MOULIN À FARINE, PUIS USINE MÉTALLURGIQUE, PUIS USINE DE PETITE MÉTALLURGIE, PUIS CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE ET USINE DE MEUBLES ET DE TABLETTERIE, ACTUELLEMENT USINE DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MÉTAUX

25 - Moncey

1 à 5 rue André Fournaud

  • Dossier IA25001629 réalisé en 2016 revu en 2017
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Atelier de fabrication de la Société française des Métaux ouvrés. Travée centrale. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

Du moulin à la « forge à l’anglaise »

Etabli sur une dérivation de l’Ognon, le moulin de Moncey appartient au 18e siècle à la famille Mittey. Il est acquis en 1813 par Bon-Adrien Jeannot, duc de Conégliano, pour un montant de 31 000 francs. L’établissement se compose à cette date de quatre tournants à blé, d’une ribe, d’une scierie et d’une huilerie, le tout mis en jeu par sept roues hydrauliques. Suite à des travaux de réparation et d’agrandissement, le moulin comprend en 1819 sept paires de meules, deux huileries, une scierie et une ribe. Pourtant, le 17 octobre 1821, une ordonnance royale autorise son propriétaire à transformer « les moulins en usine à convertir la fonte en fer forgé ». L’ordonnance précise la consistance de l’usine à fer : "deux fours à réverbère, un four de chaufferie, un four à deux nasses pour le martinet, un établissement de cylindres à quatre cages, un ordon de martinet à 2 flèches, un ordon en fonte de gros marteau pour cingler les massicats". Il s’agit d’une forge dite "à l’anglaise", construite en 1821-1822 et affermée en 1823 aux maîtres de forge Antoine Guénard et Claude-Antoine Petithuguenin (bail de 18 ans). Mise à l’essai en novembre 1822, elle se compose de "deux feux d’affinerie, un ordon de fonte, un feu de martinet avec un emplantement à 2 flèches". Alimentée à la houille, elle utilise annuellement 3700 quintaux métriques de fonte tirés des hauts fourneaux de Haute-Saône et produit 2500 quintaux métriques de fer en barre. Les cylindres pour le tréfilage sont installés en 1824 et les six fours à puddler et laminoirs mis en place entre 1825 et 1827. D'après l'Annuaire du Doubs de 1826, des constructions "sont en cours d'exécution qui s'achèveront cette année" [1825]. En 1827, l’usine métallurgique emploie 60 ouvriers et produit annuellement 600-700 t de "fer cylindrés" : fer carrés et plats, verges rondes et rubans pour cercle. Un rapport de 1828 donne la composition définitive de l’usine : deux fours à réverbère (et un four de rechange), trois fours de chaufferie (et deux fours de rechange), un gros cylindre [laminoir] à 3 cages, un petit cylindre [laminoir] à 4 cages, deux feux de maréchalerie (et un à bras), un ordon de martinet à 2 flèches en fonte, un ordon de gros marteau en fonte, le tout mis en mouvement par quatre roues hydrauliques, dont deux de 6 et 8 mètres de diamètre. Deux logements ouvriers sont construits en 1828. Dès 1829, suite à une mévente due à une chute du prix de la fonte et du fer, l’établissement fait faillite et cesse toute activité. Les installations sont démontées et l’usine démolie.

