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L'HORLOGERIE À CHARQUEMONT

25 - Charquemont

  • Dossier IA25001320 réalisé en 2013 revu en 2014
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Horloger à l'établi : usine de montres Herbelin (9 rue de la 1ère Armée). © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


L'industrie horlogère est représentée à Charquemont dès la fin du 18e siècle ou le début du 19e siècle : à la fois paysans et horlogers, ses habitants travaillent en sous-traitance pour la Suisse voisine, à laquelle ils livrent des éléments d'échappement (verges, axes de balanciers, etc.). Indispensable pour la fabrication des montres, l'échappement (ici à roue de rencontre ou à verge) sert à entretenir les oscillations de l'organe régulateur (un balancier dans le cas présent).
Le succès de la production des Charquemontais contribue à l'essor de la commune, qui passe de 692 habitants en 1821 à 1 029 dix ans plus tard, 1 398 en 1851, 1 785 en 1861 et 1 930 en 1866. Cet essor inquiète d'ailleurs le clergé comme en témoigne, par exemple, en 1850 ces notes du curé des Ecorces, l'abbé Guinard : "Ceux qui ne s'occupent pas à l'agriculture se livrent à l'industrie de l'horlogerie : roues de montres, cylindres, verges, etc. Cette industrie florissante dans le pays, procure de grands avantages matériels aux pauvres gens. Elle finira par amener la dépravation, si on n'y prend garde, à cause de l'argent qu'elle procure aux jeunes gens et du nombre de personnes qu'elle attire dans le pays dont la conduite est souvent aussi irréligieuse qu'immorale." En 1841, un recensement totalise 71 horlogers et horlogères : 38 au village, 6 aux Esserts, 8 au Pré Roussel, 4 à la Combe-Saint-Pierre, 4 aux Erauges et 11 au Creux de Charquemont. Dans les années 1860, Charquemont aurait compté 138 ateliers réunissant 500 personnes (ces chiffres s'appliquent-ils à l'ensemble de la commune ? prennent-ils en compte les fermes ?) et en 1868 (1861 ?), ce sont 749 personnes qui vivent de l'horlogerie.
Les horlogers les plus importants (installés sur la place de l'Hôtel de Ville) participent à l'exposition universelle de 1867 : les frères Binétruy y présentent des verges et des assortiments à ancre (l'un des types d'échappement), Auguste Chatelain et Xavier Barbier des cylindres et roues de cylindre (éléments essentiels de l'échappement à cylindre). Le Haut-Doubs détient alors un quasi-monopole dans la fabrication des échappements à cylindre, situation qui perdurera de 1850 à 1950 environ (quand celui à ancre deviendra prépondérant).
Dans le quatrième quart du 19e siècle, certains deviennent établisseurs tels Arsène Chatelain, Alcime Binétruy et son neveu Ernest (par ailleurs gros propriétaires dans la commune), les frères Maillot, etc. Ils fabriquent des montres entières, achetant les ébauches à l'usine de la Rasse (Fournet-Blancheroche) - qui fournit aussi des ressorts issus de la manufacture Wyss puis Arnoux (par la suite installée à Besançon au 5 rue du Funiculaire) -, les boîtes à Damprichard (chez Henri Bourgeois ou Aurèle Racine) ou Charmauvillers (François-Marcel Jeambrun, les frères Nappey, Berthet) voire à Charquemont même (Joseph Brischoux), les aiguilles au bourg chez Neukomm et Struchen, les autres fournitures dans le village ou ceux alentours.

L'industrie reçoit une impulsion décisive avec l'arrivée précoce, en 1895-1896, de l'électricité fournie par la société suisse des Forces électriques de la Goule puis avec la desserte par le "tacot" (ligne Morteau-Maîche, ouverte en 1905).
L'électrification favorise la création d'ateliers et d'usines, tels ceux d'Aster Frésard ou de Joseph Guillaume qui attirent nombre d'ouvriers : en 1930 chez le premier 60 personnes plus une trentaine travaillant chez elles, en 1927 chez le second 80 et autant à domicile. La population passe de 1 860 habitants en 1901 (elle avait baissé suite au démembrement aboutissant en 1874 à la création de la commune de Fournet-Blancheroche) à 2 040 en 1911 et le bourg se transforme en ville. Les constructions se multiplient, réunissant fabrication et habitation au sein des bâtiments voire des logements, le travail à domicile restant important. L'industrie domine dans le quartier qui se constitue autour de la gare du tacot, réalisé suivant le cahier des charges de l'ingénieur de la compagnie ferroviaire Ludot : toutes les maisons de la Rue Neuve sont liées à l'horlogerie, un certain nombre d'entre elles étant dues aux investissements importants de Paul Loichot et de sa femme Elisa Fallot.
De nouvelles entreprises apparaissent : Emile Walcker rue de l'Eglise (l'une des plus importantes avant la première guerre mondiale avec une quarantaine d'ouvriers, produisant des roues de cylindre mais faisant aussi du montage pour la maison Deleule de Morteau), Wasner au 7 Rue Neuve, au n° 3 de la même rue l’Union ouvrière de Loichot (qui vend sa production par correspondance en démarchant le personnel communal : maires et adjoints, garde-champêtres, etc.) et au 5 les frères Froidevaux, rue de la Gare Alphonse Pagès qui fabrique des boîtes de montre puis s'oriente vers le décolletage et l'emboutissage (une trentaine d'ouvriers), etc. Les industries dérivées se développent : le Suisse Albert Haenni, doreur à Morteau ou Villers-le-Lac, s'établit à Charquemont au tout début du 20e siècle et fait bâtir en 1913 rue Victor Hugo sa maison dotée d'un atelier de galvanoplastie ; vers 1915, Léon Perrot-Audet fait construire au 18 Rue Neuve son habitation incluant un atelier de traitement thermique des métaux et de polissage des pièces d'horlogerie. Des comptoirs se créent aussi après la première guerre mondiale. Ainsi en 1911 celui de vente de montres (au 11 rue de l'Eglise) dirigé par Francis Demangelle et dépendant de la maison Fernand Pierre de Morteau (auparavant Emile Wetzel et Cie) : Demangelle distribue aux entreprises charquemontaises et aux horlogers travaillant à domicile les ébauches et autres fournitures envoyées par Pierre afin de faire réaliser le traitement de surface, le montage et la finition des montres, dont le réglage s'effectue au comptoir qui en livre au commerce près de 2 000 chaque mois. Autre comptoir : Cyrax (acronyme formé à partir des mots cylindres, roues et axes), fondé en 1932 par Gaston Maillot et Auguste Chatelain, qui reçoit au 6 rue Cuvier les commandes de montres et composants de montres, les répartit entre la dizaine de sociétés associées et s'occupe des expéditions dans le monde entier.

