, qui est déjà très nette dans le premier projet d’Émile Tarlier, et que l'on retrouve ensuite ailleurs dans le quartier thermal à la fin du 19e siècle. Cet effet est largement accentué, et peut-être même suscité, par le site choisi en bordure du parc thermal. Le bâtisseur de la nef, pour des raisons stylistiques ou économiques, n'a pas toujours été fidèle à ce parti, sans pour autant le remettre profondément en cause, dans les années 1910.
Murs :
  • granite
  • calcaire
  • bois
Toit :
  • ardoise
Plan :
  • plan en croix latine
Etages :
  • 1 vaisseau
Couvrement :
  • lambris de couvrement
Elévation :
  • élévation à travées
Typologie :
  • oculus
  • baie avec arc plein cintre
Décors :
  • menuiserie
  • maçonnerie

Frise de croix de saint André aux bras incurvés (motif de chaises curules) en pans de bois dans la partie supérieure des murs de l'abside et du transept.

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Nièvre. Cadastre de la commune de Saint-Honoré-les-Bains. [1832-1951].
    Archives départementales de la Nièvre. Cadastre de la commune de Saint-Honoré-les-Bains. [1832-1951].- Atlas parcellaire (1832) : 3 PP 246- État de section (1832) : 3 P 246/1- Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties : 3 P 246/2 (folio 1 à 380), 3 P 246/3 (folio 381 à 780), 3 P 246/4 (folio 781 à 1168)- Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1914) : 3 P 246/5- Matrice cadastrale dite « matrice noire » des propriétés bâties : 3 P 246/6- Matrices cadastrales des propriétés non bâties : 3 P 246/7, 3 P 246/8, 3 P 246/9
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Nièvre, Nevers - Cote du document : 3 P 246
  • Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains. [sans cote]. Carnet de Caroline de Bassano, épouse de Marie-Louis-Antonin de Viel de Lunas, marquis d’Espeuilles. [1872-1876].
    Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains. [sans cote]. Carnet de Caroline de Bassano, épouse de Marie-Louis-Antonin de Viel de Lunas, marquis d’Espeuilles. [1872-1876]. Manuscrit. 13,5 cm x 9 cm.
    Lieu de conservation : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains
  • Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains. [sans cote]. Lettre d’Émile Tarlier à Marie-Louis-Antonin de Viel de Lunas, marquis d'Espeuilles. 1872.
    Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains. [sans cote]. Lettre d’Émile Tarlier à Marie-Louis-Antonin de Viel de Lunas, marquis d'Espeuilles. 1872.
    Lieu de conservation : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains
  • Projet de chapelle. Plan. 20 août 1871.
    Projet de chapelle. Plan / Émile Tarlier. 20 août 1871. Dessin. Échelle 1/100. In : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains.
    Lieu de conservation : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains
  • Projet de chapelle. Élévation et coupe transversale. 20 août 1871.
    Projet de chapelle. Élévation et coupe transversale / Émile Tarlier. 20 août 1871. Dessin. Échelle 1/100. In : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains.
    Lieu de conservation : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains
  • Projet de chapelle. Coupe longitudinale. 20 août 1871.
    Projet de chapelle. Coupe longitudinale / Émile Tarlier. 20 août 1871. Dessin. Échelle 1/100. In : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains.
    Lieu de conservation : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains
  • Pommeret. Établissement thermal de Saint-Honoré. Plan des bains et des environs. 1875.
    Établissement thermal de Saint-Honoré. Plan des bains et des environs / Pommeret. 1875. In : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains.
    Lieu de conservation : Collection particulière : château de La Montagne, Saint-Honoré-les-Bains
  • Saint-Honoré-les-Bains. La Chapelle. [carte postale]. [s.d.].
    Saint-Honoré-les-Bains. La Chapelle. [carte postale]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.].
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre). Intérieur de la Chapelle du Parc. [carte postale]. [vers 1921].
    Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre). Intérieur de la Chapelle du Parc. [carte postale]. Besançon : Établissements C. Lardier, [vers 1921].
    Lieu de conservation : Collection particulière
  • Collin, Henry. Guide à Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre). 1888.
    Collin, Henry. Guide à Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre). Paris : H. Lecène et H. Oudin, 1888. 350 p.
  • Delarue, Monique, Ducros, Henri, Fréguin, Michel, Olivier, Henri. Saint-Honoré-les-Bains. 2005.
    Delarue, Monique, Ducros, Henri, Fréguin, Michel, Olivier, Henri. Saint-Honoré-les-Bains. Saint-Cyr-sur-Loire : Alan Sutton, 2005. Mémoire en images, ISSN 1355-5723. 128 p. ISBN 2-84253-539-1.
  • Dufoulon, Fabien. Saint-Honoré-les-Bains, station thermale de montagne ? Thermalisme et villégiature dans le Morvan des années 1850 aux années 1930. 2020.
    Dufoulon, Fabien. Saint-Honoré-les-Bains, station thermale de montagne ? Thermalisme et villégiature dans le Morvan des années 1850 aux années 1930. In : Colloque (13-14 juin 2019 ; Pau). Thermalisme et patrimoines dans les zones de montagne en Europe du XVIIIe au XXIe siècle. Pau : Presses de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2020. ISBN 2-35311-120-3. 164 p. p. 39-47.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
Aire d’étude et canton : Bourgogne-Franche-Comté
Dénomination : chapelle
Carte interactive
Haut de page