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FONDERIE DITE FONDERIES DE L’EST, PUIS MAÎTRE ET CIE, PUIS ACIÉRIES ET FONDERIES DE L’EST (AFE), PUIS SMC, ACTUELLEMENT CASTMETAL COLOMBIER

25 - Colombier-Fontaine

2 rue du Doubs

  • Dossier IA25001044 réalisé en 2013
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Prélèvement de matière en fusion dans un four à induction (4). © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

Les débuts

Vers 1908, la société allemande Schwiedessen, Krebs et Cie s’associe à l’entreprise Peugeot pour constituer une société en nom collectif connue sous le nom de Fonderies de l’Est, destinée à produire des pièces en fonte malléable pour métiers à tisser. Construite peu après, l’usine est située entre la route nationale et le canal du Rhône au Rhin, et comprend un atelier de fonderie, complété d’un logement patronal abritant les bureaux. Dès 1910, la société Peugeot vend ses parts à Jean Maître, époux de Marie Viellard, issue d’une famille d’industriels originaire de Morvillars (90).

L'après-Première Guerre mondiale

A l’issue de la Première Guerre mondiale, l’usine est nationalisée, puis acquise en 1919 par Jean Maître, qui devient seul actionnaire. La fonderie devient une société en nom collectif sous l’appellation Maître et Cie. Peu après, Jean Maître lègue la fonderie à ses fils adoptifs, Jean et Alain de Boisfleury, et à deux de ses neveux, Etienne et Pierre Maître. Équipée d’un transformateur électrique dès 1918, l’usine est agrandie à plusieurs reprises au début des années 1920, et pourvue d’un "hangar à sable, d’une menuiserie, d’un magasin et d’une forge". Dès 1919, la production de fonte malléable est abandonnée au profit de l’acier moulé, nécessitant l’installation de deux cubilots (à l’étage) et deux convertisseurs Bessemer (au rez-de-chaussée). Les ferrailles, les fondants et le coke (acheminé par voie fluviale), transportés par wagonnets, sont hissés sur la plate-forme de chargement au second niveau à l’aide d’un monte-charge électrique, et chargés manuellement. Le "moulage main" est assuré par une dizaine de personnes, qui travaillent sur des tables vibrantes, sur lesquelles sont fixées les modèles en bois ou en plâtre. Le nouvel atelier de noyautage, bâti vers 1925, comprend une douzaine de postes de travail. L’opération d’ébarbage s’effectue avec une cisaille "col de cygne" ou au chalumeau, avant les opérations de burinage et de meulage. Divers bâtiments (hangar, garages) sont construits au début de la décennie 1930. L’effectif de l’établissement, qui était de 80 personnes à ses débuts, double pour atteindre 167 ouvriers en 1926, puis 200 personnes en 1939. La fonderie travaille pour la construction mécanique (ferroviaire, minière, transport) et fournit beaucoup de pièces pour matériel agricole (charrues, puis tracteurs). Parmi les nombreux petits constructeurs français figurent comme clients : Souchu Pinet, Crépin, Beauvais Robin, Lescure, Daloz, Huard (devenu Kuhn). Le logement patronal, appelé le Château, est agrandi en 1929, puis les bureaux (comptabilité, service commercial, secrétariat) sont transférés dans un bâtiment longeant le canal.

L'essor

A la Libération, Etienne Maître acquiert un bâtiment préfabriqué en béton qu’il implante à l’ouest du site, à proximité de ce qui constitue la nouvelle entrée de la fonderie. Ce bâtiment à caractère social renfermant des vestiaires (type "salle des pendus"), des douches, une infirmerie et un réfectoire, est complété par une loge de gardien, des garages à vélos et des magasins. Dans les années d’après-guerre, l’atelier originel est agrandi vers le sud-ouest. Neuf chantiers de moulage semi-automatiques Osborn à secousses-pression et un chantier Piper sont mis en place, et une "grenailleuse tunnel" est montée en 1953. Les moules sont déposés sur des convoyeurs, et des monorails Tourtellier assurent le transport des poches de coulée "théières". Le hall de fonderie est agrandi vers 1957, et accueille en 1959 deux fours à inductions moyenne fréquence de 1500 kg. La modernisation du site se poursuit dans la décennie 1960. Un 3e four à induction est installé en 1963. L’année suivante, les chantiers de moulage semi-mécanisés sont remplacés par un chantier mécanisé Mariller intégrant les opérations de démoulage et de manutention des châssis, et permettant une productivité accrue. Les deux cubilots et les convertisseurs sont démontés en 1965 et laissent place l’année suivante à deux autres fours de 500 kg. L’atelier de noyautage est transféré à son emplacement actuel et équipé de machines Röper à souffler les noyaux. Dès 1963, un nouvelle sous-station électrique est mise en service au sud pour alimenter ces nouvelles installations. Enfin, la cheminée de brique édifiée au début du 20e siècle est démantelée. L’établissement se lance alors dans la production de fonte à graphite sphéroïdal dite fonte ductile, qui représente alors un marché prometteur. Cette activité sera transférée en 1979 à la fonderie du Châtelet, à Redon (35). En 1967, la fonderie emploie 330 personnes et produit une moyenne mensuelle de 300 t (250 t d’acier moulé et 50 t de fonte au graphite sphéroïdal) destinée principalement aux industries du transport (ferroviaire, poids lourd et remorque routière), des mines, de la marine, la construction agricole, etc. En 1967, la société Maître et Cie s’associe avec les Aciéries et Fonderies du Doubs, basées à Sainte-Suzanne (IA25001009), donnant naissance au groupe Aciéries et Fonderies de l’Est (AFE). L’usine de Colombier-Fontaine prend la dénomination AFE Colombier (AFEC). Conséquence de ce rapprochement, le petit atelier de "moulage main" est transféré en 1970 à Sainte-Suzanne. L’usine poursuit sa modernisation : construction d’un atelier de maintenance adossé au magasin de modèle, atelier d’ébarbage (1976 puis 1985), automatisation de la sablerie (1985) puis du noyautage. En 1988, AFE Colombier et la fonderie de la Société Métallurgique de Châteauroux sont regroupés au sein de la filiale SMC. En 1988-1989, une ligne de coulée et une ligne de moulage (fabrication des moules) de marque "Heinrich Wagner Shinto" sont établies au nord de l’atelier principal. En 1990, c’est un nouveau four de traitement thermique qui est mis en service. En 2001, l’effectif de la fonderie est de 220 personnes pour un tonnage moyen de 600 t/mois. En 2013, le groupe AFE devient SAFE, et l’usine prend pour nom Castmetal Colombier. Elle emploie 180 personnes.
Période(s)
Principale :
  • 1er quart 20e siècle
  • 2e quart 20e siècle
  • 3e quart 20e siècle
Date(s)

