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MAISON ET USINE D'HORLOGERIE (USINE DE RÉGLAGE DES ORGANES RÉGLANTS DE LA MONTRE) REMONAY PUIS DE LA SOMIAS

25 - Grand'Combe-Châteleu

Le Pont de la Roche

  • Dossier IA25001676 réalisé en 2016 revu en 2017
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Maison et usine, depuis le sud-est. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Emile Remonay (1890-1973), comptable, fait construire vers 1925-1926 sa maison au Pont de la Roche (commune des Combes jusqu'en 1958, de Grand'Combe-Châteleu par la suite). Formé à Morteau, son fils Pierre (1923-2011) est un horloger complet, employé par la société Camille Mercier comme sa femme Ginette Binétruy, fille de l'horloger rhabilleur Paul Binétruy. Pierre et Ginette s'établissent à leur compte vers 1945, lui comme fabricant de montres avec la marque Châteleu et elle comme régleuse. Pierre débute, vers 1948 ou 1949 et avec deux personnes, le réglage : assemblage du balancier et du spiral et réglage de la fréquence d'oscillation du système réglant obtenu. Il transfère assez rapidement son atelier de l'étage carré de la maison familiale dans un local aménagé au-dessus du poulailler (et par la suite transformé en garage). La demande est forte si bien que son affaire prend de l'ampleur et qu'il emploie en 1960 une soixantaine de personnes. Il fait donc agrandir l'atelier, par le maçon Robert Barassi (de Grand'Combe-Châteleu), une première fois en 1961 (date portée sur le sol de l'entrée) avec ajout au nord-est de garages (dont une partie servira un temps de cantine), la société ayant un bus pour le ramassage des ouvriers. Nouvelle extension par le même en 1967 (jusqu'aux garages), doublant en outre le bâtiment en profondeur. Lorsque son frère Claude (1925-1998) le rejoint, en 1966 ou 1967, Pierre fonde la SA Remonay, au capital de 432 000 F. Il mécanise et automatise le montage, achetant des machines en Suisse, et privilégie rapidité, qualité et précision. Devenu leader national dans son domaine, la société compte des clients importants comme France Ebauches (représentant à terme la moitié de son chiffre d'affaires), Lorsa et Lip en France, PUW (Pforzheimer Uhren-Rohwerke) et Durowe (Deutsche Uhren-Rohwerke) en Allemagne (Pforzheim, Bade-Wurtemberg), mais aussi dans le Haut-Doubs des clients plus modestes tels Jacques Renaud-Bezot ou Cupillard à Villers-le-Lac, Joseph Jeambrun à Maîche, Michel Herbelin, Léon-Georges Petit à Charquemont... Ces clients lui fournissent généralement les balanciers (provenant de l'usine Frésard de Charquemont) et elle achète les spiraux qu'elle monte (aux entreprises Spiraux français à Besançon, Phi à Annemasse, etc.).
Pour s'écarter de la frontière et éviter le départ de son personnel pour la Suisse, elle ouvre des ateliers dans d'autres communes : à Vuillafans de 1965 à 1972 environ (une dizaine de personnes), à Arc-sous-Cicon de 1967 à 1971 environ (une vingtaine de personnes) et à Annemasse. Si l'entreprise compte 90 personnes à l'usine en 1970, elles sont 225 en 1978, soit 110 à l'usine et le reste à domicile. Cette année correspond à son apogée, tant en terme de personnel que de chiffre d'affaires et de production (plus de 600 000 réglages par mois). Elle profite de l'automatisation engagée depuis quelques années, avec notamment en 1973 le soudage au laser du spirale sur la virole (technique inventée par le Suisse Gekatronic, à La Chaux-de-Fonds, et permettant de passer des 250 à 300 sertissages à l'heure réalisés avec les viroles Greiner à 450 soudages dans le même laps de temps). La société est toutefois confrontée l'année suivante (1979) à une crise brutale née de l'arrivée sur le marché des montres à quartz et elle n'emploie plus qu'une cinquantaine de personnes lorsqu'elle dépose son bilan en septembre 1980. Bernard Fraichot, un gendre de Pierre Remonay, crée avec ce dernier la Somias (Société de Micro-Assemblages) afin de poursuivre l'activité. Forte d'une quarantaine de personnes, cette entreprise est structurée en trois branches : le réglage, pour France Ebauches (à Valdahon), Marcel Monnot (aux Ecorces), etc. ; la sous-traitance pour la société Maty (SFM ou Société de Fabrication Maty), de Besançon : découpage de métaux précieux, soudage, gravure, etc. ; le traitement de surface (laquage), également pour Maty via Reparalux (la Société de Développement de l'Horlogerie - ou SDH - et divers fabricants de boîtes sont d'ailleurs actionnaires de la société car intéressés par cette branche). Son parc comporte des machines automatiques - 5 pour le micro-usinage (équilibrage des balanciers), 4 pour l'assemblage, 2 pour le réglage (Class'o'matic de la société Greiner, aujourd'hui Greiner Vibrograf à Langenthal, canton de Berne, Suisse) -, semi-automatiques (pour le sertissage), 4 appareils de micro-soudage laser, 15 (avec binoculaires) pour le collage des micro-pièces, 5 machines à compter électroniques, divers appareils de contrôle (projecteur de profil, comparateur au 1/1 000e), etc. Elle ferme en 1987 alors qu'elle compte 25 personnes. La branche réglage est alors acquise par Monnot, la sous-traitance par Maty (qui la transfère à Besançon) tandis que le traitement de surface est repris par deux employés (Gilbert Bez et Michel Guinchard) qui se mettent à leur compte et fondent la société Aplilaque (ou Applilaque), rue de l'Helvétie à Morteau. L'usine (à l'exception de l'atelier d'origine) et les garages sont par la suite vendus à un particulier qui, vers 1990, transforme la première en immeuble.
Période(s)
Principale :
  • 2e quart 20e siècle
  • 3e quart 20e siècle
Date(s)
1961 : porte la date
Auteur(s) & personnalité(s)

