Télécharger la version PDF

ÉTABLISSEMENT THERMAL, HÔTEL DE VOYAGEURS ET RESTAURANT

21 - Magnien

Écart de Maizières - Source (R.D.17) - rue de la Source (R.D.17)

  • Dossier IA21000884 réalisé en 2002 revu en 2019
  • Auteur(s) : Claudine Hugonnet-Berger, Marguerite Cinotti, Fabien Dufoulon
Vue de trois-quarts depuis le sud-ouest. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

Première exploitation de la source

La source minérale de Maizières (dite "Fontaine Salée" ou "Fontaine Romaine") est retrouvée grâce aux fouilles archéologiques réalisées par Pierre-Noël Communaux, dit Léon Communaux, conseiller général de la Côte-d'Or, en avril 1883. Les pièces de monnaie (1er-4e siècles après J.-C.), ex-voto et statuettes découvertes sur le site attestent l'utilisation de la source dès l'époque gallo-romaine. Louis Bonnard a publié le plan et la coupe du captage dans sa Gaule thermale (1906). À la veille de la Révolution, Courtépée mentionne à Maizières une "fontaine salée, gâtée par les employés". Au fil du temps, la source disparaît : le registre des délibérations de la commune précise, à la date du 24 mars 1889, que son emplacement est connu grâce à la tradition orale et "par la fréquentation des oiseaux-ramiers et tourterelles, qui pendant la saison chaude viennent rechercher au milieu des marécages le sel que l'eau avait laissé en s'évaporant". Le procès-verbal d'expertise daté du 24 mars 1889 indique : "Cette fontaine dont l'eau a une certaine saveur et une température à peu près constante de 11°C coule à peu près de la grosseur d'un doigt pendant l'été et de celle de deux environ pendant l'hiver. Depuis un temps assez rapproché, les habitants des villages avoisinants viennent en assez grand nombre puiser l'eau de la fontaine salée. Cette eau est utilisée, paraît-il, par eux ou leurs proches lorsqu'ils sont malades. Elle paraît aussi posséder quelques vertus si l'on écoute certaines personnes souffrantes qui en ont usé".
Après sa redécouverte, la source est entourée d'un cadre de bois et Léon Communaux demande à la commune de lui "céder, à titre d'échange et jouissance, pour une durée de trente années consécutives, la Fontaine Salée, avec une parcelle de 12 ares environ à prendre dans le pâtis communal qui l'environne". La commune accepte et autorise Léon Communaux à faire "toutes améliorations, plantations et constructions" (acte par devant Me Compain, notaire à Arnay-le-Duc, 15 mai 1889). Les habitants de Maizières sont autorisés à se procurer "chaque dimanche, de midi à 3 heures", la quantité d'eau nécessaire à leur santé. À la suite du rapport rédigé par l'ingénieur des Mines de Dijon (3 août 1889) et du rapport présenté par M. Ferréol à l'Académie de Médecine (31 décembre 1889), l'exploitation de la source est autorisée par arrêté ministériel du 5 février 1890. Peu après, vraisemblablement en 1890-1891, est construit un modeste établissement thermal connu grâce à des cartes postales. Il se compose d'un édicule faisant office de buvette, d'un bâtiment principal affecté à l'accueil et à l'hébergement, et à l'arrière, d'un bâtiment servant à l'embouteillage. Le 12 avril 1892, Albert Robin présente à l'Académie de Médecine un rapport établi à partir des observations du docteur René Matton. Il fait état de guérisons de dypepsie, lithiase biliaire, diathèse urique, arthritisme noueux, etc. À la suite du décès de Léon Communaux, en 1898, ses droits sur la source et les terrains voisins sont vendus à Truchot, le 16 décembre 1901.

De 1901 à 1936 : un succès mitigé

Émile Truchot tente de créer une véritable établissement thermal. Profitant de la superficie relativement importante du terrain, il fait construire chambres et salles de bains. C'est de cette campagne de construction que date l'édifice ancien (aujourd'hui enveloppé de béton) qui abrite des chambres à coucher à l'étage et des salles de restauration au rez-de-chaussée. L'échec de cette initiative le pousse à vendre l'établissement à Jean-Baptise Philippart, ingénieur à Paris, en 1907. À l'époque de cette transaction, l'établissement thermal est constitué de deux bâtiments principaux se faisant face, un édicule aux allures de chalet sur l'emplacement du captage de la source et un petit bâtiment isolé. Philippart s'active à promouvoir la station et fonde à cet effet la Société des eaux thermales de Maizières qu'il fait siéger au Troisième Congrès international de physiothérapie au même titre que les stations de Plombières-les-Bains, Vichy, Vittel et Évian-les-Bains. Philippart fait largement connaître son eau par le biais d'annonces publicitaires. À la mort de Philippart en 1928, ses héritières cèdent ses droits à la Société hydrominérale de Maizières. Les docteurs Molinery et Meillon se lancent dans l’organisation de camps thermaux, véritables colonies de vacances à fins curatives tandis qu’Auguste Deroye s’efforce de faire reconnaître les qualités de l’eau de Maizières en envoyant des caisses de bouteilles aux pharmaciens et docteurs de la région. Malgré tant d’efforts, en raison du petit nombre de chambres, le rayonnement et la clientèle de la source restent locaux. En 1936, la Société hydrominérale de Maizières est dissoute. En 1946 est créée la Société de la source gallo-romaine de Maizières (SARL) qui relance l’embouteillage après avoir fait analyser à nouveau l’eau et constater sa pureté et sa minéralité.