La première guerre puis la crise de 1929 et ses soubresauts marquent un coup d'arrêt au développement de l'horlogerie (en 1934, les horlogers en sont réduits à réaliser les travaux d'adduction d'eau de la commune), mais cette industrie repart de plus belle ensuite, bénéficiant d'un marché protégé : celui des colonies.
Des dynasties d'horlogers se constituent : les Vigezzi, Erard, etc. La plus importante est la famille Frésard : à Aster Frésard ont succédé en 1911 ses enfants (Constant, Victorin et Joseph, plus leur beau-frère Paul Bessot) réunis dans la société Frésard Frères et Bessot. Dans les années 1930, ses dirigeants décident de se séparer pour fonder chacun sa propre société : Victorin dès 1932 (Victorin Frésard et Enfants, rue du Château), Constant (Constant Frésard et Cie, sur place au 9 Grande Rue et rue des Lilas), Joseph (Frésard-Vadam, rue CuvierBessot-Frésard, dans l'usine Guillaume au 15 Grande Rue) en 1937. Les générations suivantes reprendront certains ateliers ou en créeront d'autres : dans la lignée de Joseph son fils Pierre (Frésard-Panneton rue Cuvier, transférée en 2002 rue Pierre Frésard dans une usine devenue Frésard ComposantsJean-Louis Frésard (puis son fils Fabrice) au 13 rue Jean Moulin, son frère Jacques (21 rue Victor Hugo puis rue du Château) puis son fils Thierry (SA Saint-Honoré Paris, avec nouvelle usine en 1992 au Grand Crôt).
C'est le temps des Chapuis, Courtet, Déchaux, Fallet, Feuvrier, Froidevaux, Monnin, Morel, Renaud, Stadelmann, Tirolle, Vuillemin-Régnier, Wasner et autres, qui sont fabricants de composants pour la montre ou fabricants de montres entières, travaillent seuls, en atelier ou à la tête d'usines. La production reste cependant "horizontale" et il n'y a pas de manufacture concentrant en un même lieu l'ensemble des métiers mobilisés pour fabriquer une montre. Le travail à domicile est encore répandu et les nouveaux quartiers en témoignent, avec leurs maison dotées d'atelier : celui des Cités bâti en 1929 par l'Office public d'Habitations à bon Marché du Doubs, celui de la rue du Général Leclerc voire même, après la deuxième guerre mondial, celui des "Castors" à la sortie du village en direction de Damprichard. Toutefois un changement technique s'amorce : l'échappement à cylindre est concurrencé par celui à ancre, dont les Suisses maîtrisent la fabrication. Certaines entreprises se convertissent alors soit à cette nouvelle production, soit à une autre activité telle le décolletage : Pagès, Struchen, etc.

Nouvel essor après la deuxième guerre mondiale.
Les installations reprennent de plus belles et, dans un environnement caractérisé par la société de consommation, chacun crée sa propre marque de montres. C'est d'autant plus facile que Charquemont fournit les échappements, les boîtiers et les bracelets (aussi tirés de Damprichard, notamment de la SBBM), les cadrans (Elector), les verres (Schroter), les ébauches étant achetées à Maîche (Joseph Jeambrun, Maire et Perrier) ou Villers-le-Lac (Cupillard, Parrenin), les aiguilles à Morteau (La Pratique), etc. Les rubis sont usinés sur place : Louis Prétot, qui avait commencé cette fabrication dès 1941, fait construire en 1950-1951 rue de Besançon une usine dédiée, exploitée par la société Rubis-Précis qui y emploie un maximum de 180 personnes durant cette même décennie ; au milieu du siècle, les frères Brossard sont installés au 19 rue de l'Eglise et la société Macabrey est active une quinzaine d'années rue du Chalet. En 1955, Charquemont compte 14 usines de pièces détachées ("dont une fabrique d'assortiments avec 180 ouvriers"), pour un total de 500 personnes, et 66 de terminaison des montres, employant 200 personnes (une autre source mentionne 80 patrons horlogers et 300 ouvriers). Les chiffres de la population témoignent de ce succès : si le nombre d'habitants avait stagné entre les deux guerres aux environs de 1 800 personnes, il passe à 2 161 en 1954, 2 329 en 1961 puis 2 485 en 1975. Rien d'étonnant donc à la hausse vertigineuse de la production : les entreprises charquemontaises fabriquent 296 237 montres en 1955, 1 700 000 en 1972.

Les décennies 1960 et 1970 voient l'horlogerie française se briser faute de savoir répondre à un changement technologique majeur : l'apparition des montres à quartz. Face aux nouveaux concurrents issus de l'Asie du sud-est, qui investissent en masse ce créneau, et contrairement aux Suisses, les Français réagissent en ordre dispersé. Des plus modestes aux plus importantes, les sociétés disparaissent les unes après les autres.
Certains regroupement sont tentés : les enfants de Georges Monnin s'unissent avec Herbelin et les établissements Parent et Marguet de Villers-le-Lac au sein de la société France Montres pour fabriquer en commun leurs mouvements (la production est mécanisée et 12 personnes peuvent réaliser 500 mouvements automatiques par jour là où, dans la fabrication traditionnelle, il en aurait fallu 20). Réaction trop tardive. Autre tentative par les enfants de Roger Monnin (le frère de Georges) dont la société Clyda fusionne en 1997 avec la SA Léon-Georges Petit avant d'être intégrée au groupe TWC, qui la transporte aux Fins dix ans plus tard. Les fabricants de composants, eux aussi touchés, tentent de réagir : la société Haenni ouvre ainsi en 1991 une filiale à l'île Maurice et élargit sa production à l'industrie du luxe (fermoirs de sacs et autres articles en laiton décoré notamment) ; elle est intégrée en 2008-2009 au groupe Imi (Industries micromécaniques internationales), qui en transfère l'activité de l'autre côté de la frontière, au Locle.
En 2014, le constat est simple. Il ne subsiste plus à Charquemont que cinq entreprises en lien avec l'industrie horlogère, qui pour certaines ont d'ailleurs un pied en Suisse : trois fabricants de montres (Herbelin, Jean-Louis Frésard et Saint-Honoré Paris) et deux fabricants de composants (Frésard Composants, racheté en 1991 par le groupe helvétique Nivarox-Far, et Perrenoud). Cinq sociétés qui ont aussi en commun d'être établies dans des bâtiments récents et adaptés : l'usine la plus ancienne date de 1976, la plus récente de 2002.
En 2014, l'horlogerie charquemontaise représente donc un peu moins de 300 personnes dans une commune dont la population est restée stable (2 491 habitants en 2011). Cette stabilité est due aux travailleurs frontaliers qui, employés par les usines horlogères suisses, résident en France. D'où la reconversion massive et rapide des sites industriels désaffectés en logements. D'où le développement important des lotissements formés par les habitations de ces frontaliers, conservant d'une certaine manière à Charquemont sa spécificité horlogère.
Période(s)
Principale :
  • 3e quart 19e siècle
  • 4e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
  • 2e quart 20e siècle
  • 3e quart 20e siècle
  • 4e quart 20e siècle
  • 1er quart 21e siècle

Description


Ateliers et usines d'horlogerie se déclinent en dimensions variables à Charquemont, comme dans l'ensemble du Haut-Doubs. L'atelier peut se réduire à un établi installé dans l'embrasure d'une fenêtre (on travaille "sur la fenêtre"), dans une pièce chauffée du logement de l'horloger (maison ou ferme). Il peut occuper la pièce entière ou un niveau d'un bâtiment servant à toute autre chose, mais il peut aussi prendre place dans un bâtiment dédié voire dans un ensemble de bâtiments dédiés. Toutes les déclinaisons sont possibles d'où l'hétérogénéité du bâti horloger. Prédomine toutefois l'imbrication entre lieu de vie et lieu de production (l'atelier intégré à l'habitation, discret et peu visible) alors que les bâtiments dédiés sont minoritaires. Le grand souci, pour cette activité minutieuse mettant en oeuvre de petits composants, reste l'éclairage. La gestion de la lumière peut donc fournir un indice (non une preuve) de la présence actuelle ou passée d'un atelier dans une maison ou une ferme. Elle se manifeste par l'existence de baies spécifiques : fenêtres horlogères (jumelées et d’un module standard) appelées localement "pile double", fenêtres multiples (plus de deux fenêtres jumelées) dites "fenestrage" ou fenêtres d'ateliers (d'un module plus large).
Les bâtiments sont, au 19e siècle et durant la première moitié du 20e siècle, construits avec les matériaux locaux. La pierre calcaire est extraite sur le territoire communal et donne du sable (une fois concassée par les établissements Delastre), des moellons calcaires et des pierres de taille (une fois retravaillée par les tailleurs de pierre que sont les Pepino et les Glanzmann) ; les bois sont fournis par la scierie (Mougin puis Taillard). Le matériau de couverture est cependant importé : il n'y a pas de tuilerie à Charquemont. Le 20e siècle voit, après la deuxième guerre mondiale, l'utilisation du béton devenir prédominante (sous forme de pan de béton armé, de parpaings de béton, etc.) tandis que les dernières décennies font abondamment appel au pan de fer essenté de tôles. La construction est réalisée par les entrepreneurs locaux (tels Joseph Parini au début du 20e siècle ou la société Lacoste de Maîche par la suite) qui, éventuellement, suivent les plans fournis par des architectes (français mais aussi suisses).
Les bâtiments sont généralement peu élevés : les deux tiers n'ont que trois niveaux (rez-de-chaussée, étage carré et étage en surcroît), un seul (Rubis-Précis) en a quatre.