Description


Si les premiers ateliers sont construits en moellon de calcaire enduit, ils ont été repris en sous-œuvre et dotés, vraisemblablement après la Seconde Guerre, d’ossatures et de charpentes métalliques permettant l’installation de ponts roulants. Tous ces ateliers sont couverts de sheds, avec vitrerie, et tuile mécanique ou ciment amiante. Les extensions (magasins, ateliers divers), souvent à ossature métallique bardée en tôle, sont parfois construits en parpaing de béton. Le bâtiment à caractère social implanté à la fin des années 1940 (éléments préfabriqués en béton) possède un étage en surcroît et est couvert d’un toit à longs pans en tuile mécanique. Le bâtiment de bureaux (ancien logement patronal) est construit en pierre de taille calcaire, à un étage carré et un étage de comble. Il est couvert d’un toit à longs pans brisés et à croupes, en ardoise.
Murs :
  • calcaire
  • béton
  • fer
  • béton
  • moellon
  • parpaing de béton
  • pan de fer
  • béton armé
  • enduit
  • enduit
  • essentage de tôle
Toit :
  • tuile mécanique
  • fer en couverture
  • ciment amiante en couverture
  • ardoise
Etages :
  • 1 étage carré
  • étage de comble
Couvrement :
  • charpente métallique apparente
Energie utilisée :
  • énergie thermique produite sur place
  • énergie électrique produite sur place

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 160/7 Matrice des propriétés bâties (1911-1938)
    Matrice des propriétés bâties (1911-1938)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 160/7
  • M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044
  • 7 S 42 Colombier–Fontaine (an V-1919)
    7 S 42 Colombier–Fontaine (an V-1919)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 7 S 42
  • 312 W 5 Etablissements classés (1964-1969)
    312 W 5 Etablissements classés (1964-1969)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 312 W 5
  • L'Opinion économique et financière, 1949, n°2, p. 65
    L'Opinion économique et financière, 1949, n°2, p. 65 / Auteur inconnu. Photogr., s.n., s.d. [1949].
  • Annuaire 1963. Association industrielle : Belfort, Montbéliard, Haute-Saône.
    Annuaire 1963. Association industrielle : Belfort, Montbéliard, Haute-Saône. – Belfort : Association industrielle du Territoire de Belfort et des régions limitrophes, s.d. [1964], 139 p.
  • Benoît, Maurice ; Gauthier, Jean [et al.]. La vie économique de Franche-Comté et du Territoire de Belfort, 1958.
    Benoît, Maurice ; Gauthier, Jean [et al.]. La vie économique de Franche-Comté et du Territoire de Belfort. - Besançon : Impr. de l'Est, 1958.
  • Gagnieux Alain. Étrangers de chez nous : l'immigration dans le Doubs et à Colombier-Fontaine, 1850-1950. - [Besançon] : Service éducatif des Archives départementales du Doubs : Conseil général du Doubs, 2008, 167 p.
    Gagnieux Alain. Étrangers de chez nous : l'immigration dans le Doubs et à Colombier-Fontaine, 1850-1950. - [Besançon] : Service éducatif des Archives départementales du Doubs : Conseil général du Doubs, 2008, 167 p.
  • La croissance industrielle et urbaine de la Porte d'Alsace : essai géographique sur la formation d'un espace régional en fonction de l'attraction industrielle, 1969.
    Dézert, Bernard. La croissance industrielle et urbaine de la Porte d'Alsace : essai géographique sur la formation d'un espace régional en fonction de l'attraction industrielle. - Paris : Société d'Enseignement supérieur, 1969.
  • Messagier, Francette. Baumann. 100 ans de sièges entre tradition et modernité, 2012.
    Messagier, Francette. Baumann. 100 ans de sièges entre tradition et modernité. - Autrey-lès-Gray : Néo-Editions, 2012, 159 p.
  • Bossu Patrick, responsable de fabrication, Colombier-Fontaine, 2013
    Bossu Patrick, responsable de fabrication, Colombier-Fontaine, 2013
  • Bouché Roland, ancien salarié, Colombier-Fontaine, 2013
    Bouché Roland, ancien salarié, Colombier-Fontaine, 2013.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays de Montbéliard (le)
Hydrographie : canal du Rhône au Rhin
Dénomination : fonderie
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • entrepôt industriel
  • magasin industriel
  • bureau
  • atelier de réparation
  • vestiaire d'usine
  • transformateur
  • garage
Carte interactive
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