LES MAISONS ET LES FERMES DE FAVERNEY

70 - Faverney

  • Dossier IA70000618 réalisé en 2012 revu en 2018
  • Auteur(s) : Liliane Hamelin
Maisons, rue d'Enfer (en direction de la rue de l'Official). © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Jusqu’à l’époque moderne, l’enceinte protège un bourg modeste qui ne dépasse pas 500 habitants. Essentiellement cultivateurs, vignerons et journaliers, ils s’occupent presque exclusivement aux travaux agricoles. La vigne est présente jusqu’à la fin du 19e siècle, laissant des empreintes dans le paysage (terrasses et caborde route de Mersuay) et dans la toponymie (les Vignes Jeanne, le Vergerot, le chemin des Vignes).
Construites sur des parcelles enserrées entre deux rues, généralement étroites, les fermes sont de petite dimension et présentent le plus souvent deux travées sur le mur gouttereau parallèle à la rue, dégageant une cour à l’arrière (9 - voir IA70000603 -, 23 et 25 Grand Rue ; 2, 3 et 5 rue Arago). Le corps de logis comporte parfois un étage sur un rez-de-chaussée surélevé au-dessus d’une cave (ensemble de fermes Grande Rue face au square). Certaines ont gardé leurs baies à jambages moulurés, meneau et linteau en accolade (25 Grand Rue et rue Rollin). S’y ajoute une travée agricole avec une grange et une « écurie » (nom local pour désigner l’étable à vaches) en fond de grange. Le comble est éclairé par des baies oblongues (27 Grande Rue) et le bâtiment est protégé par un toit à longs pans recouvert de tuiles en écaille. Lorsque la parcelle est suffisamment ample, la ferme se dote d’une troisième travée occupée alors par l’écurie sur le mur gouttereau (5 rue Bossuet). Exceptionnellement, si le logis occupe deux travées, l'entrée de l'écurie est rejetée sur le côté de la ferme et rejoint l'arrière de la grange (12 rue Bossuet).
La porte d’entrée donne sur un couloir traversant qui dessert le logement, les parties agricoles et la cour. La cuisine, ouverte sur la rue, est équipée d’une cheminée et d’une pierre d'évier, dont la sortie appelée « goulotte » ne subsiste qu’à de très rares exceptions. Au-dessus de l’évier est aménagée une ouverture circulaire, le « beuillot », qui peut aussi éclairer l'escalier intérieur. Contigüe à la cuisine, une pièce lambrissée comportant une alcôve et un poêle (qui a donné son nom à la pièce) s’ouvre sur la cour. Un escalier dans-œuvre en bois distribue deux chambres à l’étage, la première sur rue et la seconde sur cour. Perpendiculaire à la rue, la cave au sol de terre battue est voûtée en berceau. Son entrée s’effectue sur rue ou sur cour par un escalier droit en pierre ; les plus anciennes portes, couvertes d’un arc en plein-cintre à ressauts délardés formé de deux ou trois rouleaux, sont particulièrement soignées. Des placards sont aménagés dans le mur opposé à l’entrée et un puits est généralement creusé dans un angle, à proximité de l’escalier.
La travée agricole est repérable à la forme cintrée de sa porte de grange ouverte en façade. De petite dimension, l’écurie au sol pavé n’accueille que trois ou quatre vaches et un cheval placé dans un box à part.

Les maisons les plus modestes s’élèvent essentiellement rue des Ruaux (9, 11, 19, 21 et 23), mais également rue Catinat, Grande Rue (8 et 10), rue Arago (8) et rue d’Enfer. Construites sur un étage carré, elles sont constituées d’une ou deux pièces communicantes au rez-de-chaussée, d'une chambre à l’étage et éventuellement d’une petite cave plafonnée.
En revanche, les maisons bourgeoises et nobles se distinguent des précédentes par leur situation dans la ville, leurs dimensions, leurs matériaux et leur décor. Celles des 17 (IA70000495) et 19 rue Thiers, par exemple, s’élèvent sur la place centrale du bourg. Leurs façades, très remaniées, présentent encore de beaux éléments de décor du 16e siècle (fenêtres de l’étage soulignées par un cordon, linteaux en accolade). La maison au 17 rue Thiers se distingue par sa porte d’entrée au linteau armorié richement décoré, surmontée d’une statue polychrome de la Vierge à l’Enfant. Couverte par un dais de pierre sculpté plus tardif, cette dernière repose sur une console historiée (console et dais sont des remplois). Sur les trois faces visibles du socle de la statue est gravée l'inscription : A.L.D. / P. NOBLOT / 1660 (P. Noblot est l’un des douze prudhommes nommés par les échevins le 13 avril 1654). Sur la façade postérieure, en position centrale, se dresse une tour d’escalier en vis demi-hors-œuvre.
Ce type d’escalier est présent dans d’autres maisons du bourg, comme au 1 place de la Mairie (voir IA70000600). Ici, la porte d’accès à la tour, visible sur la façade latérale, est surmontée d’un médaillon sur lequel est gravé : TEMPERANCE L.T. 1585. L’escalier en vis de la maison dite Tour des Bourgeois, au 11 rue Thiers, s’inscrit dans une tour de plan carré. Très large et positionné à l’articulation de trois bâtiments, il dessert trois étages. Sa tour, la plus haute du bourg, est visible depuis le « treige » voisin. Contrairement aux précédentes, la maison dite des Hôtes, au 2 place Sainte-Gude (IA70000521), renferme derrière la façade donnant sur la place un escalier en vis dans-œuvre en position centrale. Elle se distingue par sa situation, ses dimensions et son décor. Elevée face à l’église abbatiale, elle présente une large façade sur pignon, datée du 16e siècle, dont deux grandes baies ont conservé leurs croisées. Sur la rue Thiers, la façade symétrique reconstruite au 18e siècle témoigne de la division à cette époque du bâtiment en deux logements.

