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TISSAGE ET FILATURE DE COTON MÉQUILLET-NOBLOT ET CIE, PUIS ANCIENS ETS MÉQUILLET-NOBLOT ET CIE, ACTUELLEMENT CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE

25 - Colombier-Fontaine

La Champagnole - Filature - rue de la Filature

  • Dossier IA25001041 réalisé en 2012 revu en 2013
  • Auteur(s) : Raphaël Favereaux
Atelier de tissage depuis l'écluse. © Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine

Historique

Le moulin Rayot

En 1856, la société Méquillet-Noblot et Cie, établie à Héricourt (70), acquiert le moulin Rayot situé sur la rive gauche du Doubs, afin d’y établir une usine textile. Vraisemblablement établi à l’extrême fin du 18e siècle, le moulin comprend en 1823 une ribe (meules de broyage pour fibres textiles ou matières oléagineuses) et deux paires de meules, actionnées par 3 roues hydrauliques. Propriété du sieur Bourlier, son régime hydraulique avait été fixé par une ordonnance royale le 23 mai 1843.

La croissance de l'usine

Après son acquisition, le moulin est détruit et laisse place à un atelier de tissage de coton, achevé en 1861. Dotée d’un nouveau barrage et mise en jeu par cinq turbines, l’usine dispose d’une nouvelle réglementation hydraulique validée par le décret du 19 septembre 1859. Elle est complétée par un atelier de filature, construit à l’est du tissage et terminé en 1866. Vers 1870, les ateliers de fabrication, desservis par 220 ouvriers, sont équipés de 14 000 broches de filature et 250 métiers mécaniques. Dès 1865, les industriels sont autorisés à effectuer une prise d’eau dans le canal du Rhône au Rhin afin d’alimenter une chaudière à vapeur. En 1875, une nouvelle autorisation permet de fournir l’eau à un générateur à vapeur nécessaire au chauffage des ateliers. Une construction, désignée comme "réfectoire" sur un plan, est bâtie au sud du site en 1877. Daté de cette même année, ce plan atteste la présence d’un "gazomètre" (usine à gaz), vraisemblablement destiné à l’éclairage des ateliers.
Les ateliers de tissage et de filature sont agrandis en 1878-1879, date à laquelle est construite une loge de portier à l’est du tissage. En 1883, la filature emploie 65 hommes, 22 femmes, 17 filles mineures et 25 enfants, et le tissage emploie 38 hommes, 50 femmes, 33 filles mineures et 9 enfants. Le régime hydraulique est de nouveau modifié selon le décret du 1er février 1893 ; il autorise les usiniers à installer des hausses mobiles sur le barrage pour accroître la chute d’eau. Une salle pour machine à vapeur et sa cheminée sont bâties au nord de l’atelier de tissage vers 1894. La matrice cadastrale signale la construction d’un réfectoire et d’une buanderie sur la parcelle 44, respectivement en 1897 et 1900, bien qu’aucun plan n’atteste ces bâtiments sur ladite parcelle.
L’atelier de filature, équipé de 20 métiers continus à filer, est détruit par un incendie en septembre 1906. L’année suivante, la matrice cadastrale signale la démolition de la chaudière et de la cheminée, la construction du « bâtiment de la machine à vapeur » et l’agrandissement de la filature (sa reconstruction), de la carderie et du tissage. La date « 1907 » et les initiales « MNC » figurent sur le pignon oriental de la salle des machines. La filature est remise en service à l’été 1907. Peu après, l’usine à gaz est supprimée. En 1912, la prise d’eau du canal du Rhône au Rhin est déplacée, toujours pour alimenter les chaudières de la machine à vapeur. L’usine est dotée d’un nouveau transformateur électrique en 1917, et le bâtiment des turbines est agrandi en 1925, équipé de nouveaux moteurs hydrauliques. Parallèlement, dans la décennie 1920, les continus à filer sont remplacés par du matériel moderne, de marque SACM (Société Alsacienne de Constructions Mécaniques) et NSC (Nicolas Schlumberger et Cie). Le matériel de préparation (battage du coton) est renouvelé en 1928, vraisemblablement dans un bâtiment construit en 1926, mentionné comme « réception des tissus » sur la matrice cadastrale. Quarante métiers à tisser automatiques sont installés en 1929. En 1935, 46 nouveaux métiers sont mis en place, très certainement dans l’ancien atelier de réparation et de menuiserie, situé dans le prolongement nord de la filature.
L’atelier de filature est équipé d’une centrale de climatisation vers 1952. L’usine textile, qui emploie encore 140 ouvriers en 1965, ferme ses portes en 1971. L’atelier du tissage, propriété communale, est désaffecté et la filature, partiellement détruite, est occupée par une casse automobile depuis le début des années 1980. La centrale hydroélectrique est toujours en service.

