SCIERIE DES MORTES

25 - Chapelle-des-Bois

Les Mortes

  • Dossier IA25001422 réalisé en 2015
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Machine à vapeur King. Vue d'ensemble depuis l'entrée. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


En 1554, l’abbaye de Saint-Claude acense à Claude Brocard de Guerre le ruisseau du lac des Mortes pour y établir "moulin foule baptoir ou serre [scierie]". En 1740, Nicolas Bailly y exploite sept "scies ou moulins". Sur la carte de Cassini (1760), le moulin est établi sur le ruisseau du lac des Mortes, juste en amont de la perte de ce cours d’eau. Dénommé moulin Griffon sur le plan cadastral napoléonien de 1839, il appartient alors à Pierre Alexandre Griffon, de Morez (39). L’établissement passe en 1860 à Pierre Ambroise Griffon et Florentin Vaucheret, puis deux ans après à Maurice Guy et Jules Joseph Bouveret. En 1861, son locataire, Girod fils, dépose une demande à la préfecture pour l’utilisation d’une machine à vapeur de 10 chevaux dans sa scierie. L’origine de cette scierie remonte vraisemblablement à 1858, déjà par la famille Girod, de Morez, mais on ignore si le moulin est encore en activité. Peut-être détruite par un incendie en 1862, la scierie est aussitôt rétablie, puis de nouveau incendiée en 1873. Reconstruite en 1874, elle appartient à Maurice Guy et Narcisse Bourgeois. La scierie aurait été modernisée au tout début du 20e siècle, équipée d’une turbine hydraulique Singrün, d’une machine à vapeur King et Cie et d’un châssis multi-lames Benier-Rollet, installés en 1903 ou 1904. Acquise en 1910 par Joseph Bourgeois, fils de Narcisse, elle est reprise en 1947 par André, Maurice et Jean Bourgeois. La matrice cadastrale signale un agrandissement en 1914 ("chantier et hangars") et la construction en 1926 d’un "bâtiment de la machine à vapeur" (?). La scierie emploie une dizaine de personnes dans les années 1960. Équipée du châssis multi-lames et d’une scie circulaire, la scierie travaille essentiellement le bois résineux et fabrique des pièces pour charpente. Elle n’emploie plus que deux personnes dans les années 1970 et cesse toute activité en 1987.

La machine à vapeur

Elle a été fabriquée en 1903 par la société suisse King et Cie, installée à Zurich. Elle est implantée dans un local sur la rive gauche du cours d’eau, en face de l’atelier de scierie, auquel elle transmet le mouvement par une transmission horizontale. Engrenée sur l’axe de la turbine, elle est utilisée en période d’étiage, quand le volume d’eau est insuffisant. Alimentée par la sciure de la scierie, elle est de type monocylindrique horizontal. Elle a été utilisée jusqu’en 1981.

La turbine hydraulique

D’une puissance de 100 chevaux, ce modèle dit Hercule Progrès provient des Ets Singrün (Epinal, 88). Installée en 1903, la turbine est couplée à l’axe de la machine à vapeur et transmet le mouvement via une poulie, une courroie, une manivelle et une bielle en bois de 4 mètres de longueur, au châssis de scie.

Le châssis multi-lames

Ce châssis de scie vertical a été fabriqué à l’extrême fin du 19e siècle par les Ets Benier-Rollet, constructeur-mécanicien à Morez. Son bâti est en fer (acier ?) boulonné.
Période(s)
Principale :
  • 3e quart 19e siècle
Date(s)
1858 : daté par travaux historiques

Description


Construit en moellon de calcaire enduit, l’atelier de scierie possède un étage de soubassement donnant au sud, et un rez-de-chaussée, le tout couvert d’une charpente en bois et d’un toit à longs pans en tuile mécanique. Un atelier de menuiserie, desservi par une scie circulaire, a été aménagé dans le comble. Bardé de planches et couvert d’un appentis, un petit bâtiment est adossé contre la façade orientale. La conduite forcée de la turbine est implantée contre la façade sud de la scierie. Le local de la machine à vapeur est situé sur la rive gauche du ruisseau des Mortes, en face de l’atelier de scierie. Construit en rez-de-chaussée, et en moellon de calcaire enduit, il est couvert d’un toit à longs pans en tôle et en tuile mécanique. De celui-ci émerge une cheminée en tôle, haubanée, d’une dizaine de mètres de hauteur. A l'est du site se trouve un logement, vaste maison bâtie en moellon de calcaire enduit, à un étage en surcroît, couverte d’un toit à deux pans en tôle.
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
  • essentage de planches
Toit :
  • tuile mécanique
  • fer en couverture
Etages :
  • étage de soubassement
  • en rez-de-chaussée
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
  • énergie thermique produite sur place machine à vapeur à piston

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 122/1 Registre des états de sections (1839)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 122/1 Registre des états de sections (1839)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 122/1
  • 3 P 122/2 Matrice des propriétés foncières bâties (19e siècle)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 122/2 Matrice des propriétés foncières bâties (19e siècle)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 122/2
  • 3 P 122/3 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 122/3 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 122/3
  • 3 P 122/6 Matrice des propriétés bâties (1911-1969)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 122/6 Matrice des propriétés bâties (1911-1969)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 122/6
  • 432 S 4 Appareils à vapeur. Déclarations (1837-1856)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 432 S 4 Appareils à vapeur. Déclarations (1845-1877)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 432 S 4
  • Bono Francis. Histoire et mémoire de Chapelle-des-Bois, 1996.
    Bono Francis. Histoire et mémoire de Chapelle-des-Bois. - S.l. [Bletterans] : F. Bono, 1996, 429 p.
  • Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
    Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
  • Patrice Blondeau, gendre du propriétaire, Chapelle-des-Bois, 2015.
    Patrice Blondeau, gendre du propriétaire, Chapelle-des-Bois, 2015.

Informations complémentaires

Eléments remarquables : machine énergétique, machine de production
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Vallées, plateaux et montagnes du Doubs
Hydrographie : ruisseau des Mortes
Dénomination : scierie
Parties constituantes non étudiées :
  • barrage
  • atelier de fabrication
  • magasin industriel
  • salle des machines
  • logement
  • étang
Carte interactive
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