Les aménagements du 18e siècle mettent en lumière le manque d’espace constructible à l’intérieur du bourg, d’autant que la population ne cesse d’augmenter. En 1793, Faverney compte 1 226 habitants, 1 300 en 1804 et 1 550 en 1857. De nouvelles maisons apparaissent au nord, en bordure de l’enceinte fortifiée, sur des terrains encore vierges ou peut-être laissés libres à la suite de destructions : 3 place de la Mairie (IA70000616), 13 rue Arago (IA70000528), angle de la rue Arago (n° 15 et 17) et de la place Vauban (n° 1, 3 et 5 - voir IA70000670). Ces maisons présentent des similitudes : elles possèdent deux étages carrés et un toit à larges croupes, et abritent au moins deux logis. Certains éléments sont particulièrement soignés, comme la porte d’entrée du logis cantonnée de deux pilastres à chapiteau dorique et linteau à ressauts au 1 place Vauban, ou les baies en arc segmentaire ornées d’une clef ouvragée que l’on trouve aux 13 et 17 rue Arago ou au 3 place de la Mairie, ou encore le bandeau sur lequel s’appuient les fenêtres du premier étage du 3 place de la Mairie. A ces maisons sont parfois accolées des parties agricoles (1 place Vauban, 2 rue du Général Rebillot). La demeure située au 13 rue Arago présente la particularité d’avoir les siennes dissociées, abritées dans un bâtiment sur cour à l’arrière de l’édifice : le cadastre de 1834 fait état de « maison, bâtiments ruraux et aisances ».
D’autres maisons sont remaniées au cours du 19e siècle, comme par exemple celle au 11 place de la Mairie (IA70000617) ou au 39 Grande Rue (dite des Ducs de Bourgogne - voir IA70000502). A cette époque, la destruction d’une habitation place Vauban ouvre un chemin en direction de Menoux et de Mersuay. Elargi, il deviendra la rue Molière bordée, après une première maison de notable (au n° 1 - IA70000599), d'habitations modestes entourées de jardins avec vue sur le canal. A la suite du démantèlement de l'enceinte dans la seconde moitié du 18e siècle, le bourg s’est étendu au-delà des fortifications par la construction (en 1754) d'une caserne, face à un espace libre destiné à former une place d'armes (actuelle place du Général de Gaulle). La construction des maisons le long de cette place s'échelonne de la fin du 18e siècle - 1786 pour la maison à l'angle de la rue du Général Détrie (IA70000536) - à la fin du 19e siècle - 31 (IA70000538), 33 et 35 (IA70000537) place du Général de Gaulle -, mêlant demeures cossues et maisons plus modestes - 29 (IA70000539) et 27 place du Général de Gaulle. Ces dernières possèdent cependant des éléments soignés : corniche en pierre, chaînage d'angle à l'imitation de la pierre de taille, encadrement des baies peints de couleur blanche côté rue. Leur façade postérieure est exposée au sud, sur des jardins potagers. Ces bâtiments, aux élévations à travées, sont construits sur une cave (généralement voûtée en berceau), avec un rez-de-chaussée surélevé (auquel on accède par un perron de quelques marches côté rue), un étage carré et un étage de comble. La porte d'entrée ouvre sur un couloir traversant, qui conduit au jardin. Un escalier, généralement droit et en menuiserie, dessert l'étage. Si les encadrements sont repeints par un enduit blanc côté rue, le revers est souvent resté en l'état : des pierres de taille non enduites, habituellement de couleur jaune (29 place du Général de Gaulle). D'autres habitations ont été bâties au-delà de la place (le long de la rue Sadi Carnot, en direction d'Amance, et de la rue du Général Détrie, en direction de Vesoul).
Période(s)
Principale :
  • 16e siècle
  • 17e siècle
  • 18e siècle
  • 19e siècle

Source(s) documentaire(s)

  • Hamelin, Liliane ; Josso, Carole ; Boisnard, Patrick ; Déforet, Thomas. Faverney : petite cité comtoise de caractère, 2013
    Hamelin, Liliane ; Josso, Carole ; Boisnard, Patrick ; Déforet, Thomas. Faverney : petite cité comtoise de caractère. - Lyon : Lieux Dits, 2013. 88 p. : ill. (Parcours du patrimoine ; 384).
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : R.US. 5118

Informations complémentaires

Thématiques :
  • petites cités comtoises de caractère
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