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HORLOGE D'ÉDIFICE L.-D. ODOBEY CADET

39 - Morez

35 quai Aimé Lamy

  • Dossier IM39002262 réalisé en 2002 revu en 2010
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Le mouvement dans sa caisse en chêne. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Les modifications que l’architecte Paul Guadet doit apporter à son projet pour tenir compte des restrictions budgétaires touchent jusqu’à l’emplacement de l’horloge.
Ainsi, le 11 mars 1931, le directeur de l’école Octave Prélat s’inquiète de sa position : « Cette horloge qui était prévue au-dessus du bâtiment B, pouvait se voir d’assez loin quand ce bâtiment avait trois étages. Actuellement, nous avons supprimé un étage et j’ai peur qu’en laissant l’horloge où elle avait été prévue, le cadran ne soit complètement caché et ne serve pas à grand’chose, étant donnée la hauteur des maisons voisines qui se trouvent en avant, c’est-à-dire en bordure du quai. Ne serait-il pas préférable de placer cette horloge au-dessus de la terrasse du bâtiment D [internat] ? Le cadran serait visible de loin et surtout de la cour de récréation, des ateliers, des salles de cours et de presque partout, et je crois qu’il serait mieux là que d’être caché presque entièrement par le toit des maisons voisines. Je tiens à avoir votre avis à ce sujet, car il est absolument nécessaire qu’une Ecole nationale, qui fait de la grosse horlogerie, ait au moins une horloge sur l’une de ses façades, d’autant plus que l’horloge m’est offerte gratuitement. » (Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Centre d’Archives d’Architecture du XXe siècle, Paris : fonds Paul Guadet).

Le 14 avril, Prélat indique les dimensions nécessaires à son placement : « En ce qui concerne l’horloge, voici les dimensions minimales qui seront nécessaires :
Longueur de la cage du mouvement .............. 2 mètres
Largeur --------- id ------------------------ .............. 0 m 50
Hauteur de la cage ............................ 1 m 50
Il faut compter un passage de 0 m 80 pour circuler derrière et sur les côtés de la cage de l’horloge. Les cloches sur lesquelles seront frappées les heures, demis et quarts, pourront être placées au-dessus de la cage, les unes à côté des autres ; il faut compter une hauteur de 0 m 80 pour la plus haute cloche. Ces dernières peuvent être placées dans un compartiment à claire-voie, avec abat-son comme cela se fait ordinairement.
Le cadran pourra être dans le genre de celui de l’Ecole de Besançon, c’est-à-dire en mosaïque à trous, et avoir un diamètre de 3 mètres environ ; je crois que cela sera suffisant. Il pourra être légèrement en retrait sur la terrasse, de manière à profiter du bord de la terrasse, et être quitte d’échafauder pour placer les aiguilles, ou pour une réparation quelconque. » (Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Centre d’Archives d’Architecture du XXe siècle, Paris : fonds Paul Guadet).
L’horloge sera finalement installée sur la terrasse du bâtiment B en juin 1933. Son cadran est positionné à l’aplomb du mur de façade mais fixé sur un bâti mobile qui permet de le reculer à l’intérieur de l’édicule qui l’abrite, implanté lui sur la terrasse. Lorsque le bâtiment sera doté en 1954 d’un étage supplémentaire, retrouvant ainsi le volume initialement voulu par Guadet et Prélat, l’horloge et son cadran seront transférés dans le comble qui le coiffe.

Cette horloge est un don de la fabrique L.-D. Odobey Cadet, dirigée par Albert Odobey alors inspecteur départemental de l’Enseignement technique.
Louis-Albert Odobey (10 juillet 1876 - 15 septembre 1946) est le fils de Louis-Delphin Odobey (15 août 1827 - 30 janvier 1906), cultivateur et horloger à Foncine-le-Haut, qui s’est installé en 1852 à Morez où il a fait construire, en 1858, une fabrique d’horloges d’édifice aux 5 et 6 quai de l’Hôpital (actuel quai Jobez). Il est aussi le frère de Paul (28 avril 1851 - 30 novembre 1923), fondateur en 1880 de la fabrique d’horloges Paul Odobey Fils. Albert a repris l’affaire familiale avec son frère Jules (né en 1867 ou 1868) qui, inspecteur de l’Enseignement technique avant lui et membre du comité de l’Ecole pratique de Commerce et d’Industrie de Morez, meurt le 24 septembre 1915.
Devenu inspecteur de l’enseignement technique, Albert œuvre pour la transformation de l’école pratique en école nationale professionnelle et pour la construction de bâtiments adaptés. Il dépose en 1922 un brevet pour un système de remontage automatique des poids du mouvement, adaptable aux horloges existantes. Lui succèdera en 1946 son fils Georges, qui devra fermer l’entreprise en 1964 (il deviendra alors professeur au lycée Victor Bérard). L’usine sera démolie en 1989.

