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FERME ET ATELIER D'HORLOGERIE DE LOUIS ET LÉON FEUVRIER PUIS DE ROBERT BESSOT

25 - Charquemont

  • Dossier IA25001234 réalisé en 2013 revu en 2014
  • Auteur(s) : Laurent Poupard
Un immeuble de 1892 : atelier d'horlogerie de Louis et Léon Feuvrier puis de Robert Bessot (16 Grande Rue). © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Un premier bâtiment, appartenant à François Xavier Guillaume "le Vieux", est attesté sur le plan cadastral de 1811. Détruit par un incendie, il est rebâti en 1892 (date portée) pour Louis et Léon Feuvrier. Léon, qui en demeure seul propriétaire en 1919 (il est alors dit négociant à Maîche), est un horloger très habile : il est l'auteur d'un cylindre réputé être parmi les plus petits (voire le plus petit) jamais fabriqués. Selon la tradition locale, cette pièce aurait été commandée avant 1914 par la maison Chatelain-Corneille (établie au 28 Grande Rue) pour réaliser l'échappement à cylindre d'une montre destinée, via le fabricant suisse Paul Distisheim, à l'impératrice d'Autriche ; minuscule (2,3 mm de diamètre), la roue de cet échappement serait l'oeuvre de Lucien Galliot (demeurant 10 rue de l'Eglise).
Le bâtiment passe en 1924 à Paul Bessot (1873-1964), marié en 1902 avec Constance Frésard et associé depuis 1911 avec ses beaux-frères Constant, Victorin et Joseph au sein de la société Frésard Frères et Bessot (occupant les locaux de l'entreprise de leur père Aster Frésard, au 6 rue des Lilas). Paul fonde en 1937 avec ses fils André (né en 1903) et Robert (né en 1904), rejoints ensuite par Paul fils (né en 1912), la société Bessot-Frésard avec atelier de fabrication dans sa maison du 14 rue des Lilas et siège social dans l'usine Guillaume (au 15 Grande Rue). Ses trois fils se séparent en 1954 et la propriété du 16 Grande Rue passe à Paul fils (marié à Blanche Fierobe en 1936) et Robert (marié en 1928 à Gabrielle Chatelain, soeur de Marc dont la fabrique de montres est établie dans l'hôtel du Lion d'Or). Le premier y fabrique des montres sous la marque Diane et le second y a son atelier de réglage des balanciers spiraux (qui fermera au milieu des années 1960), où il travaille en famille avec son épouse et sa fille. Il a aussi un fils, également prénommé Robert, qui, après avoir fait son apprentissage auprès de son oncle Marc Chatelain, travaille chez Michel Herbelin puis chez Marguet / Myon et Cie à Damprichard (il sera maire de 1977 à 1995).
Par la suite est attesté sur place l'atelier de rhabillage du gendre de Robert, Marcel Boulogne (marié à sa fille Jeanne). De nombreuses autres familles y sont locataires à un moment ou un autre, notamment Eugène Chapuis (qui bâtira au 16 rue du Château) et les Jeannoutot : les parents d'Ulysse, Blanche (mariée à Léonat Erard qui partira, avec Ulysse, s'établir fabricant d'échappements à Besançon), Georges, etc. L'ancienne ferme n'abrite plus d'activité productive.
Période(s)
Principale :
  • 4e quart 19e siècle
Date(s)
1892 : porte la date

Description


La ferme et sa dépendance (au sud) ont des murs en moellons calcaires enduits et un toit à longs pans, pignons couverts et couverture en tuiles mécaniques. Elle compte un sous-sol, un étage en surcroît et un étage de comble, desservis par un escalier dans-oeuvre. Elles'inscrit dans la pente si bien que l'accès à la porte située dans l'angle oriental (dont le linteau porte la date 1892) s'effectue via un escalier extérieur droit en maçonnerie, et que l'étage carré est accessible par un pont de grange (rampe d'accès) sur la façade postérieure. A l'exception de cette dernière, les autres façades présentent des fenêtres horlogères à chaque niveau. Les bûchers font appel au pan de bois avec essentage de planches (sur une base en moellons calcaires enduits pour le plus à l'ouest) et aux tuiles mécaniques (associées aux tuiles plates sur le toit à croupe de celui au nord).
Murs :
  • calcaire
  • bois
  • moellon
  • pan de bois
  • enduit
  • essentage de planches
Toit :
  • tuile mécanique
  • tuile plate
Etages :
  • sous-sol
  • 1 étage carré
  • étage en surcroît
  • étage de comble
Elévation :
  • élévation à travées
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre,
  • escalier de distribution extérieur, escalier droit, en maçonnerie
Autre :
  • rampe d'accès
Typologie :
  • baie horlogère

