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MAISON ET ATELIER D'HORLOGERIE DE CAMILLE JORIOT

25 - Villers-le-Lac

Le Replenot - Vergers - rue des Vergers

  • Dossier IA25001454 réalisé en 2015 revu en 2016
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Tour : partie supérieure. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


La maison est bâtie en 1866 au lieu-dit le Replenot pour Marie Couronnée Bouvet, veuve d'Auguste Chopard-dit-Jean. Elle est achetée aux enchères en 1887 par Camille (Camille César) Joriot, horloger de profession, engagé comme gendarme à cheval à Marnay de 1881 à 1887, qui l'agrandit à cette date puis la modifie vers 1893. Après sa mort en 1894, son fils Camille (Camille Léon, 1878-1957) en devient propriétaire. Il aménage le site au cours des décennies 1920-1930, agrandissant le bâtiment et lui ajoutant une tour (avant 1928). Ainsi, sur une photographie de 1930, deux nouvelles fenêtres ont été ajoutées à celles jumelées du pignon pour éclairer l'atelier d'horlogerie, situé dans l'étage en surcroît. Dans ce local, déjà attesté au début des années 1890, six à dix personnes au maximum effectuent le "remontage de finissage des pignons" (pivotage) pour son compte. L'activité disparaît au cours de la décennie 1930. L'atelier est alors utilisé pour les activités commerciales (négoce de matériel pour les forestiers) de son beau-frère, Etienne Amiot, qui habite la maison jusqu'en 1950, date de sa transformation en salle de séjour.
Camille Joriot est un inventeur prolifique. A partir de 1913, il fait breveter et quelquefois fabriquer toutes sortes d'objets : il dépose ainsi jusqu'à sa mort plus d'une cinquantaine de brevets originaux dans les domaines les plus variés, ayant trait à la mesure de précision, aux sujets les plus divers et surtout à l'horlogerie, notamment à l'amélioration de la montre. Il crée en 1919 sa propre entreprise de décolletage, en achetant en Suisse six machines automatiques de marque Beldi qu'il destine à la fabrication des vis d'horlogerie. En 1920, il acquiert un bâtiment au village (aux 3 rue du Lac et 2 rue du Doubs) où il installe son affaire, qui se développe considérablement à partir de 1930. Durant les années 1920 et 1930, il travaillera à améliorer les machines importées et créera son propre modèle de décolleteuse adaptée à la fabrication de la vis. Aux alentours de 1930, il s'associe avec Charles Perrot-Audet, de Charquemont, pour lui confier les opérations de finition de la vis d'horlogerie : trempe, polissage, nickelage. Sa société en nom personnel, devenue Sarl Magister en 1945, est ensuite dirigée par sa fille Hélène (1905-2000) jusqu'au début des années 1970, puis par son fils également prénommé Camille (Camille Etienne, 1921-2003). Elle emploie à sa mort plus d'une centaine de personnes entre Villers-le-Lac (fabrication), Charquemont (traitements thermiques, polissage et galvanoplastie) et Maîche (ateliers d'estampage, de matriçage et de reprises diverses, ouvert dans l'ancienne usine d'horlogerie Rotschi).
Au Replenot, Camille a également créé au fil du temps un vaste jardin d'agrément (d'environ un hectare), s'inspirant des jardins visités - notamment celui de Bagatelle - et achetant ses plants chez son ami d'enfance, Baudoin, pépiniériste à Marnay, qui faisait des recherches sur les variétés les mieux adaptées à la montagne. L'aménagement en est achevé en 1952 par la construction d'un monument à la Vierge : dessiné et réalisé par lui-même, ce monument consiste en une colonnade formée de sept piliers portés par un muret et supportant un fronton, précédée par une statue de la Vierge provenant de la chapelle du sanatorium des Genévriers. Distingué en 1949 par le Touring Club de France, ce jardin est entretenu par un jardinier à temps complet jusqu'à la fin des années 1970. En 1990, le site est vendu par la famille Joriot. Le bâtiment est très largement remanié par ses propriétaires et le terrain environnant, loti, partiellement occupé par des maisons bâties à partir de 2010 : le jardin disparaît et le monument est démoli.
Période(s)
Principale :
  • 3e quart 19e siècle
  • 4e quart 19e siècle
Secondaire :
  • 1ère moitié 20e siècle
Date(s)
1866 : daté par source
1887 : daté par source