Une politique du logement

Une habitation, réservée au directeur, est construite de l’autre côté du chemin en 1861. Cette même année, un logement ouvrier de type "caserne", à 8 appartements, est achevé de l’autre côté du canal, le long du chemin de halage, sur la commune d’Etouvans (IA25001042). Une habitation du même type est inaugurée en 1866, au sud de la première, mais sur la commune de Colombier-Fontaine. Enfin, une petite cité ouvrière de 6 maisons à deux logements jumelés voit le jour en 1876-1877 sur la commune d’Etouvans, au nord de la caserne de 1861. En août 1894, la société Méquillet-Noblot et Cie demande l’autorisation de construire une passerelle sur le Doubs pour faciliter le passage d’une quarantaine de ses ouvriers en provenance du village de Lougres. Bâtie entre 1896 et 1898, la passerelle remplace le bac qui avait été autorisé par l’arrêté préfectoral du 1er février 1865. Une demeure patronale est construite au nord-est du site en 1902-1903, et la première habitation, construite en 1861, est convertie en logement d’ouvriers. Une petite cité ouvrière est construite en 1927-1928 par les Anciens Ets Méquillet-Noblot et Cie sur la commune de Lougres (IA25001038). Composée de 4 maisons jumelées, elle est située au bord du Doubs, non loin de la passerelle métallique desservant l’usine en amont.

Éléments d'histoire sociale

Modifié en 1899, la raison sociale de la société en nom collectif devient « Les successeurs de Méquillet-Noblot et Cie », avant d’être converti en 1907 en société anonyme sous l’appellation « Anciens Ets Méquillet-Noblot et Cie ». L’année 1899 correspond à la création de la chambre syndicale des ouvriers textiles des usines de Colombier-Fontaine, qui regroupe alors 152 membres, et qui sera dissoute en 1912. L’effectif de l’usine, qui comptait 232 ouvriers en 1912, n’est plus que 127 employés en 1926.
Période(s)
Principale :
  • 3e quart 19e siècle
Secondaire :
  • 4e quart 19e siècle
  • 1er quart 20e siècle
  • 2e quart 20e siècle
Date(s)
1861 : daté par source
1866 : daté par source
1877 : daté par source
1894 : daté par source
1897 : daté par source
1900 : daté par source
1903 : daté par source
1907 : daté par source
1917 : daté par source
1925 : daté par source
1926 : daté par source

Description


Les bâtiments industriels sont disposés le long de la rive gauche du Doubs. A l’exception du transformateur bâti en béton armé et parpaing de béton, ils sont construits en moellon de calcaire enduit, et couvert de toits à longs pans ou de sheds. L’atelier de tissage est pourvu d’un étage carré alors que celui de la filature est en rez-de-chaussée. Le bâtiment d’eau est construit sur le Doubs, perpendiculairement aux ateliers. Également construits en moellon de calcaire enduit, le réfectoire et le logement d’ouvriers sont pourvus d’un étage carré, et couverts d’un toit à longs pans. Le logement patronal possède un sous-sol, un étage carré et un étage en surcroît, et est couvert d’un toit en ardoise. Un cartouche placé sur le pignon de la salle des machines est frappé d’une étoile surmontée de la date 1907 et des initiales MNC.
Murs :
  • calcaire
  • béton
  • moellon
  • parpaing de béton
  • enduit
  • enduit
Toit :
  • tuile mécanique
  • ardoise
Etages :
  • 1 étage carré
  • sous-sol
  • étage en surcroît
Energie utilisée :
  • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
  • énergie thermique produite sur place
  • énergie électrique achetée

