Filature et tissage de coton Les Fils de Pierre-Louis Sahler dite filature des Neuf Moulins, puis Sahler Frères, puis Sahler, Berger, Courant et Cie, puis Berger-Sahler, puis société des Filatures et Tissages Japy, actuellement ateliers municipaux ⋅ Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté

Historique

Le moulin du Bas est attesté sur la carte de Cassini en 1760. Qualifié de Neuf Moulins, il est vendu comme bien national à divers propriétaires en 1793. En 1823, Pierre-Louis Sahler rachète les parts et transfère l'établissement hydraulique à quatre de ses fils réunis en 1825 dans la société "Les Fils de Pierre-Louis Sahler". Une filature de coton de quatre étages est construite sur la rive gauche d'un bief de l'Allan. Par la suite, un tissage mécanique de coton est bâti à l'emplacement du moulin, démoli en 1834 ou 1835. Le régime hydraulique de l'usine est réglementé par deux ordonnances royales des 2 février 1841 et 25 juin 1843. En 1855, suite au retrait de Louis et Ferdinand, Henri Sahler reste seul à la tête de l'usine. En 1866, ses frères Edmond et Alphonse lui succèdent sous l'appellation "Sahler Frères". La filature est modernisée en 1856 et équipée de métiers self-acting, alors que les machines de préparation (cardes, étirage) sont renouvelées en 1859-1860. En 1861, l'établissement emploie 235 ouvriers et fabrique 225 t de filés et de tissu avec 7000 broches et 200 métiers à tisser. En 1870, la filature produit 260 t de filés (n° 8 à 37) avec du coton provenant à 40% de l'Amérique, à 30% d'Inde et à 30% du Levant. Le tissage, dont les métiers ont également été renouvelés en 1868, fabrique des cretonnes, velours, moleskines, etc. En 1883, l'usine est reprise par la société Sahler, Berger, Courant et Cie, qui exploitent aussi l'usine voisine de Sainte-Suzanne (aujourd'hui disparue). L'usine textile des Neuf Moulins est complètement détruite par un incendie en 1891. L'année suivante, Henri Berger prend seul la tête de la nouvelle société Berger-Sahler, laquelle procède à la reconstruction de l'usine. Vers 1920, l'usine produit annuellement 200 t de filés gros et 350 000 m de tissus lourds (moleskines, croisés chaîne double et gros croisés). La société change encore deux fois de nom ("Filature Veuve Berger des Neuf Moulins" en 1913 et "Filature et tissage des Neuf Moulins" en 1927), avant d'être acheté en 1937 par la société des Filatures et Tissages Japy, qui exploitent les usines d'Audincourt (IA00014832), d'Exincourt (IA00055303), et de Baume-les-Dames. L'usine textile cesse son activité en 1959. Les bâtiments ont été achetés en 1965 par la commune de Montbéliard et convertis en ateliers municipaux. De nouveaux bâtiments ont été construits à cet effet dans le dernier quart du 20e siècle.

Données techniques
La filature construite dans les années 1820 est équipée de matériel de la société Risler et Dixon, à Cernay (68). L'arrêté préfectoral du 4 décembre 1834 autorise l'usage d'une machine à vapeur de 20 ch utilisée comme moteur auxiliaire d'une roue hydraulique de la filature. En 1841, demande de faire usage d'une machine à vapeur de 16 ch dans leur tissage mécanique. En 1849, demande de Sahler Fils de faire usage d'une nouvelle chaudière pour la machine à vapeur de 18 ch, réitérée en 1861 pour deux nouvelles chaudières. En 1852, deux turbines de 40 ch et deux machines à vapeur de 36 ch mettent en roulement 34 continus à filer et 168 métiers à tisser. En 1870, la filature et le tissage utilisent deux machines à vapeur de 30 et 90 ch qui mettent en action 10300 broches (métiers self-acting) et 90 métiers à tisser. A sa reconstruction en 1892, l'usine est équipée de 6400 broches et 80 métiers à tisser. En 1923, elle utilise 260 ch produits par la force hydraulique et 180 ch produits par une machine à vapeur.

Données sociales
En 1870, la filature emploie 12 ouvriers pour le fonctionnement de 1000 broches. L'usine textile emploie 360 ouvriers en 1859, environ 180 en 1870, 120 en 1914, 100 pendant la Première Guerre et en 1926.