Description


La maison, aux murs de moellons calcaires enduits, a un toit à pignon découvert au sud et au nord, à demi-croupe à l'ouest et à l'est. Elle comporte un sous-sol semi-enterré, un rez-de-chaussée surélevé desservi par un escalier droit extérieur, un étage carré, un étage en surcroît et un étage de comble, accessibles par un escalier dans-oeuvre. Sa façade sud est percée à l'étage en surcroît d'une fenêtre multiple signalant l'atelier, les façades ouest et est présentent des fenêtres horlogères. Trois petits corps en rez-de-chaussée couverts d'une terrasse sont accolés au bâtiment, doté en outre au nord d'une tour hors-oeuvre (haute de 23 m), comptant cinq niveaux et coiffée d'un toit à croupe s'achevant par une terrasse faîtière. La dépendance à l'ouest, à étage carré, est protégée par une terrasse en béton (son mur occidental est revêtu d'un essentage d'ardoises) ; le garage au nord-est est en pan de bois avec essentage de planches, avec toit à un pan et tuiles mécaniques.
Murs :
  • calcaire
  • bois
  • moellon
  • pan de bois
  • enduit
  • essentage de planches
  • essentage d'ardoise
Toit :
  • tuile mécanique
  • béton en couverture
Etages :
  • sous-sol
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
  • étage de comble
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre,
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
Typologie :
  • baie horlogère
  • baie multiple

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 628 Cadastre de la commune de Villers-le-Lac, [1812-1977]
    3 P 628 Cadastre de la commune de Villers-le-Lac, 1817-1973- 3 P 628 : Atlas parcellaire (18 feuilles), dessin (plume, lavis), par les géomètres du cadastre Vial et Girardier, 1817- 3 P 628/1-2 : Registre des états de sections (1817 ?) - 3 P 628/3-4 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties, 1822-1910- 3 P 628/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910- 3 P 628/10-12 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1973
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 628
  • [La maison, vue de trois quarts gauche], 1890
    [La maison, vue de trois quarts gauche], dessin (crayon de papier), s.n. [par Camille Joriot], s.d. [1890].
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Jacques Joriot
  • Ensemble de photographies familiales des années 1900 aux années 1970, s.n.
    Ensemble de photographies familiales de 1890 aux années 1970, s.n. Notamment :- [Musiciens en avant de la première usine Magister, rue du Doubs], photographie, s.n., s.d. [vers 1905]. Camille Joriot est à droite.- [La maison : façade latérale droite], photographie, s.n., s.d. [1936].- [La maison : façade latérale gauche], photographie, s.n., s.d. [1950].- [Le parc et la maison], photographie, s.n., s.d. [décennie 1950, 1957 ?].- [Vue plongeante sur le parc], photographie, s.n., s.d. [décennie 1950, 1957 ?]. - [Vues plongeante et au sol du monument à la Vierge], photographie, s.n., s.d. [décennie 1950, 1957 ?]. - [Portrait de Camille Joriot édité en 1957 dans une plaquette nécrologique], photographie imprimée, s.n.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Jacques Joriot
  • Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques
    Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • [Identification d'un micromètre comparateur dit "palmer à vis micrométrique"], janvier 2013
    [Identification d'un micromètre comparateur dit "palmer à vis micrométrique"]. - Janvier 2013. Discussion sur le Forum à Montres (FAM), forum de discussions horlogères : http://forumamontres.forumactif.com/t140307-outillage-kesako (consultation : 2 février 2016)
  • Les pionniers de l'horlogerie à Villers-le-Lac, 2e semestre 1988
    Les pionniers de l'horlogerie à Villers-le-Lac. Horlogerie ancienne, Revue de l'Association française des Amateurs d'Horlogerie ancienne, n° 24, 2e semestre 1988, p. 37-53 : ill.
  • Ville de Lac-ou-Villers (Doubs) : Guide et souvenir de l'exposition horlogère et artisanale organisée par les élèves des cours du soir du 6 au 14 mai 1944, 1944
    Ville de Lac-ou-Villers (Doubs) : Guide et souvenir de l'exposition horlogère et artisanale organisée par les élèves des cours du soir du 6 au 14 mai 1944. - Morteau : Impr. André Genre, 1944. 36 p. ; 20 cm.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Claude Vuez, Villers-le-Lac
  • Vuillet, Bernard. Villers-le-Lac et son passé, 1983
    Vuillet, Bernard. Villers-le-Lac et son passé / photogr. Georges Caille. - Morteau : Impr. Bobillier, 1983. 56 p. : ill. ; 22,5 cm.
  • Droz Yves (témoignage oral)
    Droz Yves, collectionneur de pièces horlogères et fondateur du Musée de la Montre, Villers-le-Lac
  • Joriot Jean-Jacques (témoignage oral)
    Joriot Jean-Jacques, petit-fils de Camille Léon Joriot et fils de Camille Etienne Joriot