Source(s) documentaire(s)

  • 50 J Syndicat des fabricants d’horlogerie de Besançon, 1789-1984
    50 J Syndicat des fabricants d’horlogerie de Besançon, 1789-1984
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 50 J
  • 3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963
    3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963- 3 P 128/1 : Registre des états de sections (1812)- 3 P 128/2-3 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties [1823-1906]- 3 P 128/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910)- 3 P 128/8-9 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1963)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 128
  • W Etablissements classés, 19e et 20e siècles
    W Etablissements classés, 19e et 20e siècles
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : W
  • Catalogue officiel des pièces d'origine pour le rhabillage des montres suisses, 1955
    Catalogue officiel des pièces d'origine pour le rhabillage des montres suisses. - Bienne : P. Ruch-Daulte, 1955. 2 t. en 1 vol. (classeur) : ill. ; 22 cm. (Les Fabricants suisses d'horlogerie)
  • Jobin, A.-F. La classification horlogère des calibres de montres et des fournitures d’horlogerie suisses. 3e vol., édition 1949
    Jobin, A.-F. La classification horlogère des calibres de montres et des fournitures d’horlogerie suisses. 3e vol., édition 1949. – Genève : La Classification horlogère suisse, 1949. 336 p. : tout en ill. ; 27,5 cm.1ère éd. en 1936, 2e en 1939. Reproduction grandeur nature des calibres de montres suisses, avec mention de la numérotation maison pour les pièces composant le mouvement.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Papier à en-tête de la fabrique de boîtes de montres Villemain Frères, à Charquemont, décennie 1880
    Papier à en-tête de la fabrique de boîtes de montres Villemain Frères, à Charquemont, décennie 1880
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche
  • Papier à en-tête de la fabrique d'horlogerie Binétruy Frères, limite 19e siècle 20e siècle
    Papier à en-tête de la fabrique d'horlogerie Binétruy Frères, limite 19e siècle 20e siècle
    Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Papier à en-tête de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Charquemont, 16 mai 1914
    Papier à en-tête de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Charquemont, 16 mai 1914
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Papier à en-tête de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Charquemont, 17 juin 1915
    Papier à en-tête de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Charquemont, 17 juin 1915
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Mandat de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Besançon, 20 septembre 1922
    Mandat de la Manufacture de ressorts d'horlogerie Léon Arnoux, à Besançon, 20 septembre 1922
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Papier à en-tête de la manufacture de roues d'ancre et roues Roskopf Joseph Guillaume, 9 mars 1923
    Papier à en-tête de la manufacture de roues d'ancre et roues Roskopf Joseph Guillaume, 9 mars 1923
    Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Papier à en-tête de la fabrique d'assortiments roues et cylindres Veuve Léonat Guyot, 5 juin 1926
    Papier à en-tête de la fabrique d'assortiments roues et cylindres Veuve Léonat Guyot, 5 juin 1926
    Lieu de conservation : Collection particulière : Christian Patois, Frambouhans
  • Fabrique de Boîtes de Montres Henri Jeambrun, 2e quart 20e siècle (entre 1926 et 1932)
    Fabrique de Boîtes de Montres Henri Jeambrun, carte de visite, s.d. [2e quart 20e siècle, entre 1926 et 1932]
    Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • Annuaire Paris-Bijoux
    Annuaire Paris-Bijoux, publiant dans un seul volume toutes les adresses de Paris et de la province (Suisse en partie). - Paris : Paris Bijoux.
  • Fabrication d'horlogerie Félix Feuvrier, 2e quart 20e siècle
    Fabrication d'horlogerie Félix Feuvrier, carte publicitaire, s.n., s.d. [2e quart 20e siècle]
    Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • [Le personnel de la maison Binétruy], limite 19e siècle 20e siècle
    [Le personnel de la maison Binétruy], photographie, par Charles Falkenstein, s.d. [limite 19e siècle 20e siècle]
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs) - Fabrique A. Tirolle et Rue du Près Rousselle, limite 19e siècle 20e siècle
    Charquemont (Doubs) - Fabrique A. Tirolle et Rue du Près Rousselle, carte postale coloriée, s.n., s.d. [limite 19e siècle 20e siècle, avant 1909], Bauer Marchet et Cie éd. à Dijon. Publiée dans : Simonin Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche, 2007, p. 27.Le monogramme BM figurant au recto a été utilisé par l'éditeur de 1904 à 1909, puis remplacé de 1909 à 1916 par le tampon rond Bauer Marchet et Cie Dijon (source : http://dijon1900.blogspot.fr/2013/02/bauer-marchet-et-cie.html)
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs) - Usine Walker (vue extérieure), entre 1904 et 1907
    Charquemont (Doubs) - Usine Walker (vue extérieure), carte postale coloriée, s.n., s.d. [début 20e siècle, entre 1904 et 1907], Bauer et Marchet éd. à Dijon. Porte la date 14 mars 1907 (tampon au recto) ; logo Bauer et Marchet (BM) utilisé de 1904 à 1909Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - 1991, p. 124. Egalement dans : Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - 2007, p. 26.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs) - Usine Walker (vue intérieure), entre 1904 et 1907
    Charquemont (Doubs) - Usine Walker (vue intérieure), carte postale, s.n., s.d. [début 20e siècle, entre 1904 et 1907], Bauer et Marchet éd. à Dijon. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - 1991, p. 124. Egalement dans : Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - 2007, p. 26.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • Grève des ouvriers horlogers de Charquemont. Le repas communiste au préau de l'école des filles, janvier 1908
    Grève des ouvriers horlogers de Charquemont. Le repas communiste au préau de l'école des filles, carte postale, par Francis Grux peintre-photographe à Maîche, s.d. [janvier 1908]. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 113.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • Famille Chatelain-Allemand. Ouvrier horloger. Fabricant de montres garanties, entre mai 1908 et mai 1912
    Famille Chatelain-Allemand. Ouvrier horloger. Fabricant de montres garanties, carte postale, s.n., s.d. [entre mai 1908 et mai 1912]
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Famille Chatelain-Allemand. Ouvrier horloger. Fabricant de montres garanties, décennie 1910
    Famille Chatelain-Allemand. Ouvrier horloger. Fabricant de montres garanties, carte postale, s.n., s.d. [décennie 1910]