L'apogée de la station de Maizières sous l'administration des Mathiot

En 1951, Pierre Mathiot, convaincu des vertus bénéfiques des eaux de la source, acquiert toutes les actions de la société et entreprend d’en redynamiser l’exploitation. Il commence par solliciter son inscription sur la liste des sources agréées avant d’entreprendre de nouveaux aménagements pour héberger les malades. Dans les années 1950, si le nombre de curistes reste assez bas, Mathiot peut compter sur la présence d’enfants parisiens, venus faire une cure de grand air. Pour eux, il fait aménager un aérium, agréé par la Sécurité sociale en 1954. En 1961, la SARL est transformée en SA. Pierre Mathiot en est le président.
En 1962, le hameau de Maizières est agréé comme station thermale. Les émissions radiophoniques contribuant à la réputation de la station, la clientèle afflue. Faute de place, Mathiot se voit même contraint de refuser des admissions. Après avoir sollicité en vain l’aide des différents organismes départementaux et régionaux en faveur de son projet de grand hôtel, il doit se contenter, en 1965, de prolonger l’édifice ancien par une construction en béton, de style vaguement méditerranéen, qui dénature l’édifice d’origine et lui donne l’aspect disparate que nous lui connaissons aujourd’hui. En outre, Mathiot s’attache à diversifier les activités de la source en lançant la production de crèmes et de lotions dermatologiques, entièrement réalisées par sa femme Arlette Mathiot, et qu’il fait commercialiser à Beaune, à Arnay-le-Duc, et jusqu’à la foire gastronomique de Dijon où la source de Maizières a son propre stand. "Malgré tous les efforts de la famille Mathiot, Maizières ne reste qu’une petite station artisanale dont la majorité des curistes viennent de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire. » (J. Gonzalez). Les témoignages d’anciens curistes attestent cependant de son excellente réputation locale fondée sur la qualité de l’accueil et son format familial.

Le déclin à partir des années 1980

En 1980, Mathiot entreprend de nouveaux travaux pour déplacer le centre de soins vers le lieu même de captage de la source. Il fait raser l’usine d’embouteillage et couler une plaque de béton. N’ayant jamais eu les moyens d’achever les travaux, il suspend la construction qui demeure aujourd’hui telle quelle. L’année 1981 voit chuter drastiquement le nombre de curistes (91 curistes seulement en 1981 contre plus de 200 en 1978) après que l’agrément de station thermale a été retiré. En 1983, Pierre Mathiot démissionne de son poste de président. Il meurt un an plus tard. Sa femme Arlette Mathiot qui lui avait succédé, démissionne à son tour en 1988, à la suite d’une inspection extrêmement négative qui a souligné la vétusté des locaux.
En janvier 1990, la Société de la source gallo-romaine de Maizières est liquidée. En 1992, le site est racheté par les laboratoires Gresval de Paris, spécialisés dans les produits dermo-cosmétiques. C’est à cette occasion qu’est créée la Société d’exploitation des eaux thermales de Maizières (SEETMA). Elle est finalement dissoute en 2009 mais les bâtiments de l’établissement thermal restent la propriété de la société Fileco dont Robert Vachy, ancien PDG des laboratoires Gresval est l’administrateur, et qui ne se préoccupe pas de les entretenir. Le site est finalement racheté par la commune en 2019.
Période(s)
Principale :
  • 1er quart 20e siècle
  • 3e quart 20e siècle
Secondaire :
  • 4e quart 19e siècle
Auteur(s) & personnalité(s)

- date de décès : 1984

Exploitant de l'établissement thermal de Maizières qu'il fait considérablement reconstruire. Epoux d'Arlette Mathiot.

