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IMMEUBLE ET ATELIERS DE BOÎTES DE MONTRE D'HENRI BAILLODS ET DE LEVURES DE L'INSTITUT LA CLAIRE, PUIS USINE D'HORLOGERIE (USINE DE MONTRES) FRANKOWSKI

25 - Morteau

8 rue Victor Hugo

  • Dossier IA25001855 réalisé en 2013 revu en 2018
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Façades postérieure et latérale droite, avec l'atelier de fabrication au 1er plan. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Un immeuble est construit vers 1895 au Clos Pommey (par la suite rue de l'Helvétie puis rue Victor Hugo) pour Paul Saint-Loup, de Dijon, et Victor Vuillemin, de Morteau. Ce dernier est-il Victor Abel Vuillemin, tourneur sur métaux né aux Gras en 1864, qui, vers 1883, avait acquis le bâtiment du 21 rue de l'Helvétie avec Sylvain André, aussi originaire des Gras ? Saint-Loup et Vuillemin achètent vers 1905 l'atelier construit vers 1893 au même lieu pour Henri Baillods, originaire de La Chaux-de-Fonds. Cet atelier abrite sa fabrique de boîtes de montre et son installation de galvanoplastie (dorage, argentage, platinage, nickelage, oxydage, damasquinage, émaillage). Il a une certaine importance puisqu'en juin 1897, Baillods, "monteur de boîtes à Morteau", passait dans la revue suisse La Fédération horlogère une annonce pour recruter "12 acheveurs [et] 6 tourneurs, de préférence à la machine" ; il cherchait déjà du personnel en 1894 et en juillet de l'année suivante "25 remonteurs pour pièce cylindre 18 lignes". Il se dit spécialiste des "boîtes photomicroscopiques avec vues de tous pays, sujets variés, études" : la bélière de ses montres (anneau servant à les suspendre) est percée d'un trou dans lequel est inséré un petit tube en verre contenant une photographie microscopique.
Autre acquisition de Saint-Loup et Vuillemin vers 1911 : l'usine édifiée vers 1904 pour la fabrique de levures de James Burmann. Fondateur en 1891 de l' "Institut La Claire", ce dernier est à la tête de la société James Burmann et Cie, installée au Locle et à Morteau afin - écrit-il - de profiter de la qualité de l'air et de l'eau de ces lieux (liée à l'altitude). A Morteau, son affaire était auparavant établie dans l'usine d'horlogerie d'Albert Friez, rue de la Louhière (par la suite fonderie de la Fabi, chemin des Lilas). Burmann est peut-être associé avec Georges Jacquemin (1862-1925), qui a créé en 1894 (avec son père Eugène) l'Institut de recherches scientifiques et industrielles Jacquemin, à Malzéville (Meurthe-et-Moselle). Les levures sélectionnées par l'institut de Malzéville sont ensuite cultivées et commercialisées au Locle (laboratoire) et à Morteau (usine à vapeur), notamment les levures de vin, cidre, hydromel, etc. et le "radiolevures ou multilevures radioactives". En 1909, sous la direction de M de Saugy, il est question des "géolevures pour l'amélioration des vins".
Vuillemin est, à partir de 1912 environ selon la matrice cadastrale, seul propriétaire de l'ensemble qu'il cède vers 1917 à deux horlogers : Charles Frankowski (1879-?), gendre de l'entrepreneur Dominique Luchini (auteur d'immeubles pour les frères Deleule au 12 rue de la Gare et au 9 rue René Payot), et Paul Maillardet (1884-1946), descendant d'une famille d'horlogers suisses, demeurant auparavant à La Chaux-de-Fonds. Ce dernier s'installe vers 1922 aux 14 et 14 bis Grande Rue (alors n° 8), où il se dit spécialiste des montres bon marché, montres système Roskopf et montres pour automobile (dans la deuxième moitié de la décennie, il ira aux 22-24 rue Fauche où il fondera les Ets Paul Maillardet et Fils). Frankowski, qui conserve l'établissement, avait fondé son entreprise à Morteau en 1901 (l'Annuaire du Doubs de 1902 mentionne une Mme Frankowski et Morel). Il était signalé en 1906 et 1908 au 16 rue de la Gare (numéro actuel ?) comme fabricant de montres système Roskopf, en 1910 à la même adresse comme spécialiste des "montres pour voitures avec seconde au centre" (il dépose le 29 août de cette année la marque Tadéa) ; en 1923, sa publicité précise : "spécialité de montres bon marché, pour primes, forains et loteries. Grande production". En 1929, il s'associe avec Pierre Seguin (fils de Virgile, fabricant de montres aux 18-22 Grande Rue) et fonde à Besançon la Sarl des Ets Frankowski et Pierre Seguin, avec siège social au 36 bis avenue Carnot et atelier au 36. Il se retire de cette affaire en 1931 et cède ses parts à son associé (qui renommera la société Ets Pierre Seguin à la fin des années 1940). Le site de la rue Victor Hugo passe vers 1942 à la famille Pugin, de Montlebon : Narcisse (1882-? avant 1951), qui exploite avec son frère Jean le moulin et la scierie de Cornabey (17 rue du Moulin), puis vers 1955 à Henri Pochon époux Pugin. Des garages sont construits en 1960 (à l'ouest) et 1967 (à l'est). Les bâtiments sont dédiés à l'habitation (un oriel a été ajouté au premier étage contre la façade sud).
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle

Description


Le bâtiment principal a des murs en moellons calcaires enduits (avec essentage de matériau synthétique à l'est) et un toit à longs pans brisés, égouts retroussés et pignons couverts. Il comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage en surcroît, desservis par un escalier dans-oeuvre tournant à retours en béton. L'oriel récemment ajouté sur la façade sud est supporté par quatre poteaux en béton. Les baies sont en arc segmentaire avec encadrement en briques (à l'exception de celles de la façade nord). L'ancien atelier en appentis à l'est est en rez-de-chaussée, avec des piliers en briques silico-calcaires. Les garages, coiffés d'un toit à un pan, ont des murs en béton enduit (avec essentage de tôle pour celui à l'ouest). Toutes les couvertures sont métalliques.
Murs :
  • calcaire
  • brique silico-calcaire
  • béton
  • moellon
  • enduit
  • essentage de matériau synthétique
  • enduit
  • essentage de tôle
Toit :
  • métal en couverture
Etages :
  • étage de soubassement
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre, escalier tournant à retours avec jour, en maçonnerie
  • escalier isolé, escalier droit, en maçonnerie
Energie utilisée :
  • énergie thermique produite sur place
  • énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 412 Cadastre de la commune de Morteau, 1816-1978
    3 P 412 Cadastre de la commune de Morteau, 1816-1978- 3 P 412 : Atlas parcellaire (11 feuilles), dessin (plume, lavis), par les géomètres du cadastre Girardier et Mestre, 1816-1817- 3 P 412/1 : Registre des états de sections, 1818- 3 P 412/4-5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1823-1875. Le 1er volume manque.- 3 P 412/2-3 : Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties, 1876-1914- 3 P 412/6 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1882-1910- 3 P 412/7-9 : Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1911-1965- 3 P 412/10-13 : Matrice cadastrale des propriétés bâties, 1911-1978
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 412
  • L'Impartial, 17 juillet 1895
    L'Impartial, n° 4484, 15e année, mercredi 17 juillet 1895. Document accessible en ligne : http://doc.rero.ch/record/82215/files/1895-07-17.pdf (consultation : 17 juillet 2018)Sous-titre en 1895 : Journal quotidien et feuille d'annonces paraissant à La Chaux-de-Fonds tous les jours excepté le lundi
  • La Fédération horlogère, 17 juin 1897
    La Fédération horlogère, 12e année, n° 48, jeudi 17 juin 1897, p. 262.Sous-titre en 1897 : Organe de la Société intercantonale des Industries du Jura, des Chambres de Commerce, des Bureaux de Contrôle et des Syndicats professionnels. Parution le jeudi et le dimanche à La Chaux-de-Fonds
  • Publicité pour la fabrique d'Henri Baillods, 1902
    Publicité pour la fabrique d'Henri Baillods, 1902. Publiée dans : Annuaire suisse Chapalay et Mottier. Edition spéciale. Spécial pour : Horlogerie, bijouterie, pièces à musique et toutes professions qui s'y rattachent. 1902. - Genève : Annuaire du Commerce Chapalay et Mottier, 1902.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jean-Claude Vuez, Villers-le-Lac
  • Institut sélecto-bactériologique James Burmann [brochure], 1906
    Institut sélecto-bactériologique James Burmann [brochure], 1906
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • 8. Morteau. - Vue générale [depuis la Table du Roi, à l'ouest], 4e quart 19e siècle [après 1895]
    8. Morteau. - Vue générale [depuis la Table du Roi, à l'ouest], carte postale en couleur, s.n., [4e quart 19e siècle, entre 1895 et 1905], Sabardin éd. à Morteau. Porte la date 5 octobre 1905 au recto (manuscrite) et au verso (tampon).Date 1895 : usine Frankowski bâtie.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • Institut sélecto-bactériologique James Burmann. Usine de Morteau (Doubs), 1906