Informations complémentaires


A partir de 1913, Camille Joriot (1878-1957) va faire breveter et quelquefois fabriquer toutes sortes d'objets : il dépose ainsi plus d'une cinquantaine de brevets originaux dans les domaines les plus variés, sans parler des nombreux dépôts à l'étranger (une invention concernant un siège de WC assurant toute sécurité en termes d'hygiène fera l'objet de dépôts dans 26 pays).
Ses inventions se rapportent tout d'abord à la mesure de précision : "Palmer à vis micrométrique au 1/1000 de millimètre" (déposé en 1913), perfectionnement pour les pieds à coulisse (1920), "Calibre extensible permettant le mesurage instantané de petites ou grandes pièces" (1930).
Puis arrivent dans les années 1920 et 1930 les sujets les plus divers : "Pistolet et son mécanisme pouvant se dissimuler dans tout objet portatif" (canne-fusil, en 1921), "Dispositif de remontage automatique des montres d'automobiles et similaires" (1928), "Rasoir à lame rotative" (rasoir électrique, en 1929), "Indicateur de vitesse moyenne pour véhicules" (déposé en 1929), "Baromètre anéroïde de précision" (1930), "Appareil de déclenchement pour le lâcher de charges" (largage de bombes, 1931) - dont le prototype fabriqué par son grand-père est conservé par Jean-Jacques Joriot ("Le principe fut, paraît-il, utilisé par les Américains durant la guerre, mais le brevet était tombé dans le domaine public.") -, "Perfectionnements aux briquets automatiques" (1932), "Dispositif assurant la mise en place automatique de recouvrements préservateurs sur les sièges des water-closets" (1933) et "Blaireau hygiénique à réservoir et à propulsion mécanique de savon liquide" (1937).
Mais c'est l'horlogerie, et plus particulièrement l'amélioration de la montre, qui constituera son principal sujet de travail à partir des années 1940 jusqu'à sa mort en 1957 : "Principe de compensation de réglage par remise au point automatique mécanique dans les mouvements d'horlogerie avec ressort moteur" (déposé en 1947), "Dispositif de montage de l'ensemble balancier-spiral d'un mouvement d'horlogerie, permettant de régler cet ensemble directement en place" (1947), "Dispositif régulateur automatique des amplitudes des oscillations du balancier-spiral" (1953), etc. (une vingtaine de brevets déposés après la guerre concernent la montre).
Ce qui ne l'empêche pas de s'intéresser également à d'autres types de fonctions, parfois étonnantes : systèmes d'embrayage, de changement de vitesse ou de distribution du combustible dans les moteurs thermiques par exemple.

D'après un texte de Jean-Jacques Joriot, 14 mars 2016
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : maison, atelier
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • logement
  • garage
  • dépendance
  • jardin d'agrément
Carte interactive
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