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MOULIN À FARINE DIT MOULIN DU BAS, USINE DE PETITE MÉTALLURGIE (USINE D'OUTILLAGE) LOUIS GARNACHE-CHIQUET ET FILS PUIS USINE DE TABLETTERIE VUILLET

25 - Les Gras

  • Dossier IA25001604 réalisé en 2016
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Usine : turbine Laurioz, au 2e étage de soubassement (chambre d'eau). Actionné depuis le rez-de-chaussée, l'arbre vertical commande l'admission d'eau. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Sur le plan cadastral de 1816 sont dessinés trois bâtiments. D'amont en aval, on trouve le battoir d'écorces (cadastré E 13) de Claude Ferdinand Bobillier, en bordure de l'étang (bassin de retenue) et dépendant de la tannerie (E 17) située à proximité (cette dernière sera remplacée vers 1840-1843 par une maison, actuel 30-32 Grande Rue) ; la scierie (E 3) de Joseph Félix Roussel-Simonin alimentée par le bassin ; le moulin du Bas (E 1), aussi alimenté par l'étang, appartenant au voiturier Jean Ignace Vaucheret (également propriétaire, non loin de là, du bâtiment qui deviendra la maison de négoce Louis Tisserand, au 18 Grande Rue). Le moulin, datant peut-être du 18e siècle voire antérieur, passe à la famille Roussel-Simonin : vers 1824 à François Philippe, qui le modifie certainement vers 1827 (date portée sur un linteau), puis vers 1841 à Joseph Félix (1790-1840). Le meunier Joseph Constant Marguier (1825-1887) en devient propriétaire vers 1859 et lui adjoint vers 1878 la scierie (passée entre les mains du scieur Nestor Lambert puis d'Henry Jeanneret-Mathey, de La Brévine, en Suisse). Le fils de Joseph Constant, Alfred Marguier (né en 1864), prend la suite de son père jusqu'en 1895 puis s'établit paysan ; il supprime, dans les années 1899-1901, la scierie et désaffecte le moulin. Des trois bâtiments de 1816 ne subsiste alors que l'ancien moulin (le battoir ayant lui aussi disparu). L'étang est acquis par trois associés : Ernest Fournier (1856-1925), dit fabricant de machines à arrondir (dont le frère Armand est fabricant d'outillage d'horlogerie au Grand Mont), Armand Dornier (1863-1944), dit spécialiste des pitons Breguet (fournitures d'horlogerie), et Louis Garnache-Chiquet (1863-1931), spécialisé dans les tournevis, les drilles pour bijoutiers, pinces à drilles, etc. Tous trois édifient vers 1898 à l'emplacement de la scierie une usine, agrandie vers 1905, dans laquelle ils fabriquent des tournevis avec une quinzaine de personnes. Fournier se retire vers 1907 et Dornier vers 1910 (il part pour le site du moulin du Haut, rue du Moulin), laissant seul propriétaire Louis Garnache-Chiquet (originaire des Seignes et habitant au 32 Grande Rue). La société Louis Garnache-Chiquet et Fils pratique le décolletage et produit en 1923, outre sa spécialité les tournevis ("petit et grand volume, tournevis télescopiques brevetés mécaniciens-électriciens"), des pinces à morille, des pinces (mandrins) roule-goupille ("double universelle brevetée" et "en tous genres"), des drilles à percer pour les bijoutiers, des outils à trous à river, des "agrafes jumelles pour cordes à boyau", des porte-tarauds universels, des mandrins, etc. (elle est signalée en 1913 et 1925 pour ses tours à pivoter). Elle réunit Louis et ses fils, tous mécaniciens ou tourneurs sur métaux : Marcel (né en 1892, fabricant de molettes pour coupe-verre au café du Col à l'Helvetia), Camille (1894-1960), Roger (1895-1974) et Georges (1902-1982). Marcel et Roger transfèrent l'entreprise à Arbois vers 1935, alors que Camille choisit de rester aux Gras et fait construire un petit atelier de tournevis dans le prolongement de l’immeuble de son beau-père Abel Feuvrier (au 20 Grande Rue). A l'issue de la deuxième guerre mondiale, l'usine passe à Marcel Vuillet (1913-2007), dont le frère Félix a un atelier d'outillage rue de l'abbé Monnin. Vuillet la convertit en menuiserie (produisant notamment des boîtes postales et des coffrets en bois pour les horlogers) et fait construire en 1957 une maison au bord du chemin d'accès (à côté de la remise bâtie en 1922). L'usine ferme peut-être dans les années 1980 ou 1990 et a été acquise en 2015 par un artisan peintre. Elle conserve une turbine verticale Laurioz Frères (d'Arbois, Jura), un moteur asynchrone triphasé Japy (Beaucourt, Territoire-de-Belfort) de 3 ch (type TR42F / N° C 14 11832) et une petite partie de son matériel (scie circulaire et scie à ruban, raboteuse A. Muller et Cie de Persan - Beaumont-sur-Oise, Val-d'Oise). La maison est en vente ; désaffecté, l'ancien moulin (modifié vers 1901) est en mauvais état.
Période(s)
Principale :
  • 18e siècle
  • 4e quart 19e siècle
Secondaire :
  • 2e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
Date(s)
1827 : porte la date

