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USINE MÉTALLURGIQUE DITE FORGES DE MAGNY-VERNOIS, PUIS FONDERIES ET EMAILLERIES EMILE GIRARDOT ET CIE, PUIS USINE DE CONSTRUCTION MÉCANIQUE BERTRAND FAURE, ACTUELLEMENT USINE DE PIÈCES DÉTACHÉES EN MATIÈRE PLASTIQUE FAURECIA

70 - Magny-Vernois

La Forge - Forge - 17 rue de la Forge

  • Dossier IA70000292 réalisé en 2009
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Logement patronal. Linteau sculpté d'une porte sur la façade est. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


En 1706, Edme Rochet acquiert un terrain au bord de la rivière de la Reigne, où avait préexistée une papeterie puis un fourneau entre 1560 et 1665. Il entreprend de suite la construction d'une forge, agrandie d'un haut fourneau en 1718, d'une fenderie, et d'un logement de maîtres de forge en 1722. L'établissement métallurgique prospère, et les bâtiments sont agrandis en 1738. Il est dirigé par les fils d'Edme Rochet : Claude, jusqu'en 1729, puis Jean-Hubert. En 1744, la forge compte cinq feux : un pour le fourneau, un pour la chaufferie, un pour la fenderie et deux pour l'affinage. L'arrêt du conseil d'Etat du 4 janvier 1752 autorise l'établissement d'une manufacture d'acier. La production passe de 300 milliers de fer et 100 milliers de fonte (sablerie et platines) en 1744, à 900 milliers de fonte et 500 milliers de fer en 1788. L'usine est vendue en 1749 à Jean-François Guy, puis en 1788 à Jacques-Antoine Praileur, lequel établit un martinet. Le bâtiment des remises et des écuries porte la date 1791 sur une clef d'arcade. Gabriel Bruno Praileur succède à son père de 1804 à 1811.
L'établissement est acheté en 1813 par le neufchâtelois Louis de Pourtalès, exploité par Accarier jusqu'en 1821, puis par le maître de forges Samuel Blum. Ce dernier établit peu après, comme il le fait au même moment aux forges de Pont-sur-l'Ognon (IA70000081), une forge dite à l'anglaise. Elle est réglementée par arrêté préfectoral le 30 juillet 1828. Louée entre 1830 et 1841 à Joseph Gauthier, l'usine est modernisée : construction d'une nouvelle forge - dite Neuve en 1834 -, modernisation des affineries, équipées d'un système de soufflage à air chaud, récupération depuis 1833 de la chaleur perdue des fours (fabrication de chaux, cuisson du pain). A cette date, le haut fourneau produit 100 t de fonte par mois. Exploitée à partir de 1841 par Jules Robinet, l'usine est dotée d'une tréfilerie (20 bobines). Elle est cédée en 1857 aux associés Tiquet et Pergaud. Le haut fourneau est arrêté et détruit en 1866, et laisse place à de nouveaux ateliers construits en rez-de-chaussée. Joseph Pergaud poursuit seul à partir de 1870. La forge, la tréfilerie et la pointerie sont maintenues jusque vers 1890, mais c'est la fonderie de seconde fusion qui devient l'activité principale (poêles de cuisine).
L'usine est reprise vers 1900 par la famille Chazelle, puis en 1913 par Emile Girardot, établi à Lure (IA70000279). La société se spécialise dans la fabrication des fourneaux de cuisine et des appareils de chauffage. Elle fait installer en 1923 un atelier d'émaillage des fontes, puis un atelier de nickelage vers 1930. Les Fonderies et Emailleries Emile Girardot et Cie cessent leur activité en 1959. Une partie des bâtiments a accueilli entre 1956 et 1959 la société des Tissages de la Reigne, absorbée en 1958 par la Société cotonnière de la Doller. En mai 1960, la société anonyme Bertrand Faure acquiert le site et y implante une fabrique de sièges pour automobiles (armatures et inserts), pour le compte de l'usine Peugeot de Sochaux (25). De nouveaux ateliers de fabrication sont construits au sud, à l'emplacement de l'ancienne halle à charbon. La production atteint 220 000 pièces par trimestre dès le milieu des années 1960. Un long corps de bâtiment abritant les logements ouvriers, ainsi que les ateliers reconstruits à la fin du 19e siècle à l'emplacement du haut fourneau, ont été détruits dans la décennie 1970. En 1997, la fusion des sociétés Bertrand Faure et Ecia donne naissance au groupe équipementier Faurecia, qui poursuit sur le site la fabrication de mousse de siège pour les constructeurs automobiles. Le site a été agrandi à la fin du 20e et au début du 21e siècle (ateliers de fabrication, magasin industriel et bureaux).

Donnée techniques
En 1825, "l'usine à fer" est composée d'un haut fourneau, de deux feux de forge, d'un martinet, d'une fenderie et d'une scierie. Un fourneau de seconde fusion est installé en 1827. En 1865, la consistance de l'usine est la suivante : un haut fourneau, deux cubilots (un actif), un four à réverbère, trois feux d'affinerie (deux actifs), un four à réchauffer, un marteau, cinq trains de laminoirs (un inactif), 42 bobines (12 actives). L'arrêté préfectoral du 9 octobre 1863 autorise la mise en service d'une chaudière Chevalier (Lyon) et d'une machine à vapeur Guillemin (Besançon) de 12 ch pour suppléer la roue hydraulique de la soufflerie. En 1873, présence d'une machine à vapeur de 12 ch et de moteurs hydrauliques d'une puissance de 155 ch. Deux turbines Francis de 31 ch chacune (Ets Goulut-Borne, Luxeuil-les-Bains) en service en 1938.

Données sociales
L'usine à fer emploie 24 ouvriers en 1744, et 88 ouvriers en 1847. L'effectif est de 130 hommes et 20 enfants en 1873, contre 70 hommes, trois femmes et neuf enfants en 1893. La fonderie Girardot compte 80 personnes en 1918, 100 en 1939 et 60 en 1931. La fabrique de sièges automobiles emploie 150 personnes en 1961 et 480 en 1967. Le tissage de la Doller emploie 27 ouvriers en 1958. L'effectif est de 460 personnes en 2009.
Période(s)
Principale :
  • 1er quart 18e siècle
  • 4e quart 18e siècle
  • 2e quart 19e siècle
  • 4e quart 19e siècle
  • 2e moitié 20e siècle
  • 1er quart 21e siècle
Date(s)
1722 : daté par source
1791 : daté par source
1833 : daté par source

Description


Edifié le long du bief de dérivation, l'atelier de fabrication, dit forge Neuve, est construit en moellon de grès enduit et brique de mâchefer (laitier). Il possède un étage de soubassement en moellon et pierre de taille sur la façade ouest, et est couvert d'un toit à demi-croupe en tuile plate. Ses façades sont rythmées de baies géminées couvertes d'arc en berceau segmentaire. Un petit atelier (de réparation ?) construit au sud est couvert de trois courtes travées de shed. Une pierre de la façade sud du logement patronal porte la date 1722 et les initiales C.J.H.R. (Claude et Jean-Hubert Rochet). Cet édifice est construit en moellon de grès enduit, à un étage carré et un étage de comble, couvert d'un toit à égoût retroussé, demi-croupes et tuile plate. Sa façade ouest a été remaniée en 1922-1923 (adjonction d'un parement en brique). Le bâtiment abritant les remises et les écuries, daté 1791, est construit en moellon de grès et enduit partiel, couvert d'un toit à longs pans, croupe et demi-croupe, en tuile plate et mécanique. Un logement des commis a été édifié perpendiculairement, contre son mur-pignon ouest. Ce logement comprend deux étages carrés et est couvert d'un toit à croupes en tuile mécanique. Un portail en fer forgé, situé à l'est de la demeure patronale et donnant accès à l'ancien parc, porte un médaillon frappé du monogramme JAP (Jacques Antoine Praileur).
Murs :
  • grès
  • résidu industriel en gros oeuvre
  • brique
  • moellon
  • pierre de taille
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
  • verre en couverture
  • fer en couverture
Etages :
  • 2 étages carrés
  • étage de soubassement
  • étage de comble
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique produite sur place
  • énergie thermique produite sur place
  • énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

  • Vue panoramique des forges, fonderies, laminoirs, tréfileries, etc. de J.-A. Pergaud, au Magny-Vernois (Haute-Saône).
    Vue panoramique des forges, fonderies, laminoirs, tréfileries, etc. de J.-A. Pergaud, au Magny-Vernois (Haute-Saône). [Catalogue] J.A. Pergaud aux Forges du Magny par LureGravure, par Ch. Berger, s.d. [fin 19e siècle].
  • Les Forges de Magny-Vernois - Les Bureaux
    Les Forges de Magny-Vernois - Les Bureaux. Carte postale, Buisson édit., s.d. [fin 19e ou début 20e siècle]. Dans : " Rieser (J.)-Bauquerey (J.). Catalogue général. Supplément ".
  • Fourneau en fonte.
    Fourneau en fonte. Gravure, s.d. [début 20e siècle], par Berger Ch. (dessinateur). Dans : " Revue Barbizier ", 1963.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel de la Haute-Saône
Aire d’étude et canton : Haute-Saône
Hydrographie : dérivation de la Reigne
Dénomination : usine métallurgique, usine de construction mécanique, usine de pièces détachées en matière plastique
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • magasin industriel
  • atelier de réparation
  • logement patronal
  • transformateur
  • logement
  • bief de dérivation
  • remise
  • écurie
  • bureau
Carte interactive
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