Période(s)

Principale :

4e quart 19e siècle
4e quart 20e siècle

Illustrations

Afficher toutes les images (20)

Description

Construits en moellon de calcaire enduit, les ateliers de fabrication sont pourvus de charpente en bois avec poteaux en fonte, et couverts de sheds en tuile mécanique. Les adjonctions postérieures sont construites en ossature métallique, avec hourdis de parpaing de béton, couvertes de toit en ciment amiante. Le bâtiment donnant sur la rue (logement ou bureau ?) est pourvu d'une élévation à travées, avec un étage carré. Il est couvert d'un toit à longs pans en tuile mécanique, et ses baies sont couvertes d'arcs segmentaires en grès. Le bâtiment construit dans son prolongement occidental (à fonction inconnue) est ajouré d'ouvertures en grès couvertes d'arcs en plein-cintre. Il est pourvu d'un étage de soubassement et d'un étage carré, couvert d'un toit à croupe. Construit en moellon de calcaire enduit avec un décor de faux pan de bois, le logement patronal possède un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré, et est couvert d'un toit à croupes en tuile mécanique. Une dizaine de maisons ouvrières sont alignées le long du faubourg de Besançon, au nord-ouest de l'usine. Il s'agit de maisons individuelles construites en rez-de-chaussée.

Murs :

calcaire
béton
moellon
parpaing de béton
enduit

Toit :

tuile mécanique
verre en couverture
ciment amiante en couverture

Etages :

étage de soubassement
1 étage carré
2 étages carrés

Couvrement :

charpente métallique apparente
charpente en bois apparente

Elévation :

élévation à travées

Energie utilisée :

énergie hydraulique
énergie thermique
énergie électrique
produite sur place
produite sur place
achetée

Source(s) documentaire(s)

Documents d’archives

Documents figurés

Montbéliard - Les usines Sahler.
Montbéliard - Les usines Sahler. Carte postale., s.n., s.d [fin 19e ou début 20e siècle]
Lieu de conservation : Archives communales, Montbéliard - Cote du document : 20Fi707
Machine à vapeur.
Machine à vapeur. Photogr., s.n., s.d [vers 1942]
Lieu de conservation : Archives communales, Montbéliard
Bobinage.
Bobinage. Photogr., s.n., s.d [milieu 20e siècle]
Lieu de conservation : Archives communales, Montbéliard
Ouvrière devant un ourdissoir.
Ouvrière devant un ourdissoir. Photogr., s.n., s.d [milieu 20e siècle]
Lieu de conservation : Archives communales, Montbéliard
Contrôle du tissu (?).
Contrôle du tissu (?). Photogr., s.n., s.d [milieu 20e siècle]
Lieu de conservation : Archives communales, Montbéliard

Bibliographie

Annuaire du Doubs pour 1852. – Besançon : impr. Outhenin-Chalandre.
Annuaire du Doubs pour 1852. – Besançon : impr. Outhenin-Chalandre.
Guth, Charles. Les familles Sahler et Berger dans l’industrie cotonnière au Pays de Montbéliard, manuscrit, 6 f.
Guth, Charles. Les familles Sahler et Berger dans l’industrie cotonnière au Pays de Montbéliard, manuscrit, 6 f.
Cusenier, Elisée. Les associations agricoles du Doubs, 1923
Cusenier, Elisée. Les associations agricoles du Doubs. Le département du Doubs. - [S.l.] : [s.n.], 1923, p. 29 : ill. N° spécial de « L’Illustration économique et financière », supplément du 4 août 1923.
Les patrons du Second Empire : Franche-Comté, 1991.
Mayaud, Jean-Luc. Les patrons du Second Empire : Franche-Comté. - Paris : Picard, 1991.
Sahler, Léon. L’industrie cotonnière et ses origines au pays de Montbéliard. In : Société d'Emulation de Montbéliard, 1903.
Sahler, Léon. L’industrie cotonnière et ses origines au pays de Montbéliard. In : Société d'Emulation de Montbéliard, 1903.
Poletto, Elodie. L’architecture des « châteaux » des industriels dans le Pays de Montbéliard et dans ses environs (1850-1914), mémoire de maîtrise, 1996.
Poletto, Elodie. L’architecture des « châteaux » des industriels dans le Pays de Montbéliard et dans ses environs (1850-1914). - Strasbourg : Faculté des Sciences humaines, Mémoire de maîtrise, 1996.

À voir

Informations complémentaires

Thématiques :

patrimoine industriel du Doubs

Aire d’étude et canton : Pays de Montbéliard (le)

Hydrographie : bief de dérivation de l' Allan

Dénomination : filature, tissage