Description


L'usine et l'ancien moulin ont des murs principalement en moellons calcaires enduits et sont coiffés d'un toit à longs pans, pignons couverts et tuiles mécaniques. L'usine comporte deux étages de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage en surcroît (desservi au sud, près de la petite extension en briques ou parpaings de béton enduits, par un escalier extérieur droit en béton). Le rez-de-chaussée est éclairé par des fenêtres horlogères sur la façade antérieure (ouest) et par des fenêtres multiples à encadrement en bois sur la façade postérieure (est), dont le premier étage de soubassement prend le jour par une fenêtre horlogère à arc segmentaire en briques. Doté d'un soubassement en pierre de taille, l'ancien moulin a des murs enduits (au sud) ou protégés par un essentage de tôles (à l'est), mais en pan de bois essenté de planches au nord et pour la partie occidentale. Le bâtiment, qui comporte lui-aussi des étages de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé (desservis par un escalier dans-oeuvre), a son mur pignon oriental percé de deux fenêtres horlogères à l'étage en surcroît.
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • 2 étages de soubassement
  • rez-de-chaussée surélevé
  • étage en surcroît
Escalier :
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
  • escalier dans-oeuvre,
Typologie :
  • baie multiple
  • baie horlogère
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
  • énergie électrique achetée moteur électrique

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 298 Cadastre de la commune des Gras, 1814-1967
    3 P 298 Cadastre de la commune des Gras, 1814-1967- 3 P 298 : Atlas parcellaire (11 feuilles), dessin (plume, lavis), par les géomètres du cadastre Vergne et Garcin, 1816- 3 P 298/1 : Registre des états de sections (1816-1818)- 3 P 298/2, 5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1822-1875- 3 P 298/3-4 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1876-1914- 3 P 298/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910- 3 P 298/7 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1914-1967- 3 P 298/8 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1967
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 298
  • 7 S 55 Cours d'eau et usines. Régime des eaux. Moulins-usines (1805-1919)
    7 S 55 Cours d'eau et usines. Régime des eaux. Moulins-usines (1805-1919)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon
  • La Franche-Comté pittoresque. 2859. Route de Pontarlier à Morteau. Les Gras (Doubs) - Etang et Moulin Dessous, 1er quart 20e siècle [avant 1916]
    La Franche-Comté pittoresque. 2859. Route de Pontarlier à Morteau. Les Gras (Doubs) - Etang et Moulin Dessous, carte postale, s.n., [1er quart 20e siècle, avant 1916], Edition des Nouvelles Galeries à Besançon. Porte la date 21 novembre 1916 (manuscrite) au verso.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras
  • Les Gras (Doubs) - Le bas du village [l'entrée du village au nord-est], 3e quart 20e siècle [avant 1965]
    Les Gras (Doubs) - Le bas du village [l'entrée du village au nord-est], carte postale, par Combier, s.d. [3e quart 20e siècle, avant 1965], Combier éd. à Macon
    Lieu de conservation : Collection particulière : Elisabeth Bonnet, Les Gras
  • Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques
    Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Laithier, René. Fabricants d’outils pour horlogers bijoutiers de la commune des Gras. Les artisans de la fin du 19e à la fin du 20e siècle, 1990
    Laithier, René. Fabricants d’outils pour horlogers bijoutiers de la commune des Gras. Les artisans de la fin du 19e à la fin du 20e siècle. - 1990. 4 f. dactyl. Porte la mention : "Liste non exhaustive établie en 1990, par René Laithier, les Epaisses, Les Gras".
    Lieu de conservation : Collection particulière : Rémy Cerf, Les Gras
  • Vuillet, Bernard. Le val de Morteau et les Brenets en 1900, 1978
    Vuillet, Bernard. Le val de Morteau et les Brenets en 1900, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1978. 294 p. : cartes postales ; 31 cm.
  • Petitjean Guy (témoignage oral)
    Petitjean Guy, ancien propriétaire de la maison Georges Vernier, commerce de fournitures et outils d'horlogerie. Les Gras
  • Tisserand Roger (témoignage oral)
    Tisserand Roger, fils d'Arsène Tisserand, ancien agriculteur. Les Gras

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Hydrographie : dérivation du Théverot
Dénomination : moulin à farine, usine de petite métallurgie, usine de tabletterie
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • entrepôt industriel
  • magasin industriel
  • bâtiment d'eau
  • bureau
  • logement
  • vanne
  • barrage
  • bassin de retenue
  • maison
  • remise
  • pont
  • cour
Carte interactive
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