PRESBYTÈRE PUIS BUREAU DE DOUANE (BUREAU DE LA GARANTIE), ÉCOLE PROFESSIONNELLE (ÉCOLE D'HORLOGERIE) ET CENTRE CULTUREL (MAISON DES JEUNES ET DE LA CULTURE)

25 - Morteau

2 place de l' Eglise

  • Dossier IA25001770 réalisé en 2013 revu en 2018
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Presbytère puis bureau de la garantie puis école d'horlogerie, 2 place de l'Eglise. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le presbytère a été bâti en 1749 (date portée) à proximité du couvent de bénédictins et de son église, dont l'usage est partagé par les religieux d'une part, le curé et ses paroissiens d'autre part. Objet de tensions, ce partage avait été réglementé par un décret rendu le 23 août 1727 par le parlement de Besançon, prescrivant la construction d'un mur entre le choeur, attribué aux premiers, et le reste de l'édifice, dévolu aux seconds ; ce mur (qui sera abattu après l'expulsion des religieux en 1790) n'a toutefois été réalisé qu'avec la restauration de l'église nécessitée par un incendie partiel en 1747. Le bâtiment est donc édifié dans la foulée.
Il semble repris par la municipalité en 1905 et servir de logement pour institutrices (un nouveau presbytère étant construit à proximité dans les années Vingt, peut-être en 1923). Il accueille également le Bureau de la Garantie, service dont la création à Morteau a été demandée à de multiples reprises, notamment en 1848 par le directeur de l'école d'horlogerie locale. En effet, la ville étant dans la zone frontière avec la Suisse, l'administration des Contributions indirectes lui interdit de fabriquer des boîtes en métaux précieux au motif d'un trop grand risque de contrebande, appuyée en cela par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Besançon et par la Fabrique bisontine. Les horlogers locaux doivent donc acquérir leurs boîtes, poinçonnées à Besançon. Or si l'interdiction est levée en 1872, les entrées et sorties du territoire national sont toujours taxées et contrôlées par l'insculpation d'un poinçon, via le Bureau de la Garantie ouvert à Pontarlier, d'où des pertes de temps conséquentes. Les Mortuaciens réclament donc la création d'un tel Bureau dans leur ville, sans succès. Lassé de ce refus persistant, le conseil municipal démissionne en bloc en 1905 et il obtient finalement satisfaction par le décret du 5 juillet 1907, le Bureau ouvrant ses portes le 1er janvier 1908.

A l'issue de la deuxième guerre mondiale, le bâtiment accueille la deuxième école d'horlogerie locale (la première fut active de 1836 à 1850). En effet, à la fin de 1944, le Syndicat des Fabricants d'Horlogerie du Vallon de Morteau (syndicat patronal fondé en 1892 et comptant une quarantaine de membres à la fin de la guerre) et les sections locales de la CGT et de la CFTC fondent l'Association gestionnaire du Centre de Formation professionnelle de l'Horlogerie de Morteau (statuts publiés au J.O. du 26 octobre 1947). Le but initial ("la formation d'ouvriers spécialisés dans la terminaison des montres de qualité" par un apprentissage accéléré de 6 mois) est très rapidement considéré comme insuffisant et l'association exprime le souhait d'ouvrir une école d'apprentissage. La Ville soutient le projet, proposant un local : le rez-de-chaussée du bâtiment dit "de contrôle de l'or". Il en est de même de l'Ecole nationale professionnelle d'Horlogerie de Besançon, dirigée par Louis Bastian, qui charge l'un de ses professeurs, Edouard Belin, de définir les besoins du futur centre. Le soutien de l'Education nationale (qui se substitue au ministère du Travail, au grand déplaisir de ce dernier) n'est toutefois pas suffisant car le salaire qu'elle propose aux formateurs (des professionnels de l'horlogerie) est moitié moindre que celui offert par les entreprises. Pour débloquer le projet, le syndicat patronal dirigé par Pierre Maillardet s'engage à financer la différence. Une aile est ajoutée au bâtiment, au nord, et une porte créée dans le mur sud en 1946 (date portée). La première rentrée de l' "école-atelier" a lieu le 1er octobre 1947 avec deux professeurs et 26 élèves. Par ailleurs, l'Education nationale accepte en avril 1948 (avec effet rétroactif au 1er janvier) de prendre en charge l'établissement qui devient, sous l'intitulé "Ecole nationale d'Horlogerie de Besançon - Section de Morteau", une section détachée du centre d'apprentissage annexé à l'école de Besançon.
Au milieu des années 1950, une étude de faisabilité est réalisée pour la création d'un centre d'apprentissage de 320 élèves (120 en horlogerie, 100 en petite mécanique et 100 en commerce). C'est finalement un groupe scolaire qui est bâti de 1960 à 1963, près de la rue de la Louhière, afin d'assurer un enseignement technique et secondaire de la 6e à la terminale. Ce groupe ouvre le 1er octobre 1963. En son sein, le Collège d'Enseignement technique, qui compte 90 élèves (175 en 1968), devient administrativement autonome en 1965, se dégageant de la tutelle de l' "Ecole d'Horlo" de Besançon. Transformé en LEP (lycée d’enseignement professionnel) en 1977 puis LP (lycée professionnel) en 1987, il est alors partie constituante du lycée polyvalent Edgar Faure qui ouvre en septembre de cette année.
Devenu vacant après le départ de l'école en 1963, le bâtiment est affecté à la Maison des Jeunes et de la Culture, créée le 5 mai 1967. En 2017, la MJC compte 9 salariés et 562 adhérents, pratiquant une trentaine d'activités.
Période(s)
Principale :
  • 2e quart 18e siècle
Secondaire :
  • 2e quart 20e siècle
Date(s)
1749 : porte la date
1946 : porte la date