Description


L'établissement thermal de Maizières est constitué de trois édifices parallèles et situés les uns derrière les autres par rapport à la route sur une parcelle en pente qui descend jusqu'à l'Arroux.
Le premier édifice est de composition disparate et d'élévation inégale. Au centre, une façade en brique et béton, peinte en blanc, à deux niveaux d'élévation, sur pilotis, est adossée contre un bâtiment beaucoup plus ancien qu'elle prolonge et dont on distingue encore depuis la route le toit à longs pans, les lucarnes et le pignon latéral. Deux corps en béton, avec élévation à trois niveaux et toit en appentis, encadrent, légèrement en retrait, cette façade ainsi que le bâtiment ancien. Le bâtiment d’origine en brique et moellon calcaire est ainsi enveloppé par une structure en béton. L’accès principal dans ce bâtiment se fait au niveau de la façade centrale, par un escalier à deux volées, limon fermé, sur pilotis. À gauche de la porte, le mur est percé d’un oculus puis d’une fenêtre bandeau dont les encadrements sont rehaussés de peinture verte. À l’arrière, grâce à la dénivellation, l’accès se fait de plein pied dans l’édifice d’origine. Le vestibule se démarque nettement de sa prolongation en béton par son escalier en bois à deux volées, et ses baies en arc en plein cintre. Cet édifice en béton, qui faisait fonction d'hôtel-restaurant, comprenait hall d'accueil, salle à manger, cuisine et bureaux au rez-de-chaussée, lingerie, chaufferie et chambre froide au sous-sol. L’étage qui devait sans doute être destiné aux chambres est resté en chantier. Cet édifice est prolongé vers l’est par une pergola. Le deuxième édifice n’a qu’un seul niveau d’élévation et un toit à longs pans et pignons couverts, en tuiles mécaniques. Percé de plusieurs portes et équipé de plusieurs salles d’eau, il est divisé en petits logements ouvrant directement sur l’extérieur, destinés aux curistes. Le troisième édifice, nettement plus petit que les deux autres, abrite les salles de bains alignées le long d’un couloir de circulation et dont subsistent les minces cloisons, sous un toit en appentis.
Entre cet ensemble d’édifices et la route, une grande construction en béton, aux deux tiers enterrée et couverte d'une terrasse, abrite le captage de la source. La source est matérialisée par un large cylindre en béton coiffé d’un socle carré, base de l’ancien petit monument néo-classique, où on lit encore l’inscription "FONS ROMANUS". Un escalier droit permet d’accéder depuis la terrasse à ce vaste espace couvert dont l'aménagement est resté inachevé.
Murs :
  • calcaire
  • béton
  • brique
Toit :
  • tuile mécanique
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
Couvrement :
  • charpente métallique apparente
Escalier :
  • escalier de distribution extérieur escalier droit en maçonnerie

Source(s) documentaire(s)

  • Plan et coupe du captage de la source de Maizières. [s.d.]
    Plan et coupe du captage de la source de Maizières / Louis de Launay. [s.d.]. Gravure. In : Bonnard, Louis. La Gaule thermale. Sources et stations thermales et minérales de la Gaule à l'époque gallo-romaine. Paris : Librairie Plon, 1908. 521 p. p. 455.
    Lieu de conservation : Bibliothèque nationale, Paris
  • Courtépée, Claude ; Beguillet, Edme. Description historique et topographique du Duché de Bourgogne. T. 3. 1778.
    Courtépée, Claude ; Beguillet, Edme. Description historique et topographique du Duché de Bourgogne. T. 3 comprenant le Baillage de Beaune, Nuys & le Nuyton, Auxone & l'Auxonois, Saint-Jean-de-Lône & le Lônois, les Marquisats de Chaussin, et de la Perriere, partie de celui de Seurre ; & l'Histoire d'Autun avec l'Autunois. Dijon : Causse, 1778.
  • Matton, René. Etude sur les eaux de Maizières (Côte d'Or). 1892
    Matton, René. Étude sur les eaux de Maizières (Côte-d'Or). Paris: Société d'éditions scientifiques, 1892. 39 p.
  • Bonnard, Louis. La Gaule thermale. Sources et stations thermales et minérales de la Gaule à l'époque gallo-romaine. 1908.
    Bonnard, Louis. La Gaule thermale. Sources et stations thermales et minérales de la Gaule à l'époque gallo-romaine. Paris : Librairie Plon, 1908. 521 p.
  • Gonzalez, Julien. En Bourgogne, les villes d'eau oubliées. 2005.
    Gonzalez, Julien. En Bourgogne, les villes d’eaux oubliées : Pougues-les-Eaux, Fourchambault-Garchizy, Saint-Parize-le-Châtel, Decize-Saint-Aré, Maizières, Saint-Christophe-en-Brionnais. Nevers : Éditions Loire et Nièvre, 2005. 157 p. ISBN 2-9524476-0-8.
  • Gonzalez, Julien. Maizières près d’Arnay-le-Duc : histoire d’une station thermale oubliée. 2016.
    Gonzalez, Julien. Maizières près d’Arnay-le-Duc : histoire d’une station thermale oubliée. [Dijon] : Julien Gonzalez, 2016. 63 p. ISBN 978-2-9531297-3-1.

Informations complémentaires

Observations :
En délabrement, plafonds affaissés, invasion de ronces, fenêtres brisées.
Thématiques :
  • patrimoine hospitalier
  • thermalisme en Bourgogne-Franche-Comté (le)
Aire d’étude et canton : Bourgogne-Franche-Comté
Dénomination : établissement thermal, hôtel de voyageurs, restaurant
Parties constituantes non étudiées :
  • hôtel de voyageurs
  • restaurant
  • logement
Carte interactive
Haut de page