DEMEURE 1 RUE DE DUEZ DITE CHÂTEAU RANCE, PUIS COLLÈGE

70 - Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin

1 rue de Duez

  • Dossier IA70001057 réalisé en 2018
  • Auteur(s) : Fabien Dufoulon
Façade sur l'ancien jardin, vue de trois-quarts gauche. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique


Le site est déjà occupé par une maison et une cour dans le plan du cadastre ancien dit napoléonien (1836). L'état de section (1839) précise qu'elles appartiennent à Claude Marie Thérèse Voillard, tout comme l'ensemble des terres situées entre la rivière de la Sauce et la rue de Duez. La maison est démolie en grande partie au milieu du 19e siècle. La partie nord de l'édifice actuel, très vraisemblablement une ancienne grange, est un vestige de cette première maison. L’agrafe de l'arc de la porte cochère porte encore la date de 1753. En 1852, le terrain est acquis par Louis Charles Henry Maistre, procureur impérial à Vesoul, puis conseiller à la Cour d'appel de Besançon, membre du Conseil général de Haute-Saône pendant le Second Empire. Il fait construire une nouvelle maison à l'emplacement de la précédente en 1855. De cette nouvelle demeure subsiste le corps à cinq travées qui forme la partie centrale de l'édifice actuel. En 1887, la demeure est acquise par Marie-Suzanne dite Malcy Rance, qui lui donne son nom ("Château Rance"). Elle modifie sans doute sa distribution, avec notamment l'aménagement de la cage d'escalier qui pourrait dater de la fin du 19e siècle, et l’agrandit avec la construction d'un nouveau corps, à l'extrémité sud de l'édifice existant, du côté de la rue du Pont de la Balance, en 1907. Après sa mort en 1933, la demeure passe en usufruit à Pierre-Paul Rance qui y vit jusqu'à sa mort en 1947.
Le Château Rance est acheté par la Croix-Rouge française en 1947 pour un montant total de 3.600.000 francs. Il est loué aux Anciens Combattants, puis accueille temporairement des colonies de vacances et un collège d'enseignement technique de jeunes filles. Le collège s'installe dans l'ancienne demeure, acquise par la commune pour un montant total de 5.000.000 francs en 1958. Quelques années plus tard, la construction d'un nouveau bâtiment de type "Pailleron" permet d'accueillir les classes de collégiens ; il est inauguré en 1966. L'établissement est la propriété d'un syndicat intercommunal depuis 1972. Il accueille aujourd'hui les élèves des secteurs de Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin et de Port-sur-Saône. Le rez-de-chaussée du Château Rance abrite le foyer des élèves ainsi que deux salles d'études. Les étages sont occupés par des appartements en location à des particuliers.
Période(s)
Principale :
  • 3e quart 18e siècle
  • 3e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
Secondaire :
  • 4e quart 19e siècle
Date(s)
1753 : porte la date
1855 : daté par source
1907 : daté par source
Auteur(s) & personnalité(s)

Procureur impérial à Vesoul, puis conseiller à la Cour d'appel de Besançon ; il est également membre du Conseil général de Haute-Saône pendant tout le Second Empire.

Date de naissance : 1847 - date de décès : 1933

<span style="font-weight:bold;">Marie-Suzanne (dite Malcy) </span>appartient à une famille du village de Scey-sur-Saône, qu'elle quitte pour aller travailler au Bon Marché à Paris ; elle y est chef de comptoir. Elle profite de la politique de participation aux bénéfices des employés du magasin mise en place par Marguerite Boucicaut, veuve d'Aristide Boucicaut, qui crée la S.C.S. Société Veuve Bouciaut et Compagnie (en 1880) qui devient la Société Civile du Bon Marché (en 1886). C'est très vraisemblablement grâce aux bénéfices de la société qu'elle peut acquérir la <a href="/dossiers-inventaire/demeure-ndeg1-rue-de-duez-dite-chateau-rance-puis-college">maison n°1 de la rue de Duez</a>, où elle réside avec <span style="font-weight:bold;">Pierre-Paul Rance</span>. Elle est l'une des bienfaitrices du village, et finance par exemple un partie du <a href="/dossiers-inventaire/monument-aux-morts-de-la-premiere-guerre-mondiale">monument aux morts de la Première Guerre mondiale de l'église</a>. Elle meurt sans enfant en 1933.