Description


Le presbytère, aux murs en moellons calcaires enduits, comporte un sous-sol, un étage carré et un étage en surcroît, desservis par un escalier dans-oeuvre tournant à retours en bois. Il est éclairé par des baies en arc segmentaire, à encadrement en pierre jaune de Montlebon. L'ancien atelier de l'école, en béton enduit, est en rez-de-chaussée, avec sous-sol et comble à surcroît. Les deux bâtiments sont coiffés chacun d'un toit à longs pans, croupes et tuiles mécaniques.
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier tournant à retours avec jour en charpente

Source(s) documentaire(s)

  • 253. Morteau - Coin des Mensonges, 4e quart 19e siècle.
    253. Morteau - Coin des Mensonges, carte postale, s.n. [par L.B. ?], [4e quart 19e siècle], Louis Rochet éd. au Russey. Porte la date 1915 (tampon au recto).
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • Atelier Ecole d'Horlogerie, 1949
    Atelier Ecole d'Horlogerie, photographie, par Curtit, s.d. [1949]. Publiée dans : L'Opinion économique et financière, n° 2, juillet 1949, p. 22 : ill.
  • Briselance, Claude. Les écoles d'horlogerie de Besançon : une contribution décisive au développement industriel local et régional (1793-1974), 2015
    Briselance, Claude. Les écoles d'horlogerie de Besançon : une contribution décisive au développement industriel local et régional (1793-1974). - S.l. [Besançon] : [s.n.], 2015. 3 vol. (1537 - 419 p.) : ill. ; 30 cm. Th. doct. : Hist. : Université de Lyon, Ecole doctorale, sciences sociales (E.D. 483), Laboratoire d'études rurales et espaces ruraux de l'Europe contemporaine (19e-21e siècles), 2015.
  • Cupillard, Albert. Le vallon de Morteau et son industrie horlogère, juillet 1949
    Cupillard, Albert. Le vallon de Morteau et son industrie horlogère. L’Opinion économique et Financière, 2e année, n° 2, juillet 1949, p. 22 : ill.
  • H., J.-F. La M.J.C. souffle ses 50 bougies, 28 août 2017
    H., J.-F. La M.J.C. souffle ses 50 bougies. C'est-à-dire, n° 234, 28 août 2017, p. 7 : ill.
  • Henriot, François. L'École d’horlogerie de Morteau : témoignages et souvenirs, 1998
    Henriot, François. L'École d’horlogerie de Morteau : témoignages et souvenirs. - S.l. [Morteau] : s.n. [Impr. Bobillier], 1998. 244 p. : ill. ; 23 cm.
  • Leiser, Henri ; Jacquot, Didier. Morteau et environs d'hier à aujourd'hui, 2010
    Leiser, Henri ; Jacquot, Didier. Morteau et environs d'hier à aujourd'hui. - Pontarlier : Presses du Belvédère, 2010. 188 p. : ill. ; 24 cm.
  • Leiser, Henri. Morteau, l'église et son prieuré, 2013
    Leiser, Henri. Morteau, l'église et son prieuré. - Pontarlier : Ed. du Belvédère, 2013. 159 p. : ill. ; 24 cm.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Dénomination : presbytère, école professionnelle
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier
  • jardin
Carte interactive
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