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Marie Bessot, Maîche
  • Charquemont (Doubs) - Fabrique d'horlogerie de M. Guillaume, 1912
    Charquemont (Doubs) - Fabrique d'horlogerie de M. Guillaume, carte postale, s.n., 1912. Publiée dans : Simonin Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007, p. 27.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • [Une partie du personnel de l'usine Guillaume, devant l'escalier sud-ouest de l'atelier], décennie 1910 ?
    [Une partie du personnel de l'usine Guillaume, devant l'escalier sud-ouest de l'atelier], photographie, s.n., s.d. [décennie 1910 ?]. Sont distinguées par une croix Stéphanie Cheval (en haut), soeur du père de Louis Cheval (Aimé), et Marthe Perrière, soeur de sa mère.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • 519. Charquemont - Place centrale, limite 19e siècle 20e siècle (avant 1908 ?)
    519. Charquemont - Place centrale, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [limite 19e siècle 20e siècle, avant 1908 ?], Ch. Simon éd. à Maîche.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • 840. Charquemont - Place centrale, 1er quart 20e siècle (avant 1917)
    840. Charquemont - Place centrale, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle, avant 1917], Ch. Simon éd. à Maîche et à Ornans. Date 4 novembre 1917 (manuscrite) au verso (coll. Michel Cheval, Charquemont). Publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. -1991, p. 92.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont - Quartier Neuf, entre 1903 et 1918 ?
    Charquemont - Quartier Neuf, carte postale, s.n., s.d. [entre 1903 et 1918 ?], Francis Grux peintre-éditeur à Maîche
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont - Rue Neuve, 1916 ou 1917
    Charquemont - Rue Neuve, carte postale, s.n., s.d. [1916 ou 1917], Francis Grux peintre-éditeur à Maîche. La carte porte un tampon daté de mai 1917.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • 42. - Charquemont. - Rue Neuve [depuis le carrefour avec la rue Pasteur], décennie 1900 (avant 1908)
    42. - Charquemont. - Rue Neuve [depuis le carrefour avec la rue Pasteur], carte postale, par la Veuve Sandoz, [décennie 1900, avant 1908], Veuve Sandoz éd. à Charquemont. Porte la date 29 septembre 1908 (tampon) au verso.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • 1084. Charquemont - Quartier Neuf, 1er quart 20e siècle.
    1084. Charquemont - Quartier Neuf, carte postale, par Ch. Simon, s.d. [1er quart 20e siècle], Simon éd. à Maîche et Ornans. Aussi publiée dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991, p. 140.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • [Procession pour l'inauguration de la chapelle Sainte-Thérèse passant devant le 45 Grande Rue, le 3 juin 1929]
    [Procession pour l'inauguration de la chapelle Sainte-Thérèse passant devant le 45 Grande Rue, le 3 juin 1929], carte photo, par Jean Louvet, J. Louvet éd. à Maîche. Publiée dans : Donzé, Jacques. Charquemont. Comment ? Pourquoi ? 1339-2010.- S.l. [Charquemont] : s.n. [l’auteur], 2010, p. 158.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Michel Cheval, Charquemont
  • Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle)
    Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle). Consultables en ligne via le site du Géoportail (www.geoportail.gouv.fr)
  • Charquemont (Doubs). 11059 - Vue aérienne [depuis l'ouest], entre 1950 et 1955
    Charquemont (Doubs). 11059 - Vue aérienne [depuis l'ouest], carte postale, s.n., s.d. [entre 1950 et 1955], Éditions aériennes Cim, Combier impr. à Macon
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • En avion au-dessus de... 1. Charquemont (Doubs). La Grande Rue [le bas du village vu du sud], 3e quart 20e siècle
    En avion au-dessus de... 1. Charquemont (Doubs). La Grande Rue [le bas du village vu du sud], carte postale, par Lapie Service aérien, s.d. [3e quart 20e siècle], Edition Lapie à Saint-Maur
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • En avion au-dessus de... 7. Charquemont (Doubs) [vue aérienne des rues de la Gare, Victor Hugo et des Villas depuis le sud], entre 1958 et 1967
    En avion au-dessus de... 7. Charquemont (Doubs) [vue aérienne des rues de la Gare, Victor Hugo et des Villas depuis le sud], carte postale (tirage photographique), s.n., s.d. [3e quart 20e siècle, entre 1958 et 1967], Lapie éd. à Saint-Maur
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Charquemont (Doubs). Vue aérienne [quartier de la gare, de la Rue Neuve et des Cités, vu depuis le sud], entre 1968 et 1975
    Charquemont (Doubs). Vue aérienne [quartier de la gare, de la Rue Neuve et des Cités, vu depuis le sud], carte postale en couleur, s.n., s.d. [entre 1968 et 1975], Combier Imprimeur à Macon
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • [Jacques Donzé et son frère dans leur atelier d'horlogerie], juin 1979
    [Jacques Donzé et son frère dans leur atelier d'horlogerie], photographie, s.n., juin 1979.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au XIXe siècle, 1984
    Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au 19e siècle. - Besançon : Technicmédia, 1984. 328 p. : ill. ; 28 cm.
  • Boyer, Jacques. Les rouages d'une montre moderne, juillet 1910
    Boyer, Jacques. Les rouages d'une montre moderne. Le Mois littéraire et pittoresque, n° 139, juillet 1910, p. 86-100 : ill.
  • Caboco, Laëtitia. Recensement du patrimoine horloger du Pays horloger, 2009-2010
    Caboco, Laëtitia. Recensement du patrimoine horloger du Pays horloger, 2009-2010.
    Lieu de conservation : Pays horloger, Le Bélieu
  • Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
    Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
  • Donzé, Jacques. Charquemont. Comment ? Pourquoi ? 1339-2010, 2010
    Donzé, Jacques. Charquemont. Comment ? Pourquoi ? 1339-2010.- S.l. [Charquemont] : s.n. [l’auteur], 2010. 209 p. : ill. ; 30 cm.
  • Monnet, Bruno ; Sichler, Guy. Charquemont, Fournet-Blancheroche, 1770-1890, 2012
    Monnet, Bruno ; Sichler, Guy. Charquemont, Fournet-Blancheroche, 1770-1890. - [S.l.] : Association Pages d'histoire, 2012. 435 p. : ill. ; 30 cm.
  • Pourchet, Gilbert. Le Haut-Doubs horloger, 1956
    Pourchet, Gilbert. Le Haut-Doubs horloger. - S.l. [Villers-le-Lac] : s.n., 1956. 54 p. dactyl. : ill. (carte, graphiques) , 27 cm.
  • Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche, 2007
    Simonin, Michel. L'horlogerie au fil du temps et son évolution en Franche-Montagne, sur le plateau de Maîche. - Maîche : M. Simonin, 2007. 143 p. : ill. ; 30 cm.
  • Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, 1991
    Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.
  • Donzé Jacques (témoignage oral)
    Donzé Jacques, ancien horloger, historien de Charquemont
  • Frésard Jean-Louis (témoignage oral)
    Frésard Jean-Louis, fondateur de la société éponyme. Charquemont