Source(s) documentaire(s)

  • 3 P 160/2-3 Matrice des propriétés bâties XIXe siècle
    Matrice des propriétés bâties 19e siècle
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 160/2-3
  • 3 P 160/4 Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
    Matrice des propriétés bâties (1882-1910)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 160/4
  • 3 P 160/7 Matrice des propriétés bâties (1911-1938)
    Matrice des propriétés bâties (1911-1938)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 P 160/7
  • M 2371 Enquêtes sur les industries principales (1883)
    Archives départementales du Doubs, Besançon : M 2371 Enquêtes sur les industries principales (1883)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 2371
  • M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    M 3044 Travail et main d’œuvre, 1926-1930
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3044
  • M 3085 Travail et main d’œuvre (1912)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, M 3085 Travail et main d’œuvre (1912)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : M 3085
  • 3 S 1663 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Prise d’eau et usines (1874-1934)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 S 1663 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Prise d’eau et usines (1874-1934)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 S 1663
  • 3 S 1664 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Prise d’eau et usines (1819-1949)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 S 1664 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Prise d’eau et usines (1819-1949)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 S 1664
  • 3 S 306 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Travaux mixtes (1894-1896)
    Archives départementales du Doubs, Besançon, 3 S 306 Navigation intérieure. Canal du Rhône au Rhin. Travaux mixtes (1894-1896)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 3 S 306
  • 7 S 42 Colombier–Fontaine (an V-1919)
    7 S 42 Colombier–Fontaine (an V-1919)
    Lieu de conservation : Archives départementales du Doubs, Besançon - Cote du document : 7 S 42
  • 150e anniversaire de la société Méquillet-Noblot et Cie à Héricourt (1802-1952), 1953.
    150e anniversaire de la société Méquillet-Noblot et Cie à Héricourt (1802-1952), 1953, 38 p.
    Lieu de conservation : Archives départementales de la Haute-Saône, Vesoul - Cote du document : 18 J 6
  • Fohlen, Claude. Une affaire de famille au XIXe siècle : Méquillet-Noblot, 1955.
    Fohlen, Claude. Une affaire de famille au 19e siècle : Méquillet-Noblot. - Paris : A. Colin, 1955, 142 p.
  • Gagnieux Alain. Étrangers de chez nous : l'immigration dans le Doubs et à Colombier-Fontaine, 1850-1950. - [Besançon] : Service éducatif des Archives départementales du Doubs : Conseil général du Doubs, 2008, 167 p.
    Gagnieux Alain. Étrangers de chez nous : l'immigration dans le Doubs et à Colombier-Fontaine, 1850-1950. - [Besançon] : Service éducatif des Archives départementales du Doubs : Conseil général du Doubs, 2008, 167 p.
  • Gilliote, Claude. Héricourt : l’aventure textile. L’âge d’or des entreprises (1885-1930). S.l. : s.n. [l’auteur], 2011.
    Gilliote, Claude. Héricourt : l’aventure textile. L’âge d’or des entreprises (1885-1930). S.l. : s.n. [l’auteur], 2011.

Informations complémentaires

Thématiques :
  • patrimoine industriel du Doubs
Aire d’étude et canton : Pays de Montbéliard (le)
Hydrographie : Doubs
Dénomination : tissage, filature
Parties constituantes non étudiées :
  • atelier de fabrication
  • magasin industriel
  • bâtiment d'eau
  • transformateur
  • cantine
  • logement d'ouvriers
  • logement patronal
  • atelier de réparation
  • salle des machines
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