Description


L'édifice est construit en moellons de calcaire recouverts d'enduit ; les encadrements de la plupart des baies sont en pierre de taille. Il est composé de trois corps de bâtiment alignés selon un axe approximativement nord-sud. Le corps nord est couvert d'un toit à longs pans en tuiles mécaniques, le corps central d'un toit à longs pans en ardoises et le corps sud d'un toit à longs pans et à croupe en ardoises surmonté d'une crête et des deux épis de faîtage en métal. L'édifice consiste en une demeure disposée en fond de cour antérieure, fermée du côté de la rue de Duez (côté est) par un mur percé d'un portail au fond d'une demi-lune ; cette cour est par ailleurs délimitée, du côté nord, par une arcade couverte d'un arc en plein cintre avec archivolte et agrafe, et du côté sud, par un muret surmonté d'une grille et percé d'un portail. La façade postérieure de la demeure (côté ouest) donnait à l'origine sur un jardin, aujourd'hui cour du collège.
Le corps nord est un ancien bâtiment agricole, ouvert d'une porte charretière couverte d'un arc en plein cintre sur les façades est et ouest. Le volume intérieur sous charpente en bois apparente a été en partie cloisonné afin d'aménager des ateliers ; la baie à encadrement de brique surmontée d'un arc segmentaire côté ouest date de ces aménagements tardifs. Le corps central, à vocation d'habitation, s'élève sur deux niveaux (rez-de-chaussée et étage carré) avec un comble à surcroît. Le corps sud, également à vocation d'habitation, s'élève sur trois niveaux (rez-de-chaussée, deux étages carrés) avec un comble à surcroît doté de lucarnes. Trois lucarnes sont en pierre avec baie couverte d'un arc segmentaire (travées centrales des trois façades) ; deux lucarnes sont des œils-de-bœuf couverts de zinc (travées latérales de la façade sud). Les façades du corps central et du corps sud sont ordonnancées. Elles sont toutefois indépendantes l'une de l'autre, séparées par un mur de refend qui marque un décalage dans l'alignement des étages. Toutes les baies sont couvertes d'un arc segmentaire ; le traitement des encadrements est cependant différent : la présence de moulures accentue la modénature de l'étage et de la travée centrale des trois élévations du corps sud. Les trumeaux des étages de ce dernier sont par ailleurs décorés de moulures dessinant des rectangles verticaux aux angles abattus. L'ajout de ce décor dans les trumeaux encadrant la baie centrale de l'étage du corps central, plus ancien, contribue à unifier visuellement l'ensemble de l'élévation.
La distribution originelle de la partie réservée à l'habitation (corps central et corps sud) a quasiment entièrement disparu. Seul subsiste au centre du rez-de-chaussée du corps central un vestibule auquel on accède depuis l'extérieur par la porte protégée par une marquise donnant sur la cour antérieure. Le fond du vestibule est occupé par un escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie. L'escalier dessert aujourd'hui les étages aussi bien du corps central que du corps sud, mais on peut imaginer qu'un autre escalier (détruit) existait dans ce dernier. Le premier étage du corps sud est doté de cinq portes-fenêtres donnant sur des balcons à balustrades sur consoles ; un sixième balcon, du même type, a été ajouté au centre de la façade ouest du corps central. Le rez-de-chaussée de la façade ouest du corps central, donnant à l'origine sur le jardin, est agrémenté d'une longue marquise sur toute sa longueur.
Murs :
  • calcaire
  • moellon
  • enduit
Toit :
  • ardoise
  • tuile mécanique
Plan :
  • plan rectangulaire régulier
Etages :
  • rez-de-chaussée
  • 2 étages carrés
  • comble à surcroît
Couvrement :
  • charpente en bois apparente
Elévation :
  • élévation ordonnancée
Escalier :
  • escalier dans-oeuvre escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
Typologie :
  • maison de notable
  • maison avec escalier principal dans vestibule
  • maison avec escalier principal dans-oeuvre et couloir
  • maison en fond de cour antérieure
  • baie avec arc segmentaire
Décors :
  • ferronnerie
  • sculpture

Source(s) documentaire(s)

  • Archives départementales de la Haute-Saône. Cadastre de la commune de Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin. [1836-1954].
    Archives départementales de la Haute-Saône. Cadastre de la commune de Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin. [1836-1954].- Atlas parcellaire (1836)- État de section (1839) : 3 P 230- Matrices cadastrales (1839-1914) : 3 P 1593 (folio de 1 à 580), 3 P 1594 (folio 581 à 1140), 3 P 1595 (folio 1141 à 1718), 3 P 1596 (folio 1719 à 2214), 3 P 1597 (folio 2215 à 2355)- Matrice cadastrale des propriétés bâties (1882-1914) : 3 P 2437- Matrice cadastrale dite "noire" des propriétés bâties (1911-1954) : 3 P 4650- Matrices cadastrales dites "noires" des propriétés non bâties (1914-1954) : 3 P 4645 , 3 P 4646 (folio 1 à 600), 3 P 4647 (folio 601 à 1200), 3 P 4648 (folio 1201 à 1798), 3 P 4649 (folio 1793à 1924)
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul
  • Scey-sur-Saône (Haute-Saône). Villa. [carte postale]. [s.d.].
    Scey-sur-Saône (Haute-Saône). Villa. [carte postale]. Scey-sur-Saône : Jeunet, [s.d.].
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 11 Fi 482-13
  • Sponem, Elie. Un canton de Franche-Comté. 1998.
    Sponem, Elie. Un canton de Franche-Comté. [Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin] : E. Sponem, 1998. 306 p.
  • Christian Billet (témoignage oral)
    Christian Billet (témoignage oral). 2018.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • val de Saône
Aire d’étude et canton : Val de Saône
Dénomination : demeure
Parties constituantes non étudiées :
  • cour
  • jardin
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