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963
    3 P 128 Cadastre de la commune de Charquemont, 1812-1963- 3 P 128/1 : Registre des états de sections (1812)- 3 P 128/2-3 : Matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties [1823-1906]- 3 P 128/5 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1910)- 3 P 128/8-9 : Matrice cadastrale des propriétés bâties (1911-1963)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 128
  • 41. - Charquemont. - Grande Rue, limite 19e siècle 20e siècle
    41. - Charquemont. - Grande Rue, carte postale, par la Veuve Sandoz, s.d. [limite 19e siècle 20e siècle], Veuve Sandoz éd. à Charquemont. Publié dans : Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard. - 1991, p. 110.
  • Charquemont (Doubs). 11059 - Vue aérienne [depuis l'ouest], entre 1950 et 1955
    Charquemont (Doubs). 11059 - Vue aérienne [depuis l'ouest], carte postale, s.n., s.d. [entre 1950 et 1955], Éditions aériennes Cim, Combier impr. à Macon
    Lieu de conservation : Collection particulière : Jacques Donzé, Charquemont
  • Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au XIXe siècle, 1984
    Belmont, Henry-Louis. L'échappement à cylindre (1720-1950) : le Haut-Doubs, centre mondial au 19e siècle. - Besançon : Technicmédia, 1984. 328 p. : ill. ; 28 cm.
  • Guillaume, Charles-Edouard. Montre minuscule, 1899
    Guillaume, Charles-Edouard. Montre minuscule. La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 27e année, 1899 (1er semestre), p. 162. Voir en annexeDocument accessible sur internet : http://cnum.cnam.fr/CGI/gpage.cgi?p1=162&p3=4KY28.52%2F100%2F532%2F0%2F0
  • Monnet, Bruno ; Sichler, Guy. Charquemont, Fournet-Blancheroche, 1770-1890, 2012
    Monnet, Bruno ; Sichler, Guy. Charquemont, Fournet-Blancheroche, 1770-1890. - [S.l.] : Association Pages d'histoire, 2012. 435 p. : ill. ; 30 cm.
  • Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, 1991
    Vuillet, Bernard. Entre Doubs et Dessoubre. Tome III. Autour de Charquemont et Damprichard, d'après la collection de cartes postales de Georges Caille. - Les Gras : B. Vuillet, Villers-le-Lac : G. Caille, 1991. 243 p. : cartes postales ; 31 cm.
  • Bessot Jean (témoignage oral)
    Bessot Jean, fils d'André Bessot, horloger et décolleteur. Charquemont
  • Donzé Jacques (témoignage oral)
    Donzé Jacques, ancien horloger, historien de Charquemont

Informations complémentaires


Guillaume, Charles-Edouard. Montre minuscule. La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 27e année, 1899 (1er semestre), p. 162.

Nous ne pensons point être démenti en affirmant que la montre exécutée par M. Paul Ditisheim, horloger à La Chaux-de-Fonds, détient jusqu'ici le record de la petitesse, et constitue une merveille que beaucoup d'horlogers eussent considérée comme irréa1isable.
Cette montre a un calibre de trois lignes, c'est-à-dire que le diamètre extérieur du mouvement est de trois lignes pied de roi, ou de 6,75 mm. Le mouvement entier pèse 95 centigrammes. Chaque pièce de la montre est un chef-d'œuvre d'habileté. La roue d'échappement, par exemple, pèse trois quarts de milligramme. Le spiral, dont le diamètre est de 1,78 mm, ne pèse qu'un dixième de milligramme. Le diamètre extérieur du cylindre est de 0,35 mm et son épaisseur de 0,03 mm. Le balancier, bien que son diamètre soit de 3,57 mm, pèse 1,75 mg. Il fait 18 152 oscillations à l'heure, et un point de son pourtour parcourt près de 3 kilomètres par jour.
Tout cela serait déjà fort beau si la montre était un simple modèle réduit dont la construction eut été simplement destinée à mettre à l’épreuve l'habileté de plusieurs maîtres de la miniature. Mais ce qui est plus extraordinaire, c'est que la montre marche, et peut, lorsqu'elle est fraîchement nettoyée et pourvue d'huiles neuves, faire ses 28 heures sans être remontée. Dès que l'huile s'épaissit, la durée de marche baisse, descend jusqu'à 15 ou 16 heures, et tandis que le ressort serait encore susceptible de donner au balancier ses impulsions, celui-ci, trop fortement amorti par le frottement, n'a plus l'amplitude suffisante pour laisser passer la roue d'échappement.
Nous retrouvons ici l'éternelle guerre des carrés et des cubes, l'énergie du ressort étant proportionnelle au cube qu'il peut remplir dans le barillet, tandis que les surfaces frottantes ne diminuent qu'avec le carré des dimensions. De plus, les forces capillaires, insignifiantes dans les dimensions considérables, deviennent prépondérantes dans les organismes minuscules.
Au-dessous d'une certaine dimension, la marche d'une montre serait théoriquement impossible. La montre trois lignes de M. Paul Ditisheim n'est peut-être pas très éloignée de la limite théorique.
Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays horloger (le)
Complément de localisation :
  • anciennement région de Franche-Comté
Dénomination : ferme, atelier
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • logement
  • fenil
  • bûcher
  • citerne
  • dépendance
  • jardin
Carte interactive
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