Informations complémentaires


Ce texte a pour but de présenter simplement le fonctionnement d’une montre du modèle de celles fabriquées dans le Haut-Doubs aux 19e et 20e siècles. Il en nomme les composants principaux et explique leur rôle dans cette mécanique de précision.
« Petit appareil portatif, fonctionnant dans toutes les positions, servant à donner l’heure et d’autres indications » selon le dictionnaire Larousse, la montre se compose du mouvement (ressort, rouage, échappement, balancier, etc.) et de l’habillage (boîte, cadran, aiguilles, bracelets, etc.).


1. Le mouvement

Pour qui privilégie la fiabilité et la précision de la montre, le mouvement est la partie la plus importante.
D’un point de vue fonctionnel, il se compose de plusieurs modules :
- un moteur, source d’énergie : le ressort ;
- un organe de transmission : le rouage (ou finissage), qui transmet cette énergie à l’échappement en multipliant la vitesse de rotation des roues ;
- un organe de partage et distribution du temps : l’échappement, qui découpe le temps en intervalles réguliers (en décomposant en impulsions l’énergie continue du ressort) et entretient les oscillations du balancier ;
- un organe de régulation : le balancier-spiral, qui régularise la division du temps en unités égales ;
- un organe de comptage du temps qui n’est autre que le rouage lui-même, contrôlé par le couple échappement – balancier-spiral.
A ces modules s’ajoutent des fonctions d’affichage du temps (matérialisée par le cadran et les aiguilles), de remise à l’heure et de remontage du moteur.

a). Moteur
Pour fonctionner, la montre a besoin d’énergie. Celle-ci est produite en armant un ressort (c’est-à-dire en « remontant » la montre), en acier trempé ou en acier spécial, qui la restitue petit à petit et continûment. Ce ressort est logé dans une boîte cylindrique, le barillet, dont le couvercle supporte un système d’arrêtage (muni d’une roue appelée croix de Malte) permettant d’utiliser correctement la force du ressort et de limiter son degré d’armage pour ne pas l’abîmer.
La première mention de ce type de moteur est attribuée à Léonard de Vinci, qui le représente vers 1540 dans un de ses dessins. Le ressort est alors accompagné d’une fusée, organe conique dont la surface est creusée d’une rainure hélicoïdale destinée à guider la chaîne ou la corde qui la relie au barillet. Son rôle : régulariser la force motrice. En effet, lorsqu’il est tendu, le ressort délivre une force plus importante que lorsqu’il est détendu ; cette différence est compensée par la variation de longueur de la corde qui s’enroule sur la fusée, variation due au profil de cette pièce.
Dans la deuxième moitié du 17e siècle, en 1675, le savant néerlandais Christian Huygens (1629-1695) proposera de confier cette fonction de régulation à un organe réglant associant un deuxième ressort et un balancier circulaire. Cette solution dominera à partir de la fin du 18e siècle ou du début du 19e (Huygens est par ailleurs l’inventeur en 1657 de l’horloge à pendule, qu’il perfectionne ensuite avant de publier en 1673 l’ « Horlogium oscillatorum »).
Le ressort transmet son énergie au rouage en faisant tourner le disque denté fermant le barillet.

b). Transmission
Le rouage est formé de trois roues dentées, en laiton, qui s’entraînent : mue par le barillet, la roue de centre (dite aussi roue des minutes ou grande moyenne) actionne le pignon de la roue moyenne ; la roue moyenne (ou petite moyenne) actionne celui de la roue des secondes (parfois aussi appelée roue de chant), cette dernière faisant se mouvoir celui de la roue d’échappement.
Chaque roue dentée est donc rivée sur un pignon, qui prend son nom (pignon de centre ou des minutes, de moyenne, des secondes, d’échappement). Le pignon est un organe denté, plus épais mais d’un diamètre plus petit qu’une roue, portant généralement de 6 à 14 dents (appelées ailes). Par le jeu des rapports entre le nombre de dents des roues et celui de leurs pignons, la vitesse de rotation est multipliée : si la roue du barillet bouge lentement (il lui faut plusieurs heures pour faire un tour), celle d’échappement tourne quelques centaines ou milliers de fois plus vite (un exemple parmi d’autres de rapport choisi par un fabricant : un tour de barillet en 4 heures pour 2 400 tours de roue d’échappement). Outre son rôle de transmission et multiplication de la vitesse de rotation, le rouage sert aussi au comptage du temps (fonction que nous verrons plus loin).

c). Partage et distribution du temps
L’échappement permet de décomposer l’énergie (continue) du ressort en unités régulières (impulsions) et d’entretenir les oscillations du balancier. C’est donc lui qui « fabrique » le temps : il libère l’énergie de la réserve de marche (accumulée en remontant le ressort) mais il en contrôle la vitesse d’échappement en bloquant durant un certain laps de temps puis libérant successivement chacune des dents de la roue d’échappement, dont il règle ainsi la vitesse de rotation. Sans lui, le ressort se désarmerait en quelques secondes.
Les deux ou trois pièces, très fragiles et d’une grande précision, qui le composent forment un assortiment (assortiment cylindre, assortiment ancre…).

De nombreux types d’échappements pour montre existent et ont existé : à roue de rencontre, à cylindre, à ancre, à détente, à cheville, etc. Voici les principaux rencontrés dans le Haut-Doubs.
Le plus ancien est l’échappement à roue de rencontre (aussi appelé échappement à verges), utilisé dans les premières horloges puis pour les montres jusque dans les années 1830. Relativement imprécis, il a dans le cas des horloges pu acquérir une plus grande précision en fonctionnant avec le pendule inventé par Huygens en 1657. La roue de rencontre, verticale, est munie sur sa périphérie de dents placées perpendiculairement à son plan. Ces dents transmettent leurs impulsions à deux palettes fixées en haut et en bas d’une tige verticale nommée la verge, portant une traverse le foliot (préfigurant le balancier). Le rouage actionne la roue de rencontre dont les dents agissent alternativement sur les palettes, faisant osciller le foliot.
L’échappement à cylindre imaginé par Georges Graham vers 1720-1725 est une amélioration de celui de Thomas Tompion de 1695. La roue de cylindre a généralement 15 dents disposées en périphérie (sur sa couronne extérieure). Toutefois, contrairement à celle d’ancre, ces dents ne sont pas taillée dans le même plan que la jante (ou serge) mais au-dessus d’elle : la roue, qui a donc une certaine épaisseur, est obtenue en creusant une rondelle de métal. Elle est actionnée par le rouage et ses dents entrent dans une encoche échancrant le cylindre, petit tube d’acier poli (dont la paroi se nomme l’écorce), fermé à chaque extrémité par un tampon d’acier muni d’un pivot. L’assise (ou assiette ou siette) supportant le balancier est emboîtée sur l’extrémité supérieure, le balancier donnant au cylindre un mouvement rotatif alternatif.
L’échappement à ancre est issu des travaux vers 1670 de Robert Hooke et de William Clément appliqués à des pendules, puis des améliorations apportées au système en 1715 par Georges Graham (1675-1751). En 1754, Thomas Mudge est le premier à l’appliquer aux montres. Il s’impose réellement dans les années 1920 puis remplace totalement celui à cylindre à l’issue de la deuxième guerre mondiale. Il se compose d’une roue d’ancre en acier dont les dents (au profil spécial) sont dans le même plan que la jante, et d’une ancre (munie de palettes en rubis en contact avec les dents), qui se poursuit par la baguette de fourchette (dont le débattement est limité par deux goupilles, les butées) et la fourchette proprement dite, en contact avec le support du balancier. L’ancre a un mouvement de bascule, que l’on entend (c’est le tic-tac de la montre).
L’échappement à chevilles, inventé par l’horloger bisontin Perron en 1798, est une déclinaison spéciale de celui à ancres dans laquelle les palettes sont remplacées par des chevilles en acier trempé. Moins coûteux que le précédent, il fut utilisé pour les montres Roskopf (à partir de 1867).

d). Régulation
Le balancier-spiral est l’organe réglant de la montre, nécessaire pour régulariser le fonctionnement de l’échappement. Imaginé par Huygens qui en publie le principe en 1675, c’est un oscillateur composé d’un balancier circulaire, servant de volant d’inertie (éventuellement muni de vis, fixées sur la serge, afin d’en régler l’équilibrage et le moment d’inertie), doté d’un mouvement de va-et-vient circulaire, et d’un ressort spiral, qui lui assure une fréquence d’oscillation propre. Ce dernier a en fait une double fonction : il permet au balancier de revenir au point zéro afin de recevoir l'impulsion suivante en sens inverse et simultanément il règle la durée de l’alternance.