De la diversification industrielle

Un moulin à six paires de meules, complété d’une huilerie, d’une ribe, d’une scierie, de deux battoirs et d’un martinet en ruine, est mentionné en 1852. En 1892, le site est occupé par une minoterie, équipée de 4 paires de meules et 4 paires de cylindres, qui moud une moyenne annuelle de 12 000 hl de blé.
A l’extrême fin du 19e siècle, la société Bi-Métal s’établit sur le site et fait construire un atelier au sud, sur la rive gauche du bief, 50 mètres en aval du moulin. Lui succède en 1904 la Société anonyme des usines de Moncey qui devient cette même année la Société française des métaux ouvrés (SFMO). Elle a pour but "la fabrication et la vente de tous ustensiles de ménage, de table, de toilette, et d’objets d'orfèvrerie en métal". La matrice cadastrale mentionne un incendie, vraisemblablement en 1908, et la construction d’un "atelier et martinet" l’année suivante. Le siège de la SFMO est transféré en 1908 à Vesoul où une seconde fabrique (aujourd’hui disparue) est ouverte. L’activité de production se répartit dans l’atelier sud (emboutissage) et le bâtiment du moulin, tous deux reliés par une passerelle couverte en béton.
En 1911, Georges Flusin et André Fournaud, industriels installés à Besançon, acquièrent le moulin de Moncey et créent la société en commandite Station électrique de Moncey, exploitée sous la raison sociale Flusin, Fournaud et Cie, ayant pour objet "la distribution de la lumière et de la force motrice électrique". Ils obtiennent l’année suivante une concession pour la distribution d’électricité et l’éclairage de 20 communes du Doubs et de la Haute-Saône. Une centrale hydroélectrique est établie légèrement en amont du moulin, vraisemblablement mise en service après la Première Guerre mondiale. Elle est équipée de deux turbines du constructeur bisontin Douge Frères, de 90 chevaux chacune, d’une machine à vapeur semi fixe Wolf (Strasbourg) de 90 chevaux, et d’un alternateur. En 1930, la raison sociale devient Station électrique de Moncey André Fournaud et Cie.
Cependant, le "moulin à cylindres" est encore en activité en 1917, exploité par E. Caubert, et broie du blé, du maïs et de l'orge. En 1920, Georges Flusin cède sa part du moulin à Stanley Bolton. L’année suivante est créée la société en nom collectif Fournaud-Bolton, spécialisée dans la fabrication et la vente d'articles en bois, meubles de jardin et manches d'outils. Les bâtiments industriels sont implantés au nord-ouest de la centrale hydroélectrique, sur la rive droite du bief. André Fournaud reste seul à la tête de la société à partir de 1930, et exploite également une scierie.
La Société française des métaux ouvrés emploie 49 ouvriers en 1930. L’atelier de fabrication, (reconstruit en 1909 ?) est détruit par un incendie vers 1946. Il est partiellement reconstruit (adjonction d’un étage ?) selon les plans de l’architecte René Tournier, datés de 1955. L’effectif de la société monte à 70 personnes en 1960 (fabrication de casseroles en aluminium) et 120 au milieu de la décennie, mais l’usine ferme ses portes en 1969.
La menuiserie, qui employait une cinquantaine de personnes, ferme ses portes peu avant 1960. La scierie est reprise par le gendre d’André Fournaud, monsieur Fournier, qui maintient l’activité jusqu’à la fin des années 1960.
La centrale hydroélectrique semble reprise dans les années 1930 par la Société des Forces Motrices de l’Est, puis par EDF après la Seconde Guerre mondiale. Elle aurait été arrêtée vers 1958.
La société de traitement de surface des métaux Bardey s’installe en 1972 dans l’ancien atelier (sud) de la Société française des métaux ouvrés. Elle y est toujours présente. Le bâtiment de la centrale hydroélectrique a été démoli, y subsistent les deux turbines Douge (en place) et quelques éléments du vannage (bief principal et canal de décharge). Le bâtiment reconstruit vers 1955, comprenant des ateliers (polissage) et des vestiaires au rez-de-chaussée et un logement et deux dépôts à l’étage, est aujourd’hui désaffecté. La passerelle reliant les deux ateliers a été détruite.
Période(s)
Principale :
  • 18e siècle
Secondaire :
  • 1er quart 19e siècle
  • 4e quart 19e siècle
  • 3e quart 20e siècle
Date(s)

Description


L’atelier de fabrication sud (emboutissage) est construit en moellon de calcaire enduit, couvert d’un toit à longs pans en tuile mécanique. Il est bâti en rez-de-chaussée, à l’exception de la travée centrale du versant de toit oriental, pourvue d’un étage carré (bureau ?). Les ouvertures du rez-de-chaussée sont couvertes d’arc en plein-cintre en brique. L’atelier nord (polissage) est construit en maçonnerie enduite (parpaing de béton et béton armé pour l’étage carré) et couverte d’un toit à longs pans en tuile mécanique. La partie occidentale, couverte d’un toit terrasse, est construite au-dessus du bief. La centrale hydroélectrique était construite en parpaing de mâchefer enduit. Le logement situé au nord du site (4 rue André Fournaud) est bâti en moellon de calcaire, à un étage carré, couvert d’un toit à demi-croupes. Un linteau de la façade antérieure porte l’inscription « Nicolai Mittey IHS Studiis Elaborat ».
Murs :
  • calcaire
  • béton
  • moellon
  • parpaing de béton
  • enduit
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • 1 étage carré
  • en rez-de-chaussée
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
  • énergie électrique produite sur place
  • énergie thermique produite sur place