La plaquette éditée pour les manifestations organisées à Morez du 16 au 20 juin 1933 – l’inauguration officielle de l’école et le 6e Congrès des Opticiens de France - présente l’horloge et en détaille les caractéristiques :
« Sonneries [:] Quarts à 3 coups sur cloches Si, Do dièse, Fa dièse [et] Heures sans répétition sur cloche Si » ;« Remontage automatique système Albert Odobey, breveté S.G.D.G. – Cylindres, roues premières, vis sans fin et tous les mobiles des sonneries et du mouvement montés sur roulements à billes. – Echappement à force constante. – Balancier tige Invar. – Volants silencieux. – Dispositif automatique d’injection d’huile dans les carters de remontage. – Engrenages à développante. – Taillage par génération. »

Historique


L'horloge a été fabriquée et installée en 1933 par la société Louis-Delphin Odobey Cadet. Etablie à Morez en 1858, celle-ci a sa fabrique aux n° 5 et 6 quai de l'Hôpital, actuel quai Jobez (fermée en 1964, l'usine sera détruite en 1989). L'horloge a été donnée par son directeur Albert Odobey (1876-1946) qui, en tant qu'inspecteur départemental de l'Enseignement technique, a oeuvré pour la transformation de l'Ecole pratique de Commerce et d'Industrie en Ecole nationale d'Optique. Elle fait appel à deux moteurs électriques de la société lyonnaise Julien & Mège (22 boulevard des Hirondelles) et à trois cloches de la fonderie Paccard, d'Annecy (fondée en 1796 à Quintal, en Haute-Savoie, puis déplacée à Annecy-le-Vieux vers 1855). Auparavant abritée par un édicule en béton implanté sur le toit terrasse, elle a été transférée dans l'étage de comble lors de la surélévation du bâtiment en 1954.
Période(s)
Principale :
  • 2e quart 20e siècle
Date(s)
1933
Auteur(s) & personnalité(s)

Fondeur de cloches. Fonderie d'Annecy (fondée en 1796 à Quintal, en Haute-Savoie, puis déplacée à Annecy-le-Vieux vers 1855).

Description


Protégé par une caisse en chêne, partiellement vitrée et s'ouvrant sur l'avant, le mouvement à poids, balancier (en acier avec une lentille de 25 cm de diamètre) et échappement à ancre, est supporté par un bâti en acier et en fonte (aux extrémités), boulonné, reposant sur deux traverses en bois, partie intégrante de la caisse. Ses engrenages et transmissions sont en acier et en bronze ou en laiton et il présente la caractéristique d'utiliser des roulements à billes pour certains axes. Le remontage de la sonnerie (système à râteau) des heures (à gauche) et de celle des quarts d'heure (à droite) s'effectue à l'aide de deux moteurs électriques, d'un quart de cheval chacun. Le mouvement est relié à un petit cadran de contrôle émaillé blanc, fixé sur le bâti métallique, et, à l'aide d'un mécanisme de renvoi d'angle par engrenages (visible sur le haut de la caisse) et d'une longue tige métallique, au cadran extérieur. Ornant la façade du bâtiment de l'enseignement (B), carré, ce dernier est en béton et porté par un grand chariot métallique (dont les roues sont guidées par deux rails) afin de pouvoir être reculé dans le comble pour les opérations de maintenance et nettoyage. Trois cloches de dimensions différentes, sonnant les heures, les demis et les quarts, sont fixées à une poutre métallique au-dessus de la caisse.
Catégories :
  • horlogerie

Source(s) documentaire(s)