La fréquence d’oscillation est fonction du nombre d’alternances par seconde : entraîné par la masse du balancier, le ressort se tend puis, arrivé en bout de course (1ère position extrême) et complètement tendu, il se détend, générant un mouvement en sens inverse (qu’accentue le balancier) jusqu’à se retendre complètement (2e position extrême). Chaque oscillation est donc composée de deux alternances (passages d’une position extrême à une autre), commandant les mouvements de l’échappement.
Un balancier-spiral effectue généralement de 5 à 8 alternances à la seconde, soit :
- 5 alternances à la seconde = 18 000 à l’heure = fréquence de 2,5 Hz ;
- 6 alternances à la seconde = 21 600 à l’heure = fréquence de 3 Hz ;
- 7 alternances à la seconde = 25 200 à l’heure = fréquence de 3,5 Hz ;
- 8 alternances à la seconde = 28 800 à l’heure = fréquence de 4 Hz.

Plus la fréquence est élevée, plus la précision de la montre pourra être grande, sa régularité dépendant par ailleurs directement de la qualité du couple balancier et spiral. Or ce couple voit ses propriétés se modifier en fonction des variations thermiques, le métal pouvant se dilater. Plusieurs solutions ont été adoptées pour contrer ce phénomène : les balanciers ont pu être dans un métal spécial (par exemple le glucidur – ou berrydur –, bronze au glucinium ou beryllium), bimétalliques (associant deux métaux réagissant différemment aux changements de température), compensateurs, etc. Le ressort lui-même est amélioré suite aux travaux du physicien suisse Charles Edouard Guillaume qui invente dans le premier quart du 20e siècle l’Elinvar, alliage d’acier au nickel peu sensible aux variations thermiques (succédant à l’acier trempé, à celui au palladium, etc.). Sa forme, qui a aussi une influence, a été définie empiriquement par Abraham-Louis Breguet en 1795 puis mathématiquement par Edouard Philips en 1861.
Par ailleurs, la marche (le fonctionnement) de la montre peut être modifiée en jouant sur la longueur active du spiral : c’est là le rôle de la raquette, fixée sur le pont du balancier (ou coq). Cette marche peut être positive (la montre avance) ou négative (elle retarde) ; elle est dite diurne lorsqu’elle est contrôlée sur une période de 24 heures.

e). Comptage et affichage du temps
Si le ressort moteur fournit l’énergie à la montre, l’échappement et le ressort-spiral en régularisent le flux et le découpent en périodes régulières. Ils interagissent donc avec le rouage, dont ils fixent la vitesse de rotation des roues, et c’est cet organe qui sert au comptage du temps et à son affichage, faisant généralement appel à des aiguilles.
La position de ses roues peut varier par rapport au centre du cadran suivant l’architecture retenue. Ainsi, la roue des secondes, qui effectue un tour en 60 secondes et porte – bien évidemment – l’aiguille des secondes (la trotteuse), peut être placée au centre du cadran (on parle alors de seconde au centre ou de grande seconde) ou à 6 heures.
Celle de centre fait un tour à l’heure et porte l’aiguille des minutes. Un pignon, la chaussée, est emboîté sur la tige (l’axe) de cette roue et engrène avec la roue de minuterie, dont le pignon transmet le mouvement à la roue des heures (ou roue à canon ou canon) qui porte l’aiguille des heures. Le rapport entre la chaussée et le canon est de 12/1 : il faut 12 tours de chaussée pour que la roue à canon fasse un tour. Outre son rôle dans la démultiplication et la transmission du mouvement au canon, la roue de minuterie sert aussi pour la mise à l’heure en reliant le système à renvois et les aiguilles.

f). Remontoir et mise à l’heure
Ces deux fonctions partagent certains organes.
Le remontoir sert à armer le ressort (c’est-à-dire à « remonter » la montre). Dans le remontoir au pendant (le plus répandu, inventé par le Suisse Louis Audemars vers 1837), le remontage s’effectue en tournant manuellement une petite couronne sortant du boîtier, fixée sur la tige de remontoir, qui actionne une roue à rochet (roue à cliquet) solidaire de l’axe du barillet sur lequel est fixé le ressort.
La mise à l’heure s’effectue en appuyant sur un bouton (poussette) ou en le tirant (tirette), faisant ainsi glisser sur la tige de remontoir un pignon (le pignon coulant) qui engrène avec un système de renvois commandant les aiguilles. Cette remise à l’heure n’interfère pas avec le fonctionnement de la montre dans la mesure où la chaussée étant entraînée seulement par friction par la tige de la roue de centre, elle peut tourner si nécessaire plus vite qu’elle. Le mécanisme de mise à l’heure présente une telle variété de pièces, de formes, de dimensions, qu’il constitue une véritable « empreinte digitale » de la montre ; à ce titre, il est souvent reproduit avec la vue du mouvement dans les publications techniques et autres catalogues de calibres et fournitures.

g). Les supports des pièces
Les pièces constituant ces modules et assurant ces fonctions sont fixées sur une ébauche, dont la composition a varié au fil du temps.
La platine est le support principal, dont les dimensions et la forme sont fixées par le calibre de la montre. Elle est creusée aux endroits adéquats de noyures destinées à accueillir les paliers et contre-pivots des mobiles (roues et pignons), etc. A l’origine, ces composants étaient fixés entre deux platines, dont l’écartement était assuré par des piliers. Par la suite, sur l’initiative du Français Jean-Antoine Lépine (1720-1814), l’une des platines a été remplacée par plusieurs ponts, plus petits, désignés d’après le nom du mobile auquel ils servent de support (pont de roue de centre, pont de barillet, pont de balancier ou coq, etc.). Les ponts les plus minces portent le nom de barrettes.
La réduction des frottements dommageables aux différentes parties mobiles passe, notamment, par l’utilisation de contre-pivots et coussinets en pierre précieuse ou semi-précieuse. Cette innovation est le fait en 1704 du Suisse Nicolas Fatio de Dhuillier, qui imagine une technique permettant de percer les rubis. 1902 voit l’apparition du rubis synthétique, produit par le Français Auguste Verneuil, qui inonde ensuite le marché.
Le balancier étant l’organe le plus important et le plus fragile, il est protégé des chocs pouvant abîmer ses pivots par un système d’amortisseur (ou d’antichoc) permettant à la pierre servant de palier de se soulever légèrement (le premier « pare-chute » aurait été inventé par Abraham-Louis Breguet en 1790).
L’ébauche de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle associe platine(s), ponts, raquette, barillet et son cliquet. L’ébauche moderne correspond au mouvement, empierré ou non, sans partie réglante (balancier-spiral) ni ressort moteur, cadran et aiguilles.


2. L’habillage

Le souci de l’esthétique est présent dans le mouvement, par le décor du coq (pont de balancier) ou la disposition des ponts, le polissage des vis ou leur couleur, etc. Les composants peuvent être traités par galvanoplastie (dorage – jaune, rose… –, argentage, nickelage, rhodiage, etc.), polis avec plusieurs rendus, gravés de filets, côtes, vagues de Genève, etc. C’est toutefois dans l’habillage qu’il s’exprime le plus, faisant de certaines montres de véritables joyaux, avec recours à la gravure (guillochage ou autre), à l’émaillage ou la peinture, à la fixation de pierres précieuses, etc. Outre cette fonction de présentation, l’habillage rempli également d’autres fonctions : protection, fixation, commande, etc. Il associe donc boîte, cadran, aiguilles, glace, pendant, couronne, anneau, etc.