    Institut sélecto-bactériologique James Burmann. Usine de Morteau (Doubs), photographie imprimée, s.n., 1906. Publiée dans : Institut sélecto-bactériologique James Burmann [brochure], 1906.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • 1253. Morteau - Vue générale [depuis l'ouest], 1ère moitié 20e siècle [après 1917]
    1253. Morteau - Vue générale [depuis l'ouest], carte postale, par Simon, s.d. [1ère moitié 20e siècle, après 1917], Simon éd. à Maîche.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Ethalon, Les Ecorces
  • 254. Morteau - Vu du Mondez (côté est), 1ère moitié 20e siècle
    254. Morteau - Vu du Mondez (côté est), carte postale, s.n., s.d. [1ère moitié 20e siècle], Louis Rochet éd. au Russey. Publiée dans : Vuillet, Bernard. Le val de Morteau et les Brenets en 1900. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1978, p. 68.
  • Commune de Morteau. Voirie urbaine. Plan d'alignements. Rue Victor Hugo, 5 juillet 1930
    Commune de Morteau. Voirie urbaine. Plan d'alignements. Rue Victor Hugo, dessin (photocopie de lavis), par le géomètre U. Chatot, Villars-Saint-Georges le 5 juillet 1930, 30 x 120 cm, 1/500
    Lieu de conservation : Collection particulière : Henri Leiser, Morteau
  • Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle)
    Prises de vues aériennes de l'IGN (20e siècle). Consultables en ligne via le site du Géoportail (www.geoportail.gouv.fr)
  • Monneret, Christian. Recherches généalogiques
    Monneret, Christian. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Briselance, Claude-Gilbert. L’horlogerie dans le val de Morteau au XIXe siècle (1789-1914), 1993
    Briselance, Claude-Gilbert. L’horlogerie dans le val de Morteau au 19e siècle (1789-1914). - 1993. 2 vol., XXXII-398 - III-420 f. : ill. ; 30 cm. Mém. maîtrise : histoire contemporaine : Besançon : 1993
  • Le département du Doubs, 1923
    Le département du Doubs. - [S.l.] : [s.n.], 1923 : ill. N° spécial de « L’Illustration économique et financière », supplément du 4 août 1923
  • Jacquemin, Lore. Eugène Jacquemin de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Nancy, son fils Georges Jacquemin et l'Institut de Recherches scientifiques et industrielles de Malzéville, 2007
    Jacquemin, Lore. Eugène Jacquemin de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Nancy, son fils Georges Jacquemin et l'Institut de Recherches scientifiques et industrielles de Malzéville. - Nancy, 2007. 140 p. : ill. ; 30 cm. Th. doct. : Pharmacie : Nancy 1, Université Henri Poincaré, 2007.
  • Jacquemin, Lore ; Labrude, Pierre. L'Institut de recherches scientifiques et industrielles Jacquemin (1894-1967) de Malzéville, en banlieue de Nancy. Une entreprise presque pharmaceutique..., 2010
    Jacquemin, Lore ; Labrude, Pierre. L'Institut de recherches scientifiques et industrielles Jacquemin (1894-1967) de Malzéville, en banlieue de Nancy. Une entreprise presque pharmaceutique... Revue d'Histoire de la Pharmacie, 97e année, n° 368, 2010, p. 381-392 : ill.Document consultable en ligne : https://www.persee.fr/docAsPDF/pharm_0035-2349_2010_num_97_368_22235.pdf (consultation : 11 mai 2018)
  • Droz Yves (témoignage oral)
    Droz Yves, collectionneur de pièces horlogères et fondateur du Musée de la Montre, Villers-le-Lac
  • Leiser Henri (témoignage oral)
    Leiser Henri, fils d'André Leiser et historien du val de Morteau. Morteau

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Dénomination : immeuble, atelier
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • bureau
  • logement
  • garage
  • escalier indépendant
  • jardin
  • cour
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