Description


La maison a des murs en moellons calcaires enduits et un toit à longs pans, demi-croupes et tuiles mécaniques. Comptant sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, étage carré et étage en surcroît, elle est desservie par un escalier dans-oeuvre tournant à retours en béton. L'usine, dont les murs sont en parpaings de béton enduits (avec essentage de tôles à l'est), a un sous-sol partiel (à l'est) ; elle comporte sur la moitié de sa profondeur (façade antérieure, au sud) un étage carré coiffé par un toit en appentis et sur l'autre moitié un étage carré et un étage en surcroît, coiffés par un autre appentis. Ces appentis sont essentiellement en acier (il y a du ciment amiante sur le corps d'origine). Les garages au nord-est sont en pan de bois essenté de planches, avec toit à un pan.
Murs :
  • calcaire
  • béton
  • bois
  • moellon
  • parpaing de béton
  • pan de bois
  • enduit
  • enduit
  • essentage de tôle
  • essentage de planches
Toit :
  • tuile mécanique
  • acier en couverture
  • ciment amiante en couverture
Etages :
  • sous-sol
  • rez-de-chaussée surélevé
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
Typologie :
  • baie d'atelier
Energie utilisée :
  • énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

  • Plaquette publicitaire de la Somias, 1982
    Plaquette publicitaire de la Somias, 1982
    Lieu de conservation : Collection particulière : Bernard Fraichot, Grand'Combe-Châteleu
  • [La maison d'Emile Remonay en construction], vers 1925-1926
    [La maison d'Emile Remonay en construction], photographie (copie), s.n., s.d. [vers 1925-1926]
    Lieu de conservation : Collection particulière : Bernard Fraichot, Grand'Combe-Châteleu
  • [L'usine Remonay entre 1961 et 1967]
    [L'usine Remonay entre 1961 et 1967], photographie, s.n.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Bernard Fraichot, Grand'Combe-Châteleu
  • [Vue aérienne du site vers 1974-1975]
    [Vue aérienne du site vers 1974-1975], photographie, s.n.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Bernard Fraichot, Grand'Combe-Châteleu
  • [Intérieur des ateliers et machines de la Somias], 1982
    [Intérieur des ateliers et machines de la Somias], photographies imprimées, s.n., s.d. [1982]. Publiées dans une plaquette publicitaire de 1982.
    Lieu de conservation : Collection particulière : Bernard Fraichot, Grand'Combe-Châteleu
  • Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques
    Guichard, Jean-Marie. Recherches généalogiques. Accessibles en ligne sur le site de Geneanet : http://gw.geneanet.org/
  • Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs, 1982-1987.
    Courtieu, Jean (dir.). Dictionnaire des communes du département du Doubs. - Besançon : Cêtre, 1982-1987. 6 t., 3566 p. : ill. ; 24 cm.
  • Fraichot Bernard (témoignage oral)
    Fraichot Bernard, gendre de Pierre Remonay, dirigeant de la Somias, à Grand'Combe-Châteleu. A commencé sa carrière chez Marcel Jacquet.

Informations complémentaires


Plaquette publicitaire de la Somias, 1982 (Collection particulière : Bernard Fraichot, Grand'Combe-Châteleu).
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : maison, usine d'horlogerie
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • atelier de réparation
  • bureau
  • bureau d'études
  • cantine
  • vestiaire d'usine
  • logement
  • poulailler
  • rucher
  • jardin potager
  • stationnement
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