La boîte (ou boîtier) protège le mouvement de l’humidité, de la poussière et des chocs. Deux grandes familles de boîtes existent, indépendamment de leur forme : celle des montres de gousset (portées dans une poche de l’habit) et celle des montres-bracelets (fixées au poignet).
Une boîte de montre de gousset se compose d’un corps appelé la carrure, sur lequel est fixé le mouvement, fermé du côté des ponts par un fond, éventuellement doublé à l’intérieur par un double-fond, la cuvette. Côté cadran, elle est fermée par la lunette portant la glace (en verre ou matériau synthétique) ; éventuellement, un couvercle de protection est aussi présent (on parle alors de boîte savonnette). Ces organes sont ajustés à cran (par pression, ils prennent place dans une rainure), à charnière ou vissés. Le port de la montre est facilité grâce à un pendant, dans l’axe de la tige de remontoir, portant un anneau (la bélière) sur lequel peut s’accrocher une chaîne.
La boîte de montre-bracelet ou boîte-bracelet est munie de part et d’autre de deux anses (ou cornes) servant à la fixation du bracelet. Fermée par une glace, elle peut être en trois parties (carrure, fond et lunette) ou en deux (carrure-lunette et fond).
Le boîtier peut laisser passage à une ou plusieurs tiges, portant couronne ou bouton et servant à la commande de diverses fonctions : remontage du ressort, mise à l’heure, chronomètre, sonnerie, etc.

Le cadran affiche diverses indications (heure, minute, seconde, etc.) matérialisées par des chiffres, des divisions, des signes (index), etc. Certaines (mois, quantième, phase de lune, heure, etc.) peuvent apparaître dans une petite ouverture : le guichet. Il porte aussi le nom du fabricant (ou de l’établisseur), une marque, des renseignements techniques (nombre de rubis, type d’antichoc, etc.)… Il est réalisé en divers matériaux (cuivre et laiton à l’origine), laissé nu ou recouvert d’un décor (émail à partir de 1635 environ, traitement de surface et décalque actuellement), lumineux ou non (utilisation du radium à partir de 1912 puis du tritium, lampes électriques, etc.).
Les aiguilles (celle des minutes aurait été introduite vers 1691 par l’Anglais Daniel Quare, celle des secondes est encore postérieure) sont de matériaux et de formes diverses (Breguet, Louis XV, Louis XVI, romaine, poire, etc.) ; celles évidées sont dites squelettes. Elles peuvent être lumineuses (présence de radium puis de tritium).

Le bracelet, réalisé en divers matériaux, est généralement formé de deux parties réunies par une boucle ardillon ou un fermoir (boucle déployante par exemple) ; il est dit bracelet marquise lorsqu’il est en un seul morceau, formant un anneau métallique suffisamment élastique pour permettre l’introduction du poignet. Il est fixé sur les cornes par deux barrettes, soudées à elles ou mobiles (barrettes à pompe pour anses « américaines »).


3. Documentation

a). Bibliographie
Berner, G.-A. Dictionnaire professionnel illustré de l’horlogerie I+II, français, deutsch, english, espagnol. – Bienne (Suisse) : Fédération de l’Industrie horlogère suisse, 2007. Pagination multiple (1261 p.) : ill. ; 26 cm. Accessible en ligne sur le site de la Fédération de l'industrie horlogère suisse : http://www.fhs.ch/berner/

Cours d’échappement. Document accessible sur internet sur le site Horlogerie suisse (www.horlogerie-suisse.com) à l’adresse : http://www.horlogerie-suisse.com/technique/cours-d-echappement/ (consultation : 28 janvier 2015)

Flores, Joseph. L’histoire de la montre. – 2006. Document accessible sur internet sur le Forumamontres à l’adresse : http://forumamontres.forumactif.com/t5381-exclusif-l-histoire-de-la-montre-sur-forumamontres (consultation : 26 janvier 2015)

Fonctionnement d’une montre mécanique. Article accessible sur internet à l’adresse : http://www.sport-histoire.fr/Horlogerie/Horlogerie.php (consultation : 28 janvier 2015)

b). Témoignage oral
Donzé Jacques, ancien horloger, historien de Charquemont. 2012-2015

c). Sites internet
Fondation de la Haute Horlogerie (www.hautehorlogerie.org), notamment les pages de la section Encyclopédie consacrées aux montres mécaniques : http://www.hautehorlogerie.org/fr/encyclopedie/encyclopedie-des-montres/montres-mecaniques/ (consultation : 28 janvier 2015)

Hour conquest. Site de Joël Jidet dédié à La Conquête de l’heure : https://sites.google.com/site/hourconquest/home (consultation : 28 janvier 2015)

Boyer, Jacques. Les rouages d'une montre moderne. Le Mois littéraire et pittoresque, n° 139, juillet 1910, p. 86-100 : ill.

1. Petit appel historique

Confrontée à diverses crises durant les années 1920 et 1930, l’industrie horlogère suisse se structure avec la mise en place à partir de 1928 de conventions horlogères (entre les trois principaux regroupements de fabricants), la création en 1931 (avec l’appui des banques) d’une super-holding (l’Asuag ou Société générale de l’Horlogerie suisse SA) concentrant la fabrication des pièces principales du mouvement (ébauche, spiral, balancier et assortiment) et l’adoption de 1934 à 1936 par la Confédération d’arrêtés créant le « statut horloger », qui règlemente ce domaine.
L’un des objectifs principaux de cette cartellisation soutenue par l’Etat est la lutte contre le « chablonnage », vente de mouvements de montre en pièces détachées (« chablons »), qui permet de contourner les droits élevés frappant dans les pays clients les importations de montres terminées. Dès 1934 d’ailleurs, le régime est durci et les exportations de chablons, ébauches et fournitures horlogères sont soumises à permis (de même que l’ouverture, le déplacement, la transformation et l’agrandissement des entreprises horlogères au sein même de la Suisse).
Finalement, après avoir favorisé les sociétés existantes pendant deux ou trois décennies, le système mis en place s’avère inadapté face aux évolutions économiques et techniques. Il est progressivement abandonné de 1961 à 1971.

Dans la pratique, l’entreprise française doit tout d’abord signer la « convention horlogère franco-suisse » (ce qui en fait un « client conventionnel »), texte encadrant l’utilisation des pièces achetées en Suisse (interdiction de céder des ébauches à d’autres horlogers, par exemple). Elle doit ensuite être agréée comme « client habilité à se fournir en Suisse ».
Dans un deuxième temps, un contingent lui est attribué au prorata des ébauches achetées avant la deuxième guerre mondiale (ce sont les « références d’avant-guerre ») et de son potentiel de fabrication ce qui, de plus, lui permet de justifier de son statut de fabricant. La date limite est ensuite fixée aux années 1947 à 1949, puis aux quelques années précédant celle de la demande. Le contingent est révisé tous les ans et débouche sur l’attribution de licences d’importation. Ce système est décrié côté France du fait de la faiblesse des contingents, et plus encore par les jeunes fabricants qui ne peuvent justifier d’aucune antériorité.
Commercialement, il se traduit par l’apparition sur le cadran des montres montées en France de la mention « Ebauche suisse » (ou « Eb. suisse). Cette mention devenant un argument de vente, les fabricants imposent d’ailleurs aux grossistes un prorata d’acquisition : tant de montres avec ébauche française pour une montre avec ébauche suisse.


2. Procédure

La procédure suivie ensuite est décrite ci-après par Jacques Donzé : Formalités requises pour l’obtention des licences d’importation (échanges franco-suisses, dès 1947), par Jacques Donzé, d’après mes souvenirs d’apprenti (14-18 ans).

A la reprise des relations commerciales franco-suisses.

Visite du représentant en ébauches suisses.

Attribution d’un contingent (enveloppe attribuée à l’Horlogerie) par la Fédération des Fabricants de Montres en fonction des accords commerciaux signés entre les deux pays et aussi des références d’avant-guerre pour les entreprises important des ébauches suisses avant la guerre (plus tard, ce point sera une source de conflits entre les anciens fabricants français et les nouveaux établis après la guerre).

