MAISON ET ATELIER D'HORLOGERIE DE LUCIEN GALLIOT

25 - Charquemont

10 rue de l' Eglise

  • Dossier IA25001302 réalisé en 2014
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Façades antérieure et latérale droite. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La maison (cadastrée E 69) est bâtie vers 1886 pour Lucien (Joseph François Lucien) Galliot, qui y a son atelier d'horlogerie. Né à Saint-Hippolyte en 1842 et mort à Charquemont en 1919, il apprend dans sa jeunesse à fabriquer les roues de cylindre chez un horloger nommé Bernard, "qui habitait une ferme derrière l'église", et devient le meilleur de la région pour cette production. Il serait d'ailleurs, selon une tradition locale, l'auteur de la plus petite roue de ce type (2,3 mm de diamètre) : installée dans un assortiment à cylindre minuscule dû à Léon Feuvrier (établi au 16 Grande Rue), c'est l'un des composants d'une montre commandée avant 1914 par la maison Chatelain-Corneille (au 28 Grande Rue) et destinée, via le fabricant suisse Paul Distisheim, à l'impératrice d'Autriche. La vente de son matériel après décès, le 27 octobre 1919, comporte pas moins de "14 petits tours à finir les roues, 2 machines à tailler les pignons, 6 tours à polir les roues, [...] 2 petits tours de mécaniciens, 2 machines à tailler les roues de cylindres, 2 meules india montées sur tours, 1 balancier à croiser les roues, [...] 2 machines à amincir les taillages [...]", actionnées par un moteur électrique d'un huitième de cheval. Les propriétaires suivants sont l'horloger Constant Villemain et sa femme Alphonsine Jacquet. Villemain a un frère, marié à une demoiselle Régnier, et cette homonymie avec la société Henri Vuillemin-Régnier et ses Fils (17-19 rue Victor Hugo) aurait conduit cette dernière à changer un temps de nom pour Henri Vuillemin et ses Fils. Louis Cheval (installé au 15 rue Victor Hugo) y travaille quelques temps chez un finisseur de roues. Actuellement, la maison abrite plusieurs logements.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 19e siècle

Description


La maison a des murs en moellons calcaires enduits et un toit à longs pans, pignons couverts et couverture en tuiles mécaniques. Elle comporte un sous-sol, un étage carré et un étage en surcroît, desservis par un escalier dans-oeuvre, et présente en façade une fenêtre horlogère. La dépendance accolée au nord (coiffée d'un appentis) associe moellons calcaires enduits et essentage de planches tandis que les parois du garage ne sont qu'en planches (sur un pan de bois) ; leur couverture est également en tuiles mécaniques.
Murs :
  • calcaire
  • bois
  • moellon
  • pan de bois
  • enduit
  • essentage de planches
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre
Typologie :
  • baie horlogère

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963
    3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963- 3 P 128/1 : Registre des états de sections (1812)- 3 P 128/2-3 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties [1823-1906]- 3 P 128/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910)- 3 P 128/8-9 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1963)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 128
  • Affiche annonçant la vente du matériel et du mobilier de Lucien Galliot à Charquemont le lundi 27 octobre 1919
    Affiche annonçant la vente du matériel et du mobilier de Lucien Galliot à Charquemont le lundi 27 octobre 1919
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au XIXe siècle, 1984
    Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au 19e siècle. - Besançon : Technicmédia, 1984. 328 p. : ill. ; 28 cm.
  • Guillaume, Charles-Edouard. Montre minuscule, 1899
    Guillaume, Charles-Edouard. Montre minuscule. La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 27e année, 1899 (1er semestre), p. 162. Voir en annexeDocument accessible sur internet : http://cnum.cnam.fr/CGI/gpage.cgi?p1=162&p3=4KY28.52%2F100%2F532%2F0%2F0
  • Donzé Jacques (témoignage oral)
    Donzé Jacques, ancien horloger, historien de Charquemont

Informations complémentaires


Guillaume, Charles-Edouard. Montre minuscule. La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 27e année, 1899 (1er semestre), p. 162.

Nous ne pensons point être démenti en affirmant que la montre exécutée par M. Paul Ditisheim, horloger à La Chaux-de-Fonds, détient jusqu'ici le record de la petitesse, et constitue une merveille que beaucoup d'horlogers eussent considérée comme irréa1isable.
Cette montre a un calibre de trois lignes, c'est-à-dire que le diamètre extérieur du mouvement est de trois lignes pied de roi, ou de 6,75 mm. Le mouvement entier pèse 95 centigrammes. Chaque pièce de la montre est un chef-d'œuvre d'habileté. La roue d'échappement, par exemple, pèse trois quarts de milligramme. Le spiral, dont le diamètre est de 1,78 mm, ne pèse qu'un dixième de milligramme. Le diamètre extérieur du cylindre est de 0,35 mm et son épaisseur de 0,03 mm. Le balancier, bien que son diamètre soit de 3,57 mm, pèse 1,75 mg. Il fait 18 152 oscillations à l'heure, et un point de son pourtour parcourt près de 3 kilomètres par jour.
Tout cela serait déjà fort beau si la montre était un simple modèle réduit dont la construction eut été simplement destinée à mettre à l’épreuve l'habileté de plusieurs maîtres de la miniature. Mais ce qui est plus extraordinaire, c'est que la montre marche, et peut, lorsqu'elle est fraîchement nettoyée et pourvue d'huiles neuves, faire ses 28 heures sans être remontée. Dès que l'huile s'épaissit, la durée de marche baisse, descend jusqu'à 15 ou 16 heures, et tandis que le ressort serait encore susceptible de donner au balancier ses impulsions, celui-ci, trop fortement amorti par le frottement, n'a plus l'amplitude suffisante pour laisser passer la roue d'échappement.
Nous retrouvons ici l'éternelle guerre des carrés et des cubes, l'énergie du ressort étant proportionnelle au cube qu'il peut remplir dans le barillet, tandis que les surfaces frottantes ne diminuent qu'avec le carré des dimensions. De plus, les forces capillaires, insignifiantes dans les dimensions considérables, deviennent prépondérantes dans les organismes minuscules.
Au-dessous d'une certaine dimension, la marche d'une montre serait théoriquement impossible. La montre trois lignes de M. Paul Ditisheim n'est peut-être pas très éloignée de la limite théorique.
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : maison, atelier
Parties constituantes non étudiées :
  • logement
  • logement
  • atelier de fabrication
  • dépendance
  • garage
  • jardin
Carte interactive
Haut de page