  • Fonds Paul Guadet 079 IFA 129-136 et 200 Dossiers et plans concernant l'Ecole nationale professionnelle d'Optique de Morez
    Fonds Paul Guadet 079 IFA 129-136 et 200 Dossiers et plans concernant l'Ecole nationale professionnelle d'Optique de Morez
    Lieu de conservation : Cité de l'architecture et du patrimoine, Centre d'archives d'architecture du XXe siècle - Cote du document : 079 IFA 129-136 et 200
  • Horloge de l’Ecole Nationale Professionnelle Victor Bérard offerte par M. Albert Odobey, Inspecteur départemental de l’Enseignement technique (Etabts L. D. Odobey-Cadet, à Morez), 1933
    Horloge de l’Ecole Nationale Professionnelle Victor Bérard offerte par M. Albert Odobey, Inspecteur départemental de l’Enseignement technique (Etabts L. D. Odobey-Cadet, à Morez), gravure, par E. Thomas, s.d. [1933]. Publiée dans : Inauguration Officielle de l’Ecole Nationale Victor Bérard et 6e Congrès des Opticiens de France à Morez-du-Jura. 16-20 juin 1933. - S.l. : s.n., 1933, p. 12.
    Lieu de conservation : Archives du lycée polyvalent Victor Bérard, Morez
  • 8. Ecole nationale de Lunetterie de Morez (Jura). Façade de l’internat, Façade de l’enseignement [et] Façade d’entrée, 25 juillet 1927
    8. Ecole nationale de Lunetterie de Morez (Jura). Façade de l’internat, Façade de l’enseignement [et] Façade d’entrée, dessin sur calque (plume), par Paul Guadet, 25 juillet 1927, échelle 1:200, 81 x 63 cm.
    Lieu de conservation : Cité de l'architecture et du patrimoine, Centre d'archives d'architecture du XXe siècle - Cote du document : 079 IFA Tiroir 5
  • 16. Ecole nationale de Lunetterie de Morez (Jura). Bâtiment de l’enseignement, 12 mars 1929
    16. Ecole nationale de Lunetterie de Morez (Jura). Bâtiment de l’enseignement, dessin sur calque (plume), par Paul Guadet, 12 mars 1929, échelle 1:50, 107 x 74 cm. (Tiroir 5)
    Lieu de conservation : Cité de l'architecture et du patrimoine, Centre d'archives d'architecture du XXe siècle - Cote du document : 079 IFA Tiroir 5
  • [Vue d'ensemble des bâtiments, depuis le sud-ouest], début des années 1950 (avant 1954)
    [Vue d'ensemble des bâtiments, depuis le sud-ouest], photographie, par Jules Manias (?), s.d. [début des années 1950, avant 1954], plaque de verre 13 x 18 cm.
    Lieu de conservation : Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire et Patrimoine, Besançon - Cote du document : Fonds Manias
  • Monot, Philippe. Louis-Delphin Odobey Cadet. Morez (Jura) - 1858 - 1964, 11 décembre 2010
    Monot, Philippe. Louis-Delphin Odobey Cadet. Morez (Jura) - 1858 - 1964. - 11 décembre 2010. Document accessible sur internet : http://www.horloge-edifice.fr/Horlogers/Odobey_Louis-Delphin.htm
  • L’inauguration à Morez de l’Ecole Nationale Victor Bérard, 1er juillet 1933
    L’inauguration à Morez de l’Ecole Nationale Victor Bérard. In La France horlogère, 32e année, n° 13, 1er juillet 1933.

Informations complémentaires


Description extraite de : L’inauguration à Morez [...] In La France horlogère, 1er juillet 1933, p. 34.

« Mais il faut réserver une mention toute particulière à l’horloge de L. D. Odobez-Cadet, généreusement offerte à l’Ecole par M. Albert Odobez. Chaque rouage a reçu, de l’ingéniosité de son constructeur, un perfectionnement rigoureusement personnel, qui confère à l’ensemble du modèle un caractère unique et inédit : dispositif d’échappement à force constante procurant aux aiguilles la rigidité nécessaire, balancier à tige Invar, assurant l’indépendance des oscillations à l’égard des variations atmosphériques, volant silencieux monté sur billes et sur rampe hélicoïdale, plus discret que le volant à cliquet courant ; dispositif automatique d’injection d’huile dans les carters de remontage et taillage par génération de chaque rouage, garantie de rapidité dans l’exécution et de précision dans le fonctionnement. Un ingénieux dispositif de contact à bascule assure le remontage automatique du mécanisme de sonnerie, lequel se communique au mouvement des aiguilles à chaque quart d’heure, ce qui évite des déroulements infinis et contribue à réduire la dimension du modèle.
M. H. Ducos s’arrêta longuement devant cette horloge et félicita M. Albert Odobez de son travail et de sa générosité. »

Hippolyte Ducos a été sous-secrétaire d’Etat à l’Enseignement technique du 3 juin 1932 au 31 janvier 1933 puis à l’Education nationale de cette date au 26 octobre 1933.

Plaque émaillée (vissée en façade de la caisse en bois) : Horloge offerte par Mr Albert Odobey Industriel Constructeur / Ets L.D. Odobey Cadet / Installée en juin 1933

Cadran de contrôle (émaillé) : L.D. Odobey Cadet / Morez-du-Jura

Plaque signalétique du moteur de gauche (remontage de la sonnerie des heures) : Julien & Mege / 22, Bd des Hirondelles / Lyon // Moteurs électriques / Electro-Ventilateurs / Electro-Pompes // Type F2 N° 90173 HP 1/4 / Volts 120 208 ≈ 50 Vitesse 1360

Plaque signalétique du moteur de droite (remontage de la sonnerie des quarts d’heure) : Julien & Mege / 22, Bd des Hirondelles / Lyon // Moteurs électriques / Electro-Ventilateurs / Electro-Pompes // Type F2 N° 90175 HP 1/4 / Volts 120 208 [Périodes] 50 Vitesse 1360

Les moteurs portent en outre les initiales JM et leur numéro (90173 ou 90175) gravé.

Inscriptions (fondues) sur les cloches :
- Fonderie Paccard Annecy
- Don de Albert Odobey / 1933
- [un n° :] 58 [sur la cloche de gauche], 59 [cloche centrale] ou 60 [cloche de droite]
Thématiques :
  • lycées publics de Franche-Comté
Aire d’étude et canton : Morez
Dénomination : horloge d'édifice
Parties constituantes non étudiées :
  • moteur électrique alternatif monophasé
  • cloche
Carte interactive
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