Demande d’imprimés auprès de la Fédération nationale des Fabricants de Montres à Besançon.

Demande de facture pro-forma auprès du Fabricant d’ébauches suisses.

Constitution du dossier d’importation (licence et facture pro-forma), ratifié par la Banque qui délivre un certificat ou attestation confirmant la solvabilité du client français.
Je ne suis pas certain de ce qui suit mais il me semble que ce dossier devait être soumis à la Fédération.

Le dossier est ensuite soumis à l’Office des Changes pour agrément (8, rue de La Tour des Dames. Paris 6e).

La licence revient acceptée et la commande devient exécutoire.

Cette commande arrive en France chez un agent en douanes. Pour le Haut-Doubs horloger, agence Henriot à Morteau ou Agence Charpiot à Delle. C’est lui qui s’occupe des dernières formalités d’importation et de la livraison de la marchandise à domicile.

Signalons le fait que dès l’apparition sur le marché de ces ébauches transformées en montres, nous vîmes apparaître sur les cadrans la mention « Ebauche suisse » selon un prorata tenant compte du nombre d’ébauches françaises achetées simultanément.

Pour terminer avec ce paragraphe, ajoutons que lors de la reprise des importations, les fabricants français n’avaient pas accès à l’impressionnante gamme de calibres proposés au catalogue des fournisseurs d’ébauches suisses. Ainsi pour certaines spécialités telles que les secondes au centre directes (ce n’était pas encore la mode en France) ou encore les montres à remontage automatique.
Beaucoup de calibres fabriqués par les fabricants français d’ébauches étaient des copies d’ébauches suisses.

Le Conseil fédéral suisse,
vu l’art. 5 de la loi du 28 août 1992 sur la protection des marques (LPM),
arrête :


Art. 1 Définition de la montre
1 Sont considérés comme montres, les appareils à mesurer le temps dont le mouvement ne dépasse pas 50 mm de largeur, de longueur ou de diamètre ou dont l’épaisseur, mesurée avec la platine et les ponts, ne dépasse pas 12 mm.
2 En ce qui concerne la largeur, la longueur ou le diamètre, seules les dimensions techniquement nécessaires sont prises en considération.


Art. 1a Définition de la montre suisse
Est considérée comme montre suisse la montre
a. Dont le mouvement est suisse ;
b. Dont le mouvement est emboîté en Suisse et
c. Dont le contrôle final par le fabricant a lieu en Suisse.


Art. 2 Définition du mouvement suisse
1 Est considéré comme mouvement suisse le mouvement :
a. Qui a été assemblé en Suisse ;
b. Qui a été contrôlé par le fabricant en Suisse et
c. Qui est de fabrication suisse pour 50 % au moins de la valeur de toutes les pièces constitutives, mais sans le coût de l’assemblage.

2 Pour le calcul de la valeur des pièces constitutives de fabrication suisse selon l’al. 1. let. c ci-dessus, les règles suivantes s’appliquent :
a. Le coût du cadran et des aiguilles n’est pris en considération que lorsqu’ils sont posés en Suisse ;
b. Le coût de l’assemblage peut être pris en considération lorsqu’une procédure de certification prévue par un traité international garantit que, par suite d’une étroite coopération industrielle, il y a équivalence de qualité entre les pièces constitutives étrangères et les pièces constitutives suisses.


Art. 3 Condition d’utilisation du nom suisse
1 Le nom « Suisse », les indications telles que « suisse », « produit suisse », « fabriqué en Suisse », « qualité suisse » ou d’autres dénominations qui contiennent le nom « Suisse » ou qui peuvent être confondues avec celui-ci ne doivent être utilisées que pour des montres ou des mouvements suisses.

2 Si la montre n’est pas suisse, les dénominations figurant au l’al. 1 peuvent néanmoins être apposées sur des mouvements suisses à condition qu’elles ne soient pas visibles de l’acheteur de la montre.

3 La mention « mouvement suisse » peut être apposée sur les montres qui contiennent un mouvement suisse. Le mot « mouvement » devra figurer en toutes lettres, identiques dans leurs types, dimensions et couleurs à ceux de la dénomination « suisse ».

4 Les al. 1 et 3 s’appliquent même lorsque ces dénominations sont utilisées soit en traduction (en particulier « Swiss », « Swiss Made », « Swiss Movement »), soit avec l’indication de la provenance véritable de la montre, soit avec l’adjonction de mots tels que « genre », « type », « façon » ou d’autres combinaisons de mots.

5 L’utilisation comprend, outre l’apposition de ces indications sur les montres ou leur emballage :
a. La vente, la mise en vente ou en circulation de montres munies d’une telle indication ;
b. L’apposition sur des enseignes, annonces, prospectus, factures, lettres ou papiers de commerce.


Art. 4 Apposition de l’indication de provenance
a. Sur les boîtes de montres
1 Est considérée comme suisse la boîte de montre qui a subi en Suisse une opération essentielle de fabrication au moins (à savoir l’étampage ou le tournage ou le polissage), qui a été montée et contrôlée en Suisse et dont 50 % au moins du coût de fabrication (valeur de la matière exclue) sont représentés par les opérations effectuées en Suisse.
2 Les dénominations figurant à l’art. 3, al. 1 et 4, ne peuvent être apposées que sur les boîtes destinées à habiller des montres répondant aux critères définis à l’art. 1a.
3 La mention « boîte suisse », ou sa traduction, peut être apposée sur des boîtes suisses destinées à habiller des montres qui ne sont pas des montres suisses au sens de l’art. 1a. Lorsque la mention est appliquée à l’extérieur de la boîte, l’indication de provenance de la montre ou du mouvement doit figurer de manière visible sur la montre.

et


Art. 5 b. Sur les cadrans des montres
1 Les dénominations figurant à l’art. 3, al. 1 et 4, ne peuvent être apposées que sur des cadrans destinés à des montres répondant aux critères définis à l’art. 1a.
2 La mention « cadran suisse », ou sa traduction, peut être apposée au dos des cadrans suisses destinés à habiller des montres qui ne sont pas des montres suisses au sens de l’art. 1a.


Art. 6 c. Sur d’autres pièces détachées de la montre
1 Les dénominations figurant à l’art. 3, al. 1 et 4, ne peuvent être apposées que sur des pièces détachées destinées à des montres répondant aux critères définis à l’art. 1a.
2 Les ébauches suisses exportées ainsi que les mouvements fabriqués à partir de telles ébauches peuvent porter la mention « Swiss parts ».


Art. 7 Echantillons et collections d’échantillons
Nonobstant l’art. 3, al. 2, et les art. 4 à 6, les boîtes, cadrans, mouvements et autres pièces détachées peuvent porter des indications de provenance suisses lorsqu’ils :
a. Sont exportés séparément sous forme d’échantillons ou de collections d’échantillons ;
b. Sont fabriqués en Suisse et
c. Ne sont pas destinés à la vente.


Art 8 Dispositions pénales
Les contraventions aux prescriptions de la présente ordonnance tombent sous le coup des dispositions pénales de la LPM.


Art. 9 Entrée en vigueur
La présente ordonnance entre en vigueur le 1er janvier 1972.


Disposition finale de la modification du 27 mai 1992
Les entreprises qui, à la date de l’entrée en vigueur de la présente modification, ont déjà utilisé licitement et durablement l’une des dénominations protégées au sens de l’art. 3, al. 1 et 4, sont en droit d’en poursuivre l’utilisation cinq ans après l’entrée en vigueur de la présente modification, même si l’emboîtage et le contrôle final par le fabricant ont lieu à l’étranger.
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
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