Source(s) documentaire(s)

  • F 14/4342 Usines métallurgiques. Forges et martinet du maréchal Moncey [...]. Dossier 6 (1819-1821)
    Archives nationales, Paris : F 14/4342 Usines métallurgiques. Forges et martinet du maréchal Moncey [...]. Dossier 6 (1819-1821)
    Lieu de conservation : Archives nationales, Paris - Cote du document : F 14/4342
  • 3 P 383/1 Registre des états de section (1810)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 383/1 Registre des états de section (1810)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 383/1
  • 3 P 383/4-5 Matrices cadastrales (19e siècle)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 383/4-5 Matrices cadastrales (19e siècle)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 383/4-5
  • 3 P 383/6 Matrices des propriétés bâties (1882-1910)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 383/6 Matrices des propriétés bâties (1882-1910)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 383/6
  • 3 P 383/8 Matrice des propriétés bâties (1911-1965)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 P 383/8 Matrice des propriétés bâties (1911-1965)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 383/8
  • M 2310 Minotiers. Enquête sur leurs capacités de livraison de farine (1914-1918)
    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 2310. Enquête sur leurs capacités de livraison de farine (1914-1918)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2310
  • M 2335 Statistiques industrielles (1820-1830)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, M 2335 Statistiques industrielles (1820-1830)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2335
  • 7 S 69 Cours d'eau et usines. Dossier communal (1883–1909)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 7 S 69 Cours d'eau et usines. Dossier communal (1883–1909)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 7 S 69
  • Sp 61 Usine de Moncey (1911-1926)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, Sp 61 Usine de Moncey (1911-1926)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 61
  • Sp 714 Service hydraulique. Renseignements sur la meunerie (1892–1903)
    Archives départementales du Doubs, Besançon : Sp 714 Service hydraulique. Renseignements sur la meunerie (1892–1903)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : Sp 714
  • 4 U 14/264 Justice de paix de Marchaux (1904-1959)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U 14/264 Justice de paix de Marchaux (1904-1959)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 4 U 14/264
  • 4 U 14/265 Justice de paix de Marchaux (1924-1934)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 4 U 14/265 Justice de paix de Marchaux (1924-1934)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 4 U 14/265
  • 120 J Fonds Tournier
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 120 J Fonds Tournier
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 120 J
  • Annuaire du Doubs, 1826.
    Annuaire statistique et historique du département du Doubs pour l'année bissextile 1826. - Besançon : Impr. Veuve Daclin, 1827.
  • Chevalier, Michel. Tableau industriel de la Franche-Comté (1960-1961), 1961
    Chevalier, Michel. Tableau industriel de la Franche-Comté (1960-1961). - Paris : les Belles lettres, 1961. 101 p. : cartes ; 24 cm. (Annales littéraires de l’Université de Besançon. Cahiers de géographie de Besançon ; 9)
  • Richard Brigitte. Les moulins et usines de Moncey (Doubs) : étude économique et archéologie industrielle, 1988
    Richard Brigitte. Les moulins et usines de Moncey (Doubs) : étude économique et archéologie industrielle (19e siècle). Mémoire de maîtrise, Besançon, 1988.
  • Syndicat professionnel des Usines d'Electricité. Annuaire 1914 (dix-neuvième année), 1914
    Syndicat professionnel des Usines d'Electricité. Annuaire 1914 (dix-neuvième année). - Lille : Impr. Lefebvre-Ducrocq, 1914. LII-710 p. : ill. ; 27 cm.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Vallées, plateaux et montagnes du Doubs
Hydrographie : dérivation de l' Ognon
Dénomination : moulin à farine, usine de petite métallurgie, centrale hydroélectrique, usine de meubles, usine de tabletterie, usine de traitement de surface des métaux
Parties constituantes non étudiées :
  • barrage
  • atelier de fabrication
  • entrepôt industriel
Carte interactive
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