FERME ET ATELIER DE FOURNITURES POUR L'HORLOGERIE GUIGON ET CUENOT

25 - Les Écorces

  • Dossier IA25001164 réalisé en 2013
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Façades sud et est. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La ferme a été bâtie en 1783 : l'arc (refait en béton) de l'entrée au 17 bis porte cette date avec les initiales IBM, CIM et BAB, vraisemblablement pour Jean Baptiste Mairot (1747-1829), Claude Joseph Mairot (1745-?) et Barbe Agnès Bouhelier leur mère (1716-1796). Elle appartient en 1812 au maire Jean Baptiste Mairot puis passe en 1837 à la famille Guigon : Aimable Victor (1795-1864), installé à Charquemont, puis en 1868 à deux de ses treize enfants Célestin (1827-1903) et Édouard (1824-?), ce dernier étant comme beaucoup simultanément paysan et horloger (certains de ses frères - Sidoine, Justin et Arsène - sont d'ailleurs horlogers à Charquemont).
La moitié nord du bâtiment, dévolue à Célestin, reste dans la famille. Elle est agrandie dans l'angle nord puis dotée entre 1945 et 1951 d'une remise agricole (remplaçant une petite remise en bois déjà existante). Tenue en dernier par Maurice Guigon puis par son fils Paul, cette ferme cesse ses activités en 1992. Elle sert actuellement d'habitation mais, dès l'entre-deux-guerres, un appartement était loué à l'étage, notamment aux demoiselles Guyot qui y polissaient des "écorces" de cylindre (l'écorce est la paroi du cylindre, l'une des pièces de l'échappement du même nom).
L'autre moitié du bâtiment est acquise en 1896 par Charles Cuenot (1859-1950), qui possède quelques vaches et y fabrique, dans un atelier situé dans l'angle sud, des fournitures pour l'horlogerie (roues de cylindre) vendues aux sociétés Rotschi de Maîche, Bessot de Charquemont, etc. Employant quelques personnes seulement, il utilise une presse à balancier pour réaliser le découpage de la rondelle (ou virole) dans une bande d'acier et la fabrication des bras (ou croisées), les autres opérations étant sous-traitées à des habitants du village travaillant chez eux, "sur la fenêtre". L'éclairage est assuré par un générateur d'acétylène, l'énergie est humaine (marchepied) puis fournie par un moteur à essence placé à l'extérieur. Charles développe son affaire en faisant construire pour ses enfants, de 1914 à 1919, juste à côté (au 19 Grande Rue) une maison dotée d'un atelier. La fabrication des roues de cylindre cesse dans la moitié sud de la ferme à la fin des années 1940 ou au début des années 1950, au moment où l'échappement à cylindre est supplanté par celui à ancre. Cette partie passe à son gendre Marc Feuvrier qui, après avoir fabriqué des boutons de manchettes, est revenu à l'horlogerie avec la justification des roues de cylindre. Marc a été embauché en 1930 comme chef de fabrication des roues de cylindre par Henri Rotschi, directeur de la Société d'Horlogerie de Maîche, puis a occupé un poste important chez Victorin Frésard, à Charquemont. En 1943-1944, il vend les vaches qui restent et part tenir un café à Bonnétage. Son fils Bertrand, né en 1924, fabrique à la même période (1948-1949) dans le comble du 19 Grande Rue des montres sous la marque Eclair. Il travaille ensuite, de 1949 à 1955-1956, à Villers-le-Lac (il y est associé au dirigeant de la maison Alix Michel en 1949 et 1950). Puis il est embauché par la société Haenni, de Charquemont, qu'il quitte en 1984 pour partir en retraite. Cette moitié du bâtiment est tenue par une fille de Bertrand, qui y a aménagé son appartement et un gite.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 18e siècle
Secondaire :
  • 2e quart 20e siècle
Date(s)
1783 : porte la date

Description


Le site se compose du bâtiment de ferme, doté d'une extension ancienne dans l'angle nord-est, et d'une remise agricole contre laquelle s'appuie un garage. La ferme a des murs en moellons calcaires enduits partiellement protégés à l'ouest par un essentage de planches, la remise est en parpaings de béton avec enduit partiel, le garage en pan de bois avec essentage de planches. Ferme et remise sont coiffées par un toit à longs pans et pignons couverts, garage et extension par un toit en appentis. La couverture est en tuiles mécaniques sauf sur l'extension, où elle est métallique. Le bâtiment principal compte un sous-sol, accessible par un escalier extérieur ouvrant la façade orientale, un étage carré et un étage en surcroît surmonté d'un comble ; ces niveaux sont desservis par un escalier dans-oeuvre et une levée de grange sur la façade nord. La façade orientale est encadrée par deux coches (murs pare-vent) symétriques s'achevant par un chapiteau, la partie haute occupée par une lambrichure chantournée. L'atelier d'horlogerie se trouvait dans l'angle sud-est, le mur sud étant ouvert par trois fenêtres (dont deux jumelées).
Murs :
  • calcaire
  • bois
  • béton
  • moellon
  • pan de bois
  • parpaing de béton
  • enduit
  • essentage de planches
  • enduit partiel
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
  • étage de comble
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre
Typologie :
  • coche
  • baie horlogère

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 215 Cadastre de la commune des Écorces (1812-1962)
    3 P 215 Cadastre de la commune des Écorces (1812-1962)- 3 P 215/1 : Registre des états de sections (1812)- 3 P 215/2-3 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties (1823-1914)- 3 P 215/4 : Matrices cadastrales des propriétés bâties (1882-1910)- 3 P 215/6 : Matrices cadastrales des propriétés bâties (1911-1962)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 215
  • 50 J 25 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1948-1965
    50 J 25 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1948-1965
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 50 J 25
  • 50 J 33 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1947-1979
    50 J 33 Syndicat de fabricants d'horlogerie de Besançon. Correspondance avec les fabricants, 1947-1979
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 50 J 33
  • Contrat de travail de Marc Feuvrier, 23 mai 1930
    Contrat de travail de Marc Feuvrier, 23 mai 1930
    Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Simonin, Maîche
  • 3 P 703 Plan cadastral parcellaire de la commune des Écorces, 1812
    3 P 703 Plan cadastral parcellaire de la commune des Écorces [...] terminé sur le terrain le 8 mai 1812 [...] par M Philibert géomètre du cadastre
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 703
  • Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle)
    Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle). Consultables en ligne via le site du Géoportail (www.geoportail.gouv.fr)
  • [Léon Cuenot travaillant "sur la fenêtre" ("préparage" des dessous de montre)], vers 1962
    [Léon Cuenot travaillant "sur la fenêtre" ("préparage" des dessous de montre)], photographie, s.n., s.d. [vers 1962], tirage photographique 18 x 24 cm
    Lieu de conservation : Collection particulière : Albert Cuenot, Les Ecorces
  • Prost, André. Recherches généalogiques
    Prost, André. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org
  • Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome II. Autour de Maîche et Belleherbe, 1990
    Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome II. Autour de Maîche et Belleherbe, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1990. 231 p. : cartes postales ; 31 cm.
  • Cuenot Albert et sa femme, née Morel (témoignage oral)
    Cuenot Albert et sa femme (née Morel), anciens horlogers, société Léon Cuenot et ses Fils. Les Ecorces
  • Donzé Jacques (témoignage oral)
    Donzé Jacques, ancien horloger, historien de Charquemont
  • Feuvrier Bertrand et sa femme, née Morel (témoignage oral)
    Feuvrier Bertrand et sa femme (née Morel), anciens horlogers. Les Ecorces

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Dénomination : ferme, atelier
Parties constituantes non étudiées :
  • logement
  • atelier de fabrication
  • fenil
  • étable à vaches
  • garage
  • citerne
  • rampe d'accès
  • remise
  • remise